Hier, je vous ai laissé sur cette énigme : pourquoi une entreprise, qui fait faillite et qui a annoncé que son action ne valait plus rien, peut rapporter gros à ceux qui achètent après l’annonce de la faillite ? [Pour retrouver la première partie de cet article, cliquez ici.]
Voilà l’explication : ce qui est rationnel et ce qui est réel sont deux choses totalement différentes.
Lorsque vous constatez que le rationnel et le réel divergent, c’est comme si vous étiez témoin d’une anomalie dans la construction du monde. Non seulement en Bourse mais aussi dans tous les domaines de la vie.
En général, beaucoup de gens sont déjà au courant lorsqu’une action déclare faillite. Ils ont même investi en fonction. Ils ont vendu à découvert ABC dans l’espoir que le titre chuterait.
Une fois que les actions ont chuté et qu’ils ont fait un profit, ils rachètent l’action afin de récupérer leur argent. C’est ainsi que fonctionne la vente à découvert.
En d’autres termes, une fois que l’action a déclaré faillite, le jeu est terminé pour beaucoup de traders. Ils rachètent alors le titre, généralement des millions d’actions, ce qui fait hausser son cours. Et l’action est déjà si basse, il est très probable que tous les vendeurs potentiels ont déjà vendu.
C’était là un autre schéma que j’ai découvert grâce à mon logiciel.
En 2008, j’en ai encore trouvé d’autres. Tout le monde perdait de l’argent. J’étais au bord du gouffre.
J’étais en train de divorcer.
Mon logiciel a trouvé un nouveau schéma.
Schéma :
A) Le marché boursier canadien est en hausse pendant deux jours d’affilée.
B) Le marché boursier américain BAISSE pendant deux jours d’affilée.
C) VENDEZ À DÉCOUVERT un ETF sur la Bourse canadienne, ACHETEZ un ETF sur le S&P 500 (c’est-à-dire vendez le Canada, achetez les US).
J’ai trouvé des schémas similaires entre la Nouvelle-Zélande et le Canada, l’Australie et le Japon, l’Australie et les États-Unis, les États-Unis et le Royaume-Uni, le Brésil et l’Europe.
Cette fois encore, mes schémas m’ont sauvé la vie.
Je suis tombé sur un de mes amis qui parie sur les chevaux. Nous avons échangé nos techniques. « Je fais quelque chose qui ressemble à ça, me dit-il. J’ai des données telles que les chevaux qui sont dans les courses, les conditions de la piste, les courses précédentes, etc. À partir de là, je prends les paris à forte probabilité. »
Il gère également un hedge fund de cette manière. Son hedge fund enregistre des bénéfices annuels entre 30 et 50 millions de dollars.
Les gens sont toujours craintifs. Et ils sont toujours cupides. Dans tous les domaines de la vie : marchés, chevaux, relations amoureuses, élections.
Souvent, très souvent, voire chaque jour, ils prennent des décisions irrationnelles à cause de cette peur ou de cette cupidité.
Cela peut concerner un titre (si Microsoft baisse quatre jours d’affilée après un compte de résultats) ou le marché (comme les schémas ci-dessus).
Certains schémas ne durent pas très longtemps, juste quelques jours ou quelques semaines. Mais d’autres durent éternellement. C’est sur ceux-là que j’essaie de me concentrer.
Cette stratégie, qui se base sur l’utilisation d’un logiciel et des techniques d’intelligence artificielle, m’a sauvé la vie ces vingt dernières années. Grâce à elle, j’ai gagné de l’argent et j’ai créé des entreprises.
Aujourd’hui, l’environnement est beaucoup plus confus, beaucoup plus chaotique.
Et les hedge funds qui gèrent des milliards de dollars sont obligés de trouver des comportements irrationnels seulement dans de super grandes opportunités avant d’y investir des milliards de dollars en un jour.
Le logiciel que j’ai développé tire profit de ces grands fonds et des biais qu’ils codent dans leurs algorithmes. Ils sont obligés d’ignorer les opportunités moins importantes, plus agiles, plus rentables.
En 2003, j’ai partagé mon logiciel avec un petit groupe d’amis. Chaque matin, ils étudiaient les schémas sur le marché et m’envoyaient ce qu’ils pensaient être le meilleur trade.
Je faisais alors mes propres analyses et leur disais quel trade je faisais en me basant sur le logiciel.
