Le compte à rebours approche pour la Grèce qui doit au mois de mars prochain rembourser 14 milliards de sa colossale dette publique.
Sans le versement de l’aide promise par la Troïka (Commission européenne, Banque centrale européenne et le FMI), la Grèce fera défaut.
Pour le moment, les Grecs ont accepté les conditions imposées par la Troïka et ont décidé de réduire leurs dépenses publiques en échange du versement de cette aide. Dans le même temps, l’Institut de la finance internationale (qui représente les détenteurs privés de la dette grecque) a accepté de faire une croix sur 70% de la valeur de cette dette.
Quel est donc le problème qui subsiste ?
Eh bien, malgré le nouveau plan adopté par le Parlement grec le week-end dernier, il manque encore plus de 300 millions dans les caisses…
De plus, tout reste suspendu à la décision des ministres des Finances de l’Eurozone qui, s’ils estimaient ne pas pouvoir faire confiance à la Grèce, pourraient opposer leur veto au versement des quelques 130 milliards attendus par Athènes.
Si tel était le cas, le défaut de la Grèce serait rapide et il s’en suivrait une probable sortie de l’euro.
La mauvaise nouvelle, c’est qu’à mesure que le temps passe, tout sauvetage devienne une cause perdue.
Voilà trois raisons qui montrent que le sauvetage de la Grèce peut échouer.
- Raison n°1 : Le peuple grec est exténué
La réduction des dépenses publiques ont épuisé les Grecs. Le dernier plan d’austérité a mis le peuple d’Athènes dans les rues. Ils en veulent tout particulièrement à la chancelière allemande Angela Merkel. Les deux plus grands syndicats du pays ont appelé à une grève nationale indéterminée. Cela risque de rendre la situation intenable pour le gouvernement de Lucas Papademos. Si les collecteurs d’impôts décidaient de suivre l’appel des syndicats comme ce fut le cas plusieurs fois en 2011, il serait impossible à la Grèce de tenir ses objectifs de rigueur. Et de ramener son déficit sous contrôle.
En outre, jusqu’à présent, les principaux partis politiques ont réussi à maintenir leur unité face à ces différents plans d’austérité exigés. Ils ont soutenu ces plans tous ensemble, en sachant que tous ce serait là des mesures impopulaires.
Mais l’approche des élections a vu bon nombre de dirigeants politiques grecs prendre petit à petit leurs distances vis-à-vis de ces mesures. Beaucoup se sont érigés contre ce nouveau plan néanmoins adopté par le Parlement dimanche dernier.
George Karatzaferis par exemple, chef de file de l’un des partis de la coalition, a déclaré qu’il “ne tolèrera pas que son pays soit ridiculisé”.
- Raison n°2 : les porteurs d’obligations peuvent encore opposer leur véto
Un autre obstacle majeur réside dans le fait d’obtenir l’accord de suffisamment de porteurs d’obligations. Bien que l’Institut de la finance internationale représente des entreprises détenant environ 65% de la dette grecque, il a besoin de l’accord de 95% d’entre elles.
Le Fonds européen de stabilité financière (FESF) pourrait éventuellement tenter de contourner cette exigence en achetant les obligations de ces détenteurs puis en les échangeant avec le gouvernement grec contre des obligations de la nouvelle dette. Pour autant, si une minorité de porteurs bloquait ce processus en refusant de vendre, le FESF serait contraint d’augmenter le prix de rachat.
- Raison n°3 : les prêteurs pourraient se retirer
Au même titre que le peuple grec ou que les porteurs d’obligation, Bruxelles ou Berlin pourraient devenir frileux concernant un nouveau prêt à la Grèce. Le cauchemar de l’Union européenne et surtout d’Angela Merkel serait que la Grèce accepte le plan d’austérité, réussisse à convaincre les détenteurs d’obligations, obtienne alors le versement de l’aide prévue, puis se rétracte de ses mesures de rigueur.
Comme un analyste le résumait il y a quelques jours : “la Grèce a fait des promesses avant et a omis de s’y tenir. Qui garantit que cela ne se reproduira pas aujourd’hui ?”
Donc, même si tout se déroulait selon le plan établi par l’Union européenne… le danger serait loin d’être écarté.
Déjà le Portugal, l’Italie ou l’Irlande tentent de négocier un accord de ce type, et il n’est pas difficile de comprendre pourquoi. Après tout pourquoi l’Italie devrait-elle endurer une cascade de réformes d’austérité ou l’Irlande supporter un taux de chômage proche de 15%, si la Grèce est aidée par l’Europe et les détenteurs d’obligations ?
Quoiqu’il se passe, l’Europe est donc dans de sales draps
Même si l’accord est trouvé avec les créanciers privés, l’Europe, le FMI, la Banque centrale européenne et que les différents partis grecs n’explosent pas en vol, il y a des forts risques de voir la Grèce faire tout de même faillite.
Les perspectives économiques de la zone euro dans son ensemble ne sont guère réjouissantes. La banque britannique Standard Chartered estime que lors du quatrième trimestre 2011, tous les membres — y compris l’Allemagne — sont entrés en récession.
Il est difficile de faire accepter l’austérité lorsque les populations souffrent. Simone Wapler a d’ailleurs fait l’état des lieux concernant les finances de l’Etat français. Et il n’y a pas de bonnes nouvelles. Nous pourrions expérimenter, dans les mois à venir, un drame à la mesure de celui qui se déroule actuellement à Athènes…