« Le Bitcoin, expliquait Steve Schear à Bitcoin Magazine cette semaine, est déjà une alternative viable aux monnaies nationales et aux systèmes bancaires réglementés dans des pays où la banque centrale est faible, où les politiques monétaires sont abusives ou les conditions économiques mauvaises. »
Steve Schear, au cas où vous ne le connaissez pas, est l’un des premiers cypherpunks.
Les cypherpunks, si vous ne les connaissez pas non plus, sont des activistes qui pensent que les technologies cryptographiques sont capables de forcer des changements sociaux et politiques et de rendre le monde plus libre, plus équitable et plus prospère. Le mouvement cypherpunk a été lancé dans les années 1980 : les activistes communiquaient alors via une « liste de diffusion » devenue aujourd’hui légendaire dans le monde virtuel.
À une question sur l’évolution du mouvement cypherpunk, Schear répondait :
« Je pense qu’il a mûri : une bonne partie de nos thèses sont aujourd’hui généralisées, du domaine du sens commun. Nos grands discours enflammés des débuts sur les opérations sous faux pavillons mises en place par le gouvernement et la surveillance organisée par les agences de renseignement ne sont plus aujourd’hui considérés comme les égarements d’un groupe de déments, grâce à Wikileaks, aux médias alternatifs et aux documents cachés de Snowden. »
C’est donc par ces groupes libertaires/cryptonautes que le Bitcoin a été conçu.
Et, à y regarder de plus près, le mouvement a beaucoup progressé depuis l’époque des coupes mulet, d’Earth Wind and Fire et des jogging fluos…
Cette semaine, comme vous le savez peut-être, le Bitcoin a franchi une étape clé dans sa maturité en tant que monnaie numérique : son cours a dépassé celui de l’or.
Les fanatiques du métal se grattent la barbe, ceux du Bitcoin sont très contents de leur succès. Ils vous l’avaient bien dit ; ils avaient raison depuis le début !
Brian Kelly, sur CNBC, s’est rangé du côté du Bitcoin, alors que Peter Schiff, bien sûr, reste stoïque, comme à son habitude dans le camp de l’or, et considère le Bitcoin comme le dernier jouet à la mode dans la cour de récré.
« Je trouve que parier sur le Bitcoin est une évidence, explique Kelly. Le Bitcoin, ce n’est pas que de l’or numérique. Je pense que c’est ce que beaucoup de gens ne comprennent pas. C’est une plateforme sur laquelle repose toute la technologie financière. C’est une occasion d’investissement telle que l’on n’en voit qu’une fois par génération, comme Internet, et qui connaît une croissance tout aussi rapide, voire plus rapide encore. C’est l’Internet de l’argent. Je ne suis pas le seul à le dire. Tout le monde est impliqué – la Réserve Fédérale vient de publier un article à ce sujet, et organise des groupes de travail. La Banque d’Angleterre est impliquée aussi, quatorze des trente plus grandes banques ont des projets en cours. JP Morgan, Goldman Sachs, CME, et NYSE sont tous impliqués en ce moment même dans des travaux qui reposent sur cette technologie. »
« Je suis d’accord avec vous : ce n’est pas de l’or numérique, réplique Schiff. C’est de l’or des fous. Le Bitcoin est aujourd’hui le dernier jouet à la mode dans la cour de récré. L’idée même du Bitcoin, c’est de répliquer les propriétés qui font de l’or une monnaie aussi pratique et une alternative aux monnaies fiduciaires. Mais il n’est pas vraiment viable en tant que monnaie – c’est un moyen d’échange potentiel, certes, mais ce n’est pas une méthode de stockage de valeur. En attendant, personne ne l’utilise vraiment comme moyen d’échange : ce n’est qu’un actif spéculatif. Les gens en achètent parce qu’ils pensent que leur valeur se renforcera à l’avenir, mais ils n’ont pas de valeur intrinsèque. »
Et le débat se poursuit, toujours plus acharné.
Au final, quoi qu’en disent les experts, c’est bien M. le Marché qui décidera si le Bitcoin est à la hauteur de nos attentes ou si, comme l’affirme Schiff, il finira par passer de mode, comme les cartes Pokémon et les Tamagochis.
Le cours de l’or baisse, celui du Bitcoin augmente toujours plus, et nous sommes entre le marteau et l’interface. Devrions-nous profiter de la baisse récente du coût du métal de Midas ? Devrions-nous nous préparer à une correction majeure du Bitcoin ? Ou plutôt accumuler les joujoux à la mode en attendant la décision de l’ETF Winklevoss le 11 mars ?
Qu’en pensez-vous ? Or ? Bitcoin ? Autre chose encore ?
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