Je déteste acheter des maisons. Il y a beaucoup de choses que je ne « déteste » pas. Mais j’ai perdu des millions de dollars dans l’achat de maisons.
Le stress est intolérable lorsque vous avez besoin de vendre. Et vous n’avez pas d’argent lorsque vous en avez besoin.
C’est une prison. La jolie clôture blanche en constitue les barreaux. La banque en est le gardien. Et le besoin de protéger sa famille vous laisse dans un isolement cellulaire composé de culpabilité, d’angoisse et de stress.
Je ne donnerai pas ici toutes mes raisons. Googlisez « Altucher » et « être propriétaire de sa maison ». J’ai déjà beaucoup écrit sur le sujet. Puis quelqu’un a écrit en réfutant mes arguments et j’y ai répondu, etc., etc.
MAIS, certaines personnes DOIVENT simplement posséder des maisons. Je ne vais plus débattre avec elles. Tout le monde veut savoir : est-ce MAINTENANT le bon moment ?
Elles ont de bonnes raisons :
- ils veulent des racines ;
- ils veulent avoir un jardin pour les enfants (d’une certaine manière, un jardin coûte un versement initial de 100 000 dollars et d’énormes taux d’intérêt) ;
- ils veulent un endroit où ils SAVENT qu’ils pourront rester 20 ans (même si, en moyenne, les Américains achètent une nouvelle maison tous les cinq ans) ;
- ils adorent le quartier et ils n’y trouvent rien à louer ;
- ils pensent que c’est un investissement ;
- c’est le « rêve américain ».
Blablabla.
Très bien. Achetez une maison.
N’oubliez jamais que vous êtes manipulé par les banques, par les campagnes de marketing, par Fannie Mae [NDR : surnom de la Federal National Mortgage Association, société par action créée par le gouvernement dans le but d’augmenter la liquidité du marché des prêts hypothécaires] (qui est contrôlée par l’État), par votre employeur (qui n’a pas envie que vous soyez mobile), par les gouvernements (qui adorent savoir où se trouvent tous vos actifs lorsqu’ils ont besoin de les saisir), etc. Tant que vous en êtes conscient, alors vous êtes prêt à lire ce que je vais écrire ci-après.
Mais s’il vous plaît, avant de prendre la décision d’acheter, étudiez au moins ma checklist. Si et seulement si vous répondez oui à tous les critères, acheter sera peut-être le bon choix pour vous.
A) VOUS ADOREZ LES WC
Ou en parler. Ou discuter avec des personnes qui les adorent.
Pour plein de raisons, je déteste être celui qui vous l’apprend – mais vous perdez vos cheveux. Et des touffes de cheveux vont s’introduire dans vos tuyaux. Et alors vos toilettes ne fonctionneront plus. Et lorsque vos invités auront terminé leur commission, les toilettes déborderont, et tout se répandra par terre.
Cela arrivera. Bonne chance.
B) VOUS AIMEZ HOME DEPOT
C’est si génial comme magasin : des allées vides qui s’étendent à l’infini et où on ne trouve jamais personne pour vous renseigner.
C’est comme une Étoile de la mort abandonnée. Où sont passés tous les Stormtroopers ? Y a-t-il quelqu’un qui puisse me dire où se trouvent les climatiseurs ? Et les insecticides ? Et les pelles ? J’ai besoin d’une pelle. TOUT DE SUITE ! Mais il n’y a jamais personne.
C) VOUS ÊTES INCAPABLE DE FAIRE UNE ADDITION
Ça ne pose pas problème. Beaucoup de gens ne savent pas faire une addition simple.
J’en fais partie (j’ai perdu des millions).
Voyons quel est le véritable coût de votre maison.
ACHETER = versement initial + montant du prêt + tous les paiements d’intérêts + tous les impôts (qui ne peuvent être calculés puisqu’ils augmenteront de manière inattendue) + tout l’entretien (qui lui aussi ne peut être calculé) + le temps que vous auriez pu éviter de perdre.
LOUER = Tous vos loyers additionnés MOINS ce que vous gagneriez à acheter des obligations avec l’argent que vous auriez utilisé pour un versement initial.
Comparez les deux. Lequel coûte le plus ? Ne faites pas le choix du plus élevé.
On appelle cela le « rêve américain » car il faut être endormi pour y croire.
On pourrait argumenter que je pourrais aussi SOUSTRAIRE l’argent gagné grâce à la hausse de la valeur de la maison. Mais cette somme est quasiment imprévisible et, de toute façon, les gens utilisent cet argent pour acheter la maison suivante.
