Si vous me suivez sur les réseaux sociaux, vous savez que je suis un grand fan du Bitcoin. La raison est simple : le Bitcoin est la monnaie des peuples, une monnaie non contrôlée par la Réserve fédérale. Alors que la Réserve fédérale s’attèle à détruire le dollar et l’économie mondiale, l’or, l’argent et le Bitcoin seront moins affectés par les agissements crapuleux de la banque centrale américaine.
Cela étant, cela ne signifie pas que toutes les crypto-monnaies sont bonnes et que tous les vendeurs de Bitcoin sont dignes de confiance. Il existe un certain nombre de vendeurs de Bitcoins crapuleux. Et s’il y a un grand nombre de crypto-monnaies dignes d’intérêt, il existe toutefois des pratiques non éthiques qu’il vous faut connaître.
Vous êtes nombreux à connaître la pratique de marché dite de « pump and dump« . Elle a été rendue célèbre grâce au film Les Initiés sorti en 2000. Pour ceux qui n’ont pas vu ce film, le concept est simple. Une société de courtage achète un grand nombre d’actions bon marché d’une entreprise qui ne vaut rien. Elle présente alors la société comme la nouvelle pépite et s’efforce de convaincre les investisseurs qu’il leur faut acheter des actions immédiatement avant que le cours du titre s’envole. Il s’agit de la partie « pump« , qui consiste à gonfler artificiellement le cours de l’action.
Des millions d’investisseurs crédules, sans connaissances financières, se ruent pour acheter des actions dans l’espoir de réaliser l’affaire de leur vie, entraînant de fait une forte hausse du cours de l’action. C’est ce moment-là que le courtier choisit pour vendre ses actions et réaliser un bénéfice astronomique. Il s’agit de la partie « dump« , qui consiste à se débarrasser des actions.
Bien entendu, la vente soudaine d’un grand nombre d’actions fait plonger le cours et les investisseurs se rendent compte que la société en question ne vaut rien. Tous les investisseurs ayant acheté des actions se retrouvent avec des actions qu’ils ont achetées au prix fort et qui ne valent plus rien. Le courtier a fait son beurre sur le dos de ces investisseurs non avertis.
Il existe une pratique similaire, malhonnête et illégale, dans l’univers des crypto-monnaies. Jeff Wang, mon expert en crypto-monnaies, m’a récemment mis en garde contre un nouveau type d’ICO (Initial Coin Offerings) : les IDO (Initial Decentralized Exchange Offerings), connues pour prêter le flanc aux arnaques dites de « rug pull« . J’ai demandé à Jeff de nous expliquer tout ça rapidement pour que vous ne vous fassiez pas avoir et que vous compreniez pourquoi il est important de s’informer avant d’acheter, en particulier dans le monde des crypto-monnaies.
Cryptomonnaies : ICO, IEO et IDO rug pull
Avant de vous expliquer ce qu’est un rug pull dans le cadre d’une IDO, il me faut revenir brièvement sur l’histoire de l’investissement en crypto-monnaies.
En 2017, la création et la vente de nouvelles crypto-monnaies sur des plateformes d’échange étaient très structurées et organisées. On parlait alors d’Initial Coin Offerings (ICO) : les gens créaient des « unités de service » dans le cadre de projets techniques ultra complexes.
En réalité, il s’agit juste de brèches qui permettaient de lever des fonds sans avoir à réaliser le moindre apport en capital. L’autre problème était que le capital était un concept plutôt abstrait : il n’existait pas vraiment de « sortie ». La seule issue possible était d’accroître la valeur du projet pour accroître la valeur de la crypto-monnaie sous-jacente.
Voici la procédure qu’il fallait suivre pour réaliser une Initial Coin Offering.
- Trouver une idée, mettre en place une équipe, créer un site Internet, proposer une réalisation technique et un produit fiable pouvant être adopté à grande échelle ou, à tout le moins, une plateforme pour ce produit. De nombreux projets reposaient sur les limites techniques du Bitcoin et de l’Ethereum.