Au lieu de créer un hedge fund ou de day trader pour une grosse société, je voulais partager le logiciel d’une autre façon.
Je ne veux pas créer un hedge fund.
Le trading devrait vous libérer de votre bureau, des angoisses, du stress de surveiller la moindre hausse ou la moindre baisse sur le marché.
Je voulais avoir le logiciel de trading du futur, celui qui me dit quoi faire lorsque je me lève le matin. J’exécute le trade puis je peux continuer à vivre ma vie.
Je l’ai donc développé.
***
Il était 14h32, le 6 mai 2010.
Mille milliards de dollars disparurent en quelques minutes.
Je ne pouvais pas le croire. Je regardais le marché. Je regardais mon compte en banque. Je pensais faire une crise cardiaque.
Mais. Qu’est-ce. Qui. Se. Passe ?
J’ai passé un coup de fil et je pense m’être mis à pleurer.
Des années plus tard, ce moment est entré dans l’histoire sous le nom du Flash Crash de 2010.
Pour moi, c’était juste un mardi comme un autre.
Huit ans plus tôt, j’avais vu les marchés exploser. Je me suis comporté de manière irrationnelle comme tout le monde et j’ai tout perdu.
Après le Flash Crash de mai 2010, j’en savais plus.
J’étais haussier sur les marchés US, je le suis encore. Au moins jusqu’en 2020. Après ça, qui vivra verra.
Soit on se moquait de moi soit on me détestait. Or j’étais très sensible.
Des chaînes d’infos comme CNBC et Fox Business aimaient bien m’exhiber afin de pouvoir se moquer de moi lorsque je disais des choses du genre : « Le Dow va atteindre les 20 000. » (Il est aujourd’hui à 26 970.)
Au lieu de devenir irrationnel comme je l’avais été auparavant, j’ai considéré le Flash Crash du 6 mai pour ce que c’était.
Si l’on étudie un graphique de ce jour-là, on peut voir une grande tendance. Le tracé baisse puis remonte fortement. On ne peut pas alors s’empêcher de se poser cette question : « Mais qu’a-t-il bien pu se passer ici ? Quelqu’un a-t-il commis une erreur ? Un ordinateur a-t-il eu un bug ? »
La réponse est oui. Tout ça à la fois.
L’algorithme d’un day trader n’a cessé d’entrer de faux ordres pour faire chuter le marché. Une autre société d’investissement a accidentellement placé un ordre de vente massif – un « fat finger » (une « erreur de frappe »). Les traders de Wall Street et les algorithmes ont réagi de manière extravagante.
Vu de l’extérieur, c’était comme être témoin d’une déchirure dans le tissu du marché. Provoquée par des biais et un comportement irrationnel.
Parce qu’une fois que le marché a commencé sa chute, tout le monde a paniqué et s’est mis à vendre. Une véritable spirale infernale.
Quelques semaines plus tard, alors que le marché continuait encore à connaître de fortes secousses (tout le monde craignait un autre flash crash), j’ai écrit que les actions reviendraient bientôt à un plus haut. Achetez, achetez, achetez.
Les gens me prenaient pour un dingue. C’est à ce moment que ma mère m’a appelé et ma demandé : « Cesse de sourire bêtement à la télé. » Mais c’est plus fort que moi, je souris lorsque je suis nerveux.
Voici ce que je sais : il y a un fossé énorme entre le rationnel et le réel.
J’ai toujours besoin de me rappeler cela. Je ne suis pas plus intelligent que le marché. Et je ne suis pas plus intelligent que le logiciel que j’utilise pour modéliser avec succès le marché.
Ceux qui auraient acheté quelque chose d’aussi simple qu’un fonds indiciel lorsque je le conseillais auraient triplé leur investissement aujourd’hui. Ils n’auraient pas vu passer une seule journée dans le négatif.
Je ne dis pas cela pour me vanter (parce que j’étais mort de peur de le dire à la télé). Je veux juste bien faire comprendre ceci :
- si vous pouvez repérer une anomalie sur le marché lorsqu’elle a lieu, vous pouvez gagner de l’argent en un tour de main ;
- les anomalies de marché ont pour origine un comportement irrationnel.
Par conséquent :
- recherchez des schémas de comportement irrationnel et vous serez capable de repérer les anomalies au moment même où elles surviennent et vous pourrez gagner de l’argent grâce à elles. Recherchez-les dans les titres individuels, ce sont eux qui deviennent le plus irrationnels de tous.