Un soir, un groupe de citoyens prospères venus d’une petite ville d’Allemagne se réunirent dans un restaurant du coin
Hier nous avons commencé à évoquer ce qu’était en réalité notre système monétaire… Aujourd’hui, j’aimerais aller plus loin et vous montrer ce qu’est réellement l’argent !
L’argent, d’une certaine façon, est une technologie. C’est un accord. C’est pourquoi l’argent est malléable. Il peut être modifié pour s’adapter à nos besoins.
Il n’est pas statique.
L’argent peut, en fait, être remodelé pour résoudre nos problèmes, et nous rendre plus prospères. Mais nous devons le concevoir ainsi, consciemment.
Si vous concevez une moto qui ne peut que tourner à gauche, vous finirez toujours –comme nous l’avons appris hier — par revenir à votre point de départ. À moins que votre seule ambition soit de faire le tour du quartier, encore et encore, cela ne satisfera pas vos besoins.
Pour l’argent, c’est la même chose. Et le concept d’argent tel que nous le connaissons aujourd’hui ne satisfait pas nos besoins. Ce qui signifie qu’il est temps de mettre quelque chose d’autre en place.
Le concept actuel, il faut le noter, n’est absolument pas nouveau. La réserve fractionnaire, le système monétaire national, a vu le jour à la fin du XVIème siècle en Angleterre. Et il reflète l’époque à laquelle il a été créé.
Mais si vous avez un jour lu un livre d’Histoire, vous savez que nous vivons aujourd’hui dans un monde différent>.
Nos problèmes sont plus complexes et plus pressants. Nous devons réfléchir à la mise au point d’une monnaie qui nous encouragera à résoudre ces problèmes, plutôt que de simplement les remettre au lendemain (soit exactement ce que notre système monétaire actuel encourage).
Le problème, c’est que notre système monétaire actuel a été créé dans un but principal : créer et soutenir l’Etat-nation. Et il a rempli son rôle. À merveille.
Il faut aussi noter qu’il tire sa valeur d’une rareté artificielle. Et nous sommes en train d’entrer dans une ère d’abondance. Nous avons besoin d’une monnaie qui reflète aussi ce changement-là.
Donc, la question à trois millions…
« Quels types de schémas économiques et comportementaux pourraient-ils être créés, » demande Lietaer, « s’il existait plusieurs types de monnaies qui fonctionnaient parallèlement aux monnaies diffusées par les banques centrales ? »
Eh bien, pour répondre à cette question, revenons-en à un samedi soir, le mois dernier.
C’était en forme de monnaie. ça ressemblait… en quelque sorte… à de la monnaie. Et elle achetait son café avec, comme si c’était, effectivement, de l’argent.
Plus étonnant encore, la caissière l’a accepté comme si c’était de l’argent.
J’ai regardé de plus près son billet.
Au lieu d’un président américain décédé, sur l’avant, on voyait un célèbre portrait d’Edgar Allan Poe.
Ca alors ! …
« C’est un Bnote, » me dit-elle.
Elle aurait tout aussi bien pu me parler en Swahili.
« Un B-quoi ? »
J’ai demandé à le voir. Elle en sortit toute une liasse de son jean, et m’en tendit un.
« Vous pouvez en acheter… ben… ici, en fait ! » gazouilla-t-elle.
Je l’ai retourné…
« Euh… merci. »
Je le lui ai rendu. Je faisais attendre les gens derrière nous. Distrait, j’ai commandé un café alors que je voulais un thé…
Super ! Me suis-je dit. Tout ça va me coller des insomnies.
Cette monnaie étrange m’avait un peu secoué. Elle s’était logée dans mon esprit comme une écharde. Il était temps de mener l’enquête sur cette chose étrange appelée le Bnote.
J’ai pris mon café, me suis assis avec mon ordinateur, et suis allé visiter le site internet dont l’adresse était imprimée sur le billet.
