ATTENTION : aujourd’hui et lundi, vous allez découvrir deux expériences sociales qui pourraient changer la manière dont vous percevez l’autorité.
Changer la manière dont vous vous comportez avec les inconnus…
Changer la manière dont vous parlez à vos enfants et à vos petits-enfants…
Nous allons couvrir deux expériences.
La première s’appelle Comment devenir fasciste en 5 jours ou moins.
La seconde s’appelle Trois étapes simples pour traumatiser un enfant à vie.
Mais d’abord, sans plus attendre, voici Comment devenir fasciste en 5 jours ou moins…
Comment devenir fasciste en 5 jours ou moins
La première scène se passe au lycée Cubberly, à Palo Alto en Californie.
Nous sommes en 1967. Ron Jones, professeur d’histoire, souhaite prouver une théorie importante à ses étudiants. Il ne sait pas encore (comment le pourrait-il) que sa petite expérience ne va pas tarder à glisser totalement hors de son contrôle.
Avant de poursuivre, il faut vous dire que les étudiants ne savaient absolument pas qu’ils participaient à une expérience. Du moins jusqu’à ce qu’on le leur dise, le dernier jour. A ce moment-là, soit le cinquième jour, l’expérience — et une imitation de mouvement fasciste — avaient pris une vie propre.
Commençons…
LE PREMIER JOUR, M. Jones annonça aux étudiants qu’il allait leur révéler le secret du pouvoir et du succès.
La clé, dit-il, est simple : « la force grâce à la discipline. »
Tout d’abord, après avoir établi un rapport avec ses étudiants, M. Jones leur demanda de se lever lorsqu’ils souhaitaient poser une question ou y répondre. Une fois qu’ils furent habitués, il leur demanda de poser toutes leurs questions et de formuler toutes leurs réponses en trois mots ou moins.
Une fois que ses élèves furent suffisamment obéissants, il leur demanda de dire « M. Jones » après chaque question et chaque prise de parole.
« Ok. Maintenant, tenez-vous droits sur vos chaises » leur dit-il ensuite, passant de demandes polies à des ordres clairs. « Nettoyez votre bureau. Levez la tête. Dos droits. Pieds bien à plat par terre. Voilà. C’est tout de même mieux ! N’est-il pas plus facile d’être attentif, dans cette posture ? Voilà le pouvoir de la discipline ! »
Les jeunes suivirent ses ordres et hochèrent la tête.
La cloche sonna.
LE DEUXIEME JOUR, M. Jones apprit une autre leçon à ses étudiants : comment devenir plus fort grâce à la communauté.
« Vous abandonnez votre identité personnelle pour appartenir à quelque chose de vraiment grand, » expliqua-t-il. « Ce n’est pas si étrange. Ce genre de choses s’est produit à de nombreuses reprises dans l’Histoire. On construisait des fermes avec l’aide de ses voisins… ce genre de choses. »
Il leur apprit l’importance de la communauté. Il leur laissa entendre qu’ils allaient bientôt appartenir à quelque chose de plus important que leur propre personne. Et puis il annonça la grande nouvelle : ils avaient été sélectionnés, dit-il, pour devenir membres d’un mouvement appelé « La Troisième Vague. »
Il leur apprit le salut « officiel » de ce mouvement et leur ordonna de l’utiliser pour se saluer les uns les autres, mêmes en dehors de sa salle de classe.
Les jeunes acceptèrent, avec peu de réticence.
La cloche sonna.
LE TROISIEME JOUR, M. Jones apprit à ses étudiants l’importance d’agir.
Il leur distribua des cartes de membres de la Troisième Vague, et délégua des tâches individuelles à chaque étudiant.
Certains l’aidèrent à concevoir un logo Troisième Vague. Certains furent postés à l’entrée de la salle de classe pour barrer la route aux intrus non-Troisième Vague.
Des rumeurs commencèrent à circuler sans aucune intervention de M. Jones affirmant qu’un service d’initiation était en train d’être mis au point. Ainsi, de nouveaux membres, en dehors de la classe, pourraient rejoindre le mouvement. En entendant cela, M. Jones décida de mettre au point un rituel initiatique. Il envoya ensuite certains étudiants pour recruter et enrôler de nouveaux membres.
Peu après l’introduction du rituel, le mouvement Troisième Vague atteignit une taille telle qu’il échappa au contrôle de Jones. Avec 30 membres seulement le matin même, Troisième Vague en comptait plus de 200 avant que ne sonne la cloche annonçant la fin de la journée.
De plus, des logos Troisième Vague fleurissaient dans toute l’école, avec notamment une bannière immense de 6 mètres suspendue à la bibliothèque.
Quelques étudiants commencèrent même à faire des rapports à Jones, sans qu’on ne leur demande quoi que ce soit, lorsque certains membres ne faisaient pas correctement le salut, ou qu’ils ne respectaient pas d’autres règles. Un étudiant lui rapporta même que certains membres planifiaient un coup d’Etat contre lui.
La cloche sonna.