- Lever des fonds, généralement via l’écosystème Ethereum, pour financer le projet. Le principe consistait à attribuer en échange des jetons du projet, en théorie à un prix largement inférieur au prix qui serait proposé sur les marchés publics.
- Développer le projet, et parfois émettre des jetons Ethereum avant même que le projet final ne soit achevé.
- Au fil du temps, des accords ont été conclus avec les plateformes d’échange pour coter les jetons. Mais les investisseurs dans le projet, qui se voyaient attribuer les jetons en amont, s’en débarrassaient sur les plateformes d’échange, provoquant ainsi un effondrement des cours.
- Avec le temps, les responsables des projets ont commencé à limiter le nombre de jetons attribués aux investisseurs, à tel point que cela en est devenu ridicule. À l’heure où j’écris ces lignes, de nombreux projets n’offrent rien en retour aux investisseurs, alors même que les jetons sous-jacents sont d’ores et déjà cotés sur certaines plateformes.
Puis l’Initial Exchange Offering (IEO) a vu le jour.
- Les trois premières étapes sont les mêmes, mais les projets sont désormais « vendus » sur des plateformes d’échange.
- Ces plateformes limitent le nombre de jetons disponibles, généralement à hauteur de quelques millions de dollars. Lors de l’émission, les cours augmentent du fait de la faible liquidité.
- Les sommes levées sont ainsi moins importantes, mais les plateformes exercent un plus grand contrôle. Il s’agit globalement d’une bonne méthode, qui engendre une volatilité bien moindre des cours.
- Cela étant, au fil du temps, les projets légitimes se sont faits plus rares, et les IEO ont lentement disparu.
Le dernier né est l’Initial Decentralized Exchange Offering (IDO). Ce mécanisme ne comporte aucune étape : un projet est créé facilement sur Ethereum, puis immédiatement coté sur Uniswap ou d’autres marchés décentralisés. Dans certains cas, le projet n’a même pas de développeur public ni de site Internet. Uniquement un petit espace de discussion.
Cela est devenu problématique. Au début, ces projets étaient assez rentables, mais il existe désormais tellement de nouveaux jetons qu’il est difficile d’en estimer la valeur et de suivre leur évolution.
En l’absence quasi totale de données pour savoir ce qu’il va se passer par la suite, nous entrons en territoire inconnu. Avec le temps, l’excès est toujours nocif et nous en avons eu la démonstration fin 2018, période à laquelle les ICO se sont multipliées, provoquant un véritable effondrement des cours.
Maintenant que vous savez ce que sont les ICO, IEO et IDO, la question est de savoir s’il y a quelque chose d’intéressant à se mettre sous la dent. La réponse est oui, mais cela pourrait ne pas durer. Il vous faut donc rester sur vos gardes, continuer à apprendre et à vous tenir au courant de l’actualité.
Choses à vérifier avant de cibler une IDO
- Une équipe légitime : il est toujours préférable d’avoir une équipe publique que des développeurs de projet anonymes.
- Une offre limitée qui confère au projet un potentiel haussier plus important.
- Distribution de jetons favorisant le grand public : si seule une poignée de personnes possède tous les jetons (dont l’équipe en charge du projet), cela entraînera une forte baisse du cours du jeton lorsque les gros investisseurs (« baleines ») vendront tous leurs jetons. YFI est un bon exemple d’IDO dans le cadre de laquelle aucun jeton n’a été attribué à l’équipe.
- Toujours sur le thème de l’offre (ou de l’encours), veillez à ne pas acheter de jetons d’un projet dont la capitalisation est d’ores et déjà supérieure à 10 millions de dollars. Le potentiel haussier est très limité à ce stade.
- Évitez le rug pull, c’est-à-dire les projets qui peuvent s’effondrer à cause d’une augmentation de l’encours de jeton ou d’une forte inflation. De nombreux de projets de minage ont rencontré ce problème à cause d’une production excessive de jetons : cela a été une véritable bombe à retardement lorsqu’il a fallu revendre ces jetons sur le marché.