« En février 2015, » continuait le site, « plus de 38 000 Bnotes ont été mis en circulation, ils sont accepté dans diverses communautés partout dans la ville. »
J’ai fait de plus amples recherches. J’ai lu quelques articles. J’ai appris qu’il existait ce que l’on appelle des « monnaies complémentaires. » Je me suis même brièvement entretenu avec les créateurs du Bnote.
Je n’ai toujours pas compris tous les tenants et les aboutissants, mais je suis, en tous cas, très intrigué.
La monnaie locale, bien sûr, n’est pas censée remplacer le statu quo. Elle est supposée équilibrer les effets négatifs de la monnaie nationale, et remplir les blancs crées par une monnaie fiduciaire.
Si vous ne savez pas ce qu’est une monnaie locale… et pourquoi elles sont intéressantes, voici quatre choses que j’ai apprises jusqu’ici…
Le seul but d’une monnaie locale, selon ses défenseurs, est de faciliter les échanges commerciaux au sein d’une communauté. Ce faisant, elle préserve, promeut et aide à la croissance des économies locales.
Ce qui, par la suite, aide les gens, et non les banques.
« Une monnaie locale, » dit le site, « ne finira pas dans des grandes chaînes : elle ne soutient et ne fait croître que les entreprises locales. L’argent que nous dépensons dans des chaînes nationales peut terminer sa route dans le Delaware ou au Texas ; l’argent que nous dépensons dans des entreprises locales continue à circuler dans la communauté et crée perpétuellement plus de valeur. »
« La monnaie contrebalance les économies d’échelle, qui permettent toujours aux plus gros poissons d’être les concurrents les plus efficaces. Elle permet de résister aux forces de la mondialisation qui nous volent notre sentiment d’avoir une place dans une communauté. »
Les régions qui ont fait l’expérience de monnaies locales ont montré que les billets circulaient jusqu’à cinq fois plus vite que la monnaie nationale. Ce qui fait bien sûr augmenter les ventes des entreprises locales. Et encourage la croissance locale. Ce qui, par la suite, crée plus d’emplois.
« C’est l’une des raisons, » explique le site « pour lesquelles les monnaies locales sont devenues populaires dans les années 1930 –elles étaient un moyen efficace de construire des entreprises et de créer des emplois alors que les effets de la Grande Dépression se faisaient sentir dans tout le pays. »
« En utilisant une monnaie locale, la valeur du travail effectué dans la communauté et la valeur des services qui y sont fournis restent dans la communauté. »
« Les entreprises font plus de ventes, peuvent fournir plus de services et renouvellent leur stock plus souvent étant donné que les gens cherchent à utiliser les Bnotes dont ils disposent plutôt qu’à les économiser ou à les accumuler. »
Ce n’est pas une monnaie spéculative. Son seul but est d’être utilisée. Et si la concurrence est une bonne chose au niveau national, disent ses défenseurs, un certain niveau de coopération est nécessaire chez soi. Et c’est ce que promet la monnaie locale.
« Il faudra que les gens agissent dans leurs communautés, région par région, pour créer le type de changement systémique qui permettra des pratiques économiques durables –des pratiques qui encouragent la production écologiquement responsable de biens et une distribution plus équitable de la richesse – c’est un outil qui permet l’avènement de ce type de changement. »
Regardez autour de vous. Tout ce que vous pouvez voir et qui n’est pas directement sorti de terre a commencé par une pensée… une étincelle entre deux neurones… une idée. Une possible alternative à quelque chose d’autre.
La réalité est plastique. En changeant la manière dont nous l’analysons… en créant de nouveaux outils qui nous permettront de gérer cette réalité selon nos propres termes… nous pouvons la changer.
C’est aussi ainsi que l’on devient plus riche, plus intelligent et plus beau.
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[…] Pour en savoir plus sur le B-Note et pour connaître l’avis de Chris Campbell sur les monnaies locales, n’hésitez pas à relire son article. […]