Les prix de l’immobilier dans plusieurs régions des États-Unis sont encore bas par rapport à ce qu’ils étaient il y a dix ans. Alors qui sait ? Et l’immobilier n’a pas augmenté plus rapidement que l’inflation au cours des 100 dernières années.
Vous croyez en l’immobilier comme investissement ? Alors louez votre maison et, avec ce qui aurait été votre versement initial, faites un emprunt et achetez des actions de REIT (Real Estate Investment Trusts) sur le marché boursier.
C’est liquide, vous pouvez les vendre quand vous voulez, quelle que soit la situation économique. Par conséquent, si vous croyez réellement que l’immobilier va monter (si vous êtes un prophète envoyé par Dieu et savez cela alors que personne d’autre ne le sait), alors vous pouvez louer et placer tout votre argent multiplié par deux dans des REIT.
Par conséquent, « l’immobilier est un bon investissement » n’est jamais vraiment un bon argument. À moins que…
D) POUR VOUS, LA MORT, L’ENDETTEMENT ET LE DIVORCE SONT UNE BONNE CHOSE LORSQUE CELA ARRIVE AUX AUTRES
Il n’y a aucun moyen de prédire si l’immobilier va monter ou baisser. Vous devez donc avoir de votre côté la mort, l’endettement ou le divorce. Ce sont grosso modo les SEULES manières de vous assurer que vous faites une meilleure affaire que les autres.
Si les maisons d’un quartier se vendent pour 400 000 dollars, alors vous devez vous assurer que vous ne payez pas plus que 200 000-250 000 dollars.
C’est ce qu’on appelle « bien investir ». Bien investir n’est pas prédire le futur, mais faire une bonne affaire. C’est là un concept important, peu importe dans quoi vous investissez ; or c’est le concept que tout le monde oublie.
Vous faites une bonne affaire lorsque quelqu’un meurt (et que ses enfants ne veulent pas gérer la maison).
Vous faites une bonne affaire lorsque deux personnes divorcent (et qu’elles ont besoin de vendre rapidement leur maison, peu importe le prix).
Et vous faites une bonne affaire lorsqu’une personne s’est trop endettée (et, par exemple, qu’elle fait l’objet d’une procédure de saisie).
C’est tout. Parfois, vous faites une bonne affaire lorsqu’une personne doit déménager pour le travail mais de nos jours, ceci est généralement lié à l’endettement.
N’achetez pas de maison si ce n’est pas une bonne affaire, même si vous êtes convaincu que vous y vivrez 30 ans (n’oubliez pas : vous ne pouvez pas prédire l’avenir).
En fait, vous n’avez pas besoin de faire une bonne affaire si…
E) VOUS AVEZ BEAUCOUP DE CASH
Si vous achetez une maison, ayez 4x la somme de l’emprunt en cash sur votre compte en banque.
Ça semble beaucoup, n’est-ce pas ? Pourquoi alors ne pas simplement acheter la maison comptant ?
Parce qu’alors vous pourriez vous retrouver à court d’argent. En particulier s’il y a une récession économique prolongée (à nouveau, c’est imprévisible mais pourquoi tenter le diable scénario lorsque cela n’est pas nécessaire ?).
Je ne pense pas qu’il y aura une grande crise économique. Mais pourquoi risquer votre vie ?
Les pires scénarios sont trop effrayants ! Vous pourriez mourir !
Le cash est une belle chose. Avoir du cash sur votre compte bancaire vous aide à garder votre calme lorsque tout le monde autour de vous se suicide.
Traitez bien votre cash et il vous traitera bien. Ne le gaspillez pas dans un versement initial pour l’achat d’une maison.
Voilà, c’était ma checklist.
Je suppose que vous faites déjà toutes les autres choses, que vous soyez locataire ou que vous achetiez : rechercher de bonnes écoles, vivre dans un quartier agréable, etc.
Ceci n’est pas un article contre ceux qui souhaitent acheter une maison. Je respecte le fait que beaucoup de gens veulent posséder une maison, quelle qu’en soit la raison.
Ceci n’est que MA checklist.
Mon but ici est que vous restiez sain d’esprit, ainsi vous pourrez porter votre intérêt sur d’autres choses dans votre vie.
Suivez cette checklist et, que vous louiez ou achetiez, vous préserverez suffisamment de votre santé mentale pour être capable d’être créatif et d’explorer le monde.
Soyez un explorateur, pas un prisonnier.