- S’assurer que le code a été vérifié, c’est-à-dire, qu’il ne présente aucune faille, que l’offre est contrôlée et que le public n’est pas dupé.
Les rug pulls sont extrêmement dangereux et on en dénombre quelques-uns. Lorsque les gens se ruent sur un projet sans réfléchir, le cours du jeton sous-jacent s’envole avant de s’effondrer, au risque de faire perdre tout son argent à l’investisseur.
Comme le dit Robert, « la connaissance est de l’argent ». Lorsque vous avez de l’argent mais pas le savoir nécessaire pour le gérer, il y a fort à parier que vous perdrez rapidement cet argent. Mais si vous gagnez de l’argent grâce à vos connaissances et que vous continuez à apprendre, vous pourrez toujours protéger votre argent et en gagner plus.
Mon avis sur les ICO et les IDO
En 1923, les plus grands dirigeants et les hommes d’affaires les plus riches des États-Unis se sont réunis à l’hôtel Edgewater Beach, à Chicago. Parmi eux figuraient :
- Charles Schwab, directeur général de la plus grande entreprise sidérurgique indépendante des États-Unis ;
- Samuel Insull, président de la plus entreprise de production d’énergie au monde ;
- Howard Hopson, directeur général de la plus grande entreprise gazière au monde ;
- Ivar Kreuger, président d’International Match Co., l’une des plus grandes entreprises du monde à l’époque ;
- Leon Frazier, président de la Banque des règlements internationaux ;
- Richard Whitney, président de la Bourse de New York ;
- Arthur Cotton et Jesse Livermore, deux des plus grands spéculateurs actions ;
- et Albert Fall, ministre du président Warren G. Harding.
Vingt-cinq ans plus tard, neuf de ces magnats ont connu de tristes fortunes. Charles Schwab est mort sans un sou après avoir vécu pendant cinq ans grâce à de l’argent emprunté. Samuel Insull est mort à l’étranger, tandis qu’Ivar Kreuger et Arthur Cotton sont également morts fauchés. Howard Hopson a perdu la raison. Richard Whitney et Albert Fall ont été libérés de prison. Leon Frazier et Jesse Livermore ont mis fin à leurs jours.
Je doute que quiconque puisse nous dire ce qui est vraiment arrivé à ces hommes. Nous étions en 1923, soit quelques années avant le krach de 1929 et la Grande dépression qui s’en est ensuivie. Je suppose que cela a eu un impact considérable sur ces hommes et leurs vies.
Nous vivons aujourd’hui dans un monde qui évolue plus rapidement que celui dans lequel ces hommes vivaient. Je pense qu’il y aura beaucoup de bulles qui éclateront dans les prochaines années, à l’instar de ce qu’ont connu ces hommes à leur époque.
Je suis inquiet car trop de gens sont obnubilés par l’argent et négligent leur plus grande richesse : l’éducation. Si les gens sont prêts à faire preuve de flexibilité et d’ouverture d’esprit et à apprendre, ils gagneront de l’argent malgré les changements brutaux qui surviendront. S’ils pensent que l’argent leur permettra de régler leurs problèmes, ils se dirigent droit vers de cruelles désillusions. C’est l’intelligence qui permet de régler les problèmes et de gagner de l’argent. Sans jugeote, l’argent est voué à disparaître.
La plupart des gens ne comprennent pas que dans la vie, l’important n’est pas l’argent que vous gagnez. L’important, c’est la capacité à ne pas le dilapider. Nous avons tous entendu des histoires de gagnants de loterie qui étaient pauvres, sont devenus subitement riches puis sont retombés dans la pauvreté.
Si vous appréhendez les crypto-monnaies comme une loterie, je vous souhaite bonne chance mais il m’est avis que vous y laisserez des plumes. Je ne dis pas que les crypto-monnaies sont mauvaises. Sans connaissances financières, tout investissement est dangereux. C’est aussi simple que cela.