Daniel s’occupait de moutons au Soudan lorsqu’une bombe lui a emporté les deux bras.
Lorsqu’il a entendu les détonations au loin, il s’est caché derrière un arbre mais a mis ses bras autour du tronc. Une bombe a explosé près de l’arbre.
Lire aussi : Mes secrets pour retrouver la foi quand tout va mal
Son corps était indemne mais ses bras, avec lesquels il s’était accroché à l’arbre, avaient été arrachés. Lorsqu’il a repris conscience, dit-il, il a pensé qu’il vaudrait mieux qu’il soit mort, pour ne pas être un poids pour sa famille.
Il avait 12 ans.
J’avais honte de parler à Mick Ebeling.
Voilà pourquoi… Lorsque j’entends une histoire comme celle ci-dessus, je me dis : « C’est très triste. » Je me dis : « Si seulement ça ne lui était pas arrivé. » Je me dis : « Heureusement que ça ne m’est jamais arrivé à moi ni à quelqu’un que je connaisse. »
Mick pense différemment. Mick a pris l’avion pour le Soudan sans rien savoir des bras, de la guerre ou des prothèses. Il a réuni un groupe d’experts en impression 3D, en prothèses et en mécanique.
Lire aussi : Huit leçons qui vont changer votre vie
Il a imprimé des bras en 3D pour Daniel, utilisant une méthode qu’on n’avait encore jamais employée auparavant, permettant de fabriquer des prothèses moins chères.
Daniel a maintenant deux prothèses de bras. Il peut se nourrir. Il peut à nouveau aider sa famille.
Lire aussi : 10 étapes pour ne jamais renoncer
J’ai discuté avec Mick. Je lui ai dit que j’avais honte de lui parler parce que je n’aurais pas réfléchi comme lui.
Il a ri et m’a expliqué sa théorie sur l’aide humanitaire. Sa société, Not Impossible, sélectionne des situations critiques dont les gens disent « c’est impossible », et puis essaie de s’y attaquer.
A) AIDER UNE SEULE PERSONNE, C’EST EN AIDER BEAUCOUP
Mick a utilisé son expérience avec Daniel pour trouver des idées sur des prothèses qui pourraient aider beaucoup de gens. Il a aidé Tempt One – un artiste de rue entièrement paralysé par la maladie de Charcot, à l’exception de ses yeux – à communiquer à nouveau grâce au système EyeWriter.
Ebeling se sert de son expérience auprès d’une personne pour créer des produits qui en aideront beaucoup d’autres.
B) RENDEZ LE RIDICULE ACCESSIBLE
Il était ridicule de vouloir fournir des prothèses à moindre coût à Daniel au Soudan sans avoir d’expérience. Pourtant, quelques recherches, faites par les bons experts, ont permis à Daniel d’avoir ses bras. Et maintenant, cette technologie est disponible pour tous.
C) UTILISEZ VOTRE HISTOIRE
Intel a sponsorisé les efforts de Mick. Il est allé voir Intel et leur a raconté l’histoire de Daniel, mais aussi comment il aidait déjà Daniel, avec ou sans Intel – et l’entreprise a accepté de sponsoriser le reste du voyage.
Depuis 5 000 ans et plus, l’humanité utilise le récit pour aller de l’avant. Trop de gens l’oublient : la seule façon de communiquer vraiment efficacement, c’est à travers les histoires.
D) TOUT LE MONDE A L’AUTORISATION
Personne n’a donné à Mick la permission d’aider Daniel. Il l’a fait et c’est tout. Personne ne lui a donné l’autorisation de rassembler un groupe d’experts chez lui pour l’aider à élaborer des prothèses que tout le monde pensait impossibles. Il l’a fait.
Trop souvent, nous demandons une bourse. Nous déposons un dossier dans une entreprise. Ou bien nous demandons à l’État. Et puis nous attendons. Et nous attendons. Nous voulons que LA personne nous choisisse, nous.
Lire aussi : Comment parvenir à vous choisir vous-même ?
Je déteste utiliser mes propres clichés, mais le bon côté de vous choisir vous-même, c’est que des vies sont sauvées pendant que vous n’attendez pas qu’on vous choisisse.
E) « ON EST DÉJÀ EN TRAIN DE LE FAIRE »
Mick ne voulait pas attendre pour commencer. Il ne voulait pas attendre d’avoir des fonds. Il ne voulait pas attendre d’avoir tout calculé pour se lancer.
Dès l’instant où il a commencé à aider Daniel, il est passé à l’action :
- il a trouvé les experts dont il avait besoin (gratuit) ;
- il leur a demandé leur opinion (plus ou moins gratuit) ;
- il s’est mis à chercher des idées (gratuit) ;
- il a trouvé les matériaux nécessaires pour imprimer une paire de bras en 3D (globalement gratuit) ;
- il a commencé à faire des tests (majoritairement gratuit).
