Vous résistez encore à la vague de l’économie collaborative ? Vous avez tort. Quoi que vous fassiez, vous ne passerez pas à côté… Même si vous êtes un propriétaire bailleur patenté et disons-le plutôt vieille France.
Un fait de société incontournable
En effet, la baisse du pouvoir d’achat de nombreux locataires, mais aussi la pénurie de biens sur certains marchés, incitent ces derniers à choisir de partager un même appartement. « Pour certains, il s’agit aussi d’éviter l’isolement, bénéficier d’un plus grand espace de vie, faire de nouvelles rencontres, partager les tâches du quotidien ou les repas, découvrir d’autres modes de vie », précise Richard Horbette, fondateur de locservices.fr.
La colocation fait donc une véritable montée en puissance invitant des sites de location directe entre particuliers à se développer sur ce créneau. C’est le cas de locservice.fr. « Il y a quelques années encore, les demandes pour la colocation restaient marginales et concernaient principalement les étudiants. Ce n’est plus seulement le cas aujourd’hui« , justifie Richard Horbette.
Des situations parfois apocalyptiques
Mais la colocation ne se résume pas à l’expérience humaine fabuleuse et particulièrement « instructive » décrite dans le film L’Auberge Espagnole. Même si les rencontres sont au rendez-vous, les ruptures — et pas seulement sentimentales, comme celles filmées… — ne sont pas à ignorer. Les tensions peuvent conduire à l’implosion, implosion que le propriétaire devra gérer seul.
Or ces situations apocalyptiques — parfois cocasses — sont loin d’être rares. Les spécialistes de la gestion locative le confirment. L’un d’eux me rapportait le cas d’un propriétaire ayant accepté de louer sa maison à quatre étudiantes « sérieuses » d’une école renommée. Un mois et demi après la signature du bail, il reçoit un mail de deux de ces locataires :
« Lors d’une soirée alcoolisée organisée par les occupantes du second étage, la porte de ma chambre a été cassée d’un coup de pied et mes shampooings vidés dans la baignoire. Je dépose une main courante au commissariat et vous informe que je quitte le logement avec ma voisine d’étage ».
Le propriétaire qui n’avait pas envisagé une telle situation n’avait donc pas pris de précautions particulières et s’est vu contraint de louer le logement à la moitié du prix de départ aux deux colocataires restant dans les lieux.
Insérer une clause de solidarité
Face à cela, des conseils s’imposent.
- D’abord, afin de limiter les risques d’impayés, veillez à ce que soit insérée dans le contrat de colocation une clause de solidarité entre les occupants. Elle précise que : « … les locataires sont tenus conjointement, solidairement, indivisiblement aux paiements des loyers et charges. Le départ de l’un des locataires ne le libère pas de cette obligation. … ». La loi Alur réduit ce délai à six mois maximum après la date d’effet du congé, la solidarité disparaissant automatiquement en cas d’arrivée d’un nouveau colocataire. Bien évidemment, ces dispositions s’appliquent également à la caution du locataire sortant.
- N’hésitez pas à joindre aux contrats de colocation une suggestion de règlement intérieur que les occupants peuvent valider.
- Limitez le nombre de colocataires, quitte à devoir baisser un peu vos bénéfices. Une coloc’ à deux se passe généralement bien, à trois, c’est plus aléatoire, à quatre, c’est souvent le fiasco. Le fait que les occupants se connaissent bien est un atout.
Pour garder la main, vous pouvez être tenté de louer individuellement chaque chambre à laquelle vous assortissez un droit d’usage des parties communes. Je vous déconseille cette formule qui, beaucoup plus compliquée à mettre en place, ne vous permettra pas en plus de bénéficier de la clause de solidarité.