LE QUATRIEME JOUR, étonné par les progrès effectués, M. Jones se dit qu’il avait quasiment réussi à prouver sa théorie. Encore une petite journée, et il leur dirait la vérité.
Certains étudiants, pendant ce temps, devenaient plus dogmatiques et militants dans leur fidélité à la Troisième Vague.
Il sélectionna donc silencieusement un groupe anonyme, censé être la « police secrète » qui ferait respecter les règles de la Troisième Vague. Jones rédigea ensuite des mises en examen et força les étudiants accusés à être jugés par leurs pairs. Beaucoup furent jugés coupables par consensus. Les élèves de la classe décidèrent ensemble que tous les coupables — dont ils déclarèrent qu’ils étaient des « incroyants »– devraient être exilés vers la bibliothèque.
Puis, Jones, comme ultime mesure, annonça que la Troisième Vague était un mouvement à plus grande échelle que ce qu’on leur avait dit jusque-là. Sa portée était en réalité nationale.
« La Vague, » leur dit-il, « n’est pas qu’un simple exercice de salle de classe. Des professeurs comme moi ont parcouru tout le pays pour vous trouver… des étudiants triés sur le volet. L’avant-garde. L’élite qui présentera l’idée d’ordre, de discipline, de communauté, d’action à cette nation. »
Le jour suivant, expliqua-t-il, un candidat à la présidentielle — leur véritable leader — annoncerait publiquement son allégeance au programme de jeunesse Troisième Vague.
Les étudiants se virent demander de venir à une réunion, à midi, pour être témoin de cette annonce — un grand moment pour l’Histoire. Plus de 1 000 groupes, dans tout le pays, leur dit-il, auraient eux aussi les yeux tournés vers leurs téléviseurs.
La cloche sonna.
A MIDI LE CINQUIEME JOUR, posté devant ce nouveau mouvement de masse dont il était l’auteur, M. Jones alluma la télévision. Et laissa ses membres fixer un écran noir.
Ils restèrent tous là, des centaines d’entre eux, assis, le dos droit comme un I, les yeux fixés sur un écran vide… à attendre.
Après quelques minutes, on entendit les premières manifestations de colère et de confusion. Certains commencèrent à suspecter qu’on leur avait menti. La foule commença à se retourner contre lui. Les esprits s’échauffèrent de plus en plus, et c’est à ce moment-là que M. Jones révéla la vérité.
Il apprit aux étudiants qu’ils avaient participé à une expérience sur le fascisme.
En moins de cinq jours, leur dit-il, ils avaient volontairement établi un faux sens de supériorité par rapport aux autres étudiants. Ils avaient chassé leurs pairs pour de fausses raisons. Et, pire que tout, ils avaient commis, avec très peu de résistance, les erreurs qui avaient ouvert la voie à certaines des pires atrocités de l’Histoire.
« Il n’y a pas de Troisième Vague, pas de leader, » dit-il à la foule, en pleine confusion.
« Vous et moi, nous ne sommes ni meilleurs ni moins bons que les citoyens du Troisième Reich. Nous aurions travaillé dans les usines de la défense. Nous sommes prêts à voir notre voisin se faire emmener sans rien dire. Nous sommes exactement comme ces Allemands. Nous sommes prêts à abandonner notre liberté pour la chance d’être spécial. »
Jones regarda dans la pièce, et vit que les étudiants avaient pâli. Leur dos n’étaient plus aussi droit, leur pose aussi assurée. Plusieurs se mirent à pleurer. La plupart d’entre eux restèrent simplement assis là, dans le silence et la perplexité.
La cloche sonna.
Moralité : même s’il est possible que certains de ces détails aient été un peu embellis (tous les témoignages ne donnent pas la même version des événements), cette expérience a bien eu lieu. Jones voulait montrer à ses étudiants à quelle vitesse les libertés individuelles peuvent être remises en question et même supprimées totalement au nom d’objectifs communs.
L’expérience, comme il s’en rendit compte avec horreur, dépassa ses attentes.
Nous sommes tous, individuellement, responsables de nos actes, expliqua finalement Jones aux étudiants : il faut donc toujours remettre nos actes en question plutôt que de suivre un chef aveuglément. Il ne faut jamais que la volonté d’un groupe usurpe notre individualité, ou ne nous fasse dévier d’une voie dont nous savons, en notre âme et conscience, qu’elle est la bonne.
« Le fascisme » dit Jones « est toujours une possibilité, car c’est un choix très simple et que les gens sont frustrés. Ils perdent leur emploi, leur dignité, leur sens des valeurs, et quelqu’un vient et leur dit : » j’ai la réponse. » »
Mais bien sûr, en tant que lecteur avisé, vous saviez déjà tout cela
Ce que vous ne connaissiez peut-être pas aussi bien, par contre, ce sont les résultats tout aussi explosifs de l’expérience sociale que nous allons vous présenter lundi. Cette expérience, pour vous rafraîchir la mémoire, s’appelle… Trois étapes simples pour traumatiser un enfant à vie…
Rendez-vous lundi pour tous les détails…