C’est seulement ensuite qu’il est allé voir Intel et d’autres, et a dit : « On est déjà en train de le faire. Vous êtes avec nous ? »
Trop de gens disent : « J’ai une idée. Maintenant, il me faut des fonds. »
Arrêtez de le faire. Stop !
Dites plutôt : « Je suis en train de le faire. Voici 10 ou 20 choses déjà accomplies. Voici les résultats. Voulez-vous participer ? »
F) CHANGEZ LA DÉFINITION DE L’ÉCHEC
Les gens pensent que les choses fonctionnent ainsi : allez, allez, allez, allez, ÉCHEC, stop.
Mick a redéfini l’échec.
Lire aussi : L’échec est la pire façon d’échouer
« Nous avons connu beaucoup d’échecs tandis que nous essayions de trouver la solution. Mais chacun d’entre eux était simplement une manière de nous montrer ce que nous aurions dû faire et ce que nous pouvions mieux faire. À chaque fois que nous avons échoué, nous connaissions au moins une chose que nous pouvions mieux faire. »
G) RENDEZ VOTRE SUCCÈS ACCESSIBLE À TOUS
Quand bien même son entreprise est à but lucratif, Mick a offert gratuitement tout le savoir qu’il avait acquis.
Ainsi, d’autres gens et d’autres entreprises ont pu fabriquer de meilleures prothèses, ou des appareils pour aider les sourds, ou encore des systèmes aidant les malades de Charcot à communiquer.
Mick pourrait ensuite incorporer ces nouvelles technologies à ses propres produits.
Le résultat final : plus de gens qui aident les autres, avec des produits de plus en plus efficaces et qui coûtent de moins en moins cher.
Trop de gens essaient de s’accrocher à leurs idée en disant : « Elle est à moi ! »
Mais les idées, et le monde, se portent mieux lorsqu’elles sont partagées, lorsqu’elles peuvent s’accoupler et faire des enfants, et que toutes ces bébés-idées améliorent le sort de l’humanité.
H) RECHERCHEZ LA « POSSIBILITÉ ADJACENTE »
Lorsque Mick a démarré ses recherches, il a trouvé quelqu’un qui avait une main mécanique. Pas une prothèse parfaite, mais une main peu chère, qui pouvait attraper des objets et qui était fonctionnelle.
Il a commencé à travailler sur cette base. Il a exploré des possibilités en coopération avec son inventeur et d’autres spécialistes, en utilisant la main mécanique comme point de départ.
Ne commencez jamais avec une page blanche. Trouvez ce qui se rapproche le plus de votre objectif final, et utilisez ces idées comme point de départ afin de trouver la « prochaine génération ».
I) COMMENCEZ PETIT
Mick n’a pas aidé un milliard de personnes à obtenir de meilleures prothèses. Il a aidé une seule personne.
« Si tout le monde pouvait aider seulement UNE personne aujourd’hui, alors le monde serait meilleur demain. »
En d’autres termes, si tous les lecteurs de cet article aidaient une personne aujourd’hui, le monde serait meilleur.
Demandez-vous toujours, à la fin de chaque journée : « Qui ai-je aidé aujourd’hui ? »
J) CÔTOYEZ LES PERSONNES LES PLUS INTELLIGENTES
Mick ne connaissait rien aux prothèses. Mais il savait que s’il réunissait la personne qui fabriquait des mains artificielles bon marché, des experts en impression 3D et des experts en prothèses, il pourrait en sortir quelque chose de bon.
Même si vous n’êtes pas expert, donnez-vous la permission de produire. Produisez !
Après notre conversation, Mick et moi, nous nous sommes un peu baladés, et je lui ai raconté des choses.
« Comment t’en sors-tu, avec cette situation ? » m’a-t-il demandé.
J’ai répondu : « Je suis mes propres conseils au quotidien. J’essaye d’être en bonne santé. Je passe du temps avec des amis. Je suis créatif tous les jours. Et tous les jours, j’examine les aspects les plus difficiles de ma situation, afin d’y trouver des raisons d’être reconnaissant. »
« Les répercussions sur mon existence sont fascinantes. J’avance tous les jours un peu plus vite, et j’ai l’impression que la vie est merveilleuse. »
« Tu devrais écrire là-dessus », m’a-t-il dit.
C’est ce que je ferais. J’ai dit : « Égoïstement, j’ai aidé une personne – moi-même, afin d’en aider beaucoup. »
Il a ri. Puis nous nous sommes serré la main, je suis parti dans une direction, et lui est parti sauver le monde.