Pourquoi un pays riche comme la France s’enfonce-t-il dans la pauvreté ? Pourquoi beaucoup d’entre nous ont-ils l’impression de s’appauvrir ?
C’est la question à laquelle j’essaye de répondre dans mon dernier livre, La Fabrique de pauvres*.
La réponse, choquante, est : parce que le système politique en place le souhaite, même s’il prétend évidemment le contraire.
Certes notre pauvreté n’est pas celle des gens qui luttent chaque jour pour leur survie ou qui vivent avec moins de 4$ par jour. Mais les chiffres des organisations caritatives sont nets : de plus en plus de gens ont besoin d’être secourus en France. Le 3 mars, le gouvernement a annoncé la révision de son système d’allocations pour pauvres : la prime pour l’emploi (PPE) et le revenu de solidarité active (RSA activité) vont s’effacer pour faire place à la nouvelle “prime d’activité”. Beaucoup de bruit pour rien.
Car l’appauvrissement est l’effet secondaire d’un objectif poursuivi par notre organisation politique actuelle : la création de la dépendance, à tous les niveaux.
De la dépendance à la précarité puis à la pauvreté, une mécanique implacable se met alors en marche.
Il est de l’intérêt politique bien compris d’organiser la dépendance, le clientélisme. Les élus de tout bord achètent leurs électeurs. Ils les achètent dans les couches défavorisées de la population par la distribution d’allocations ou, au contraire, dans les couches favorisées par la distribution de privilèges. Au milieu, la classe moyenne est laminée.
Au gré des alternances, allocations et privilèges se multiplient, mais tout ceci a un coût.
Toujours plus d’impôts, de taxes, de dette publique et d’appauvrissement général. Mon livre essaye de faire prendre conscience de la mécanique qui s’est mise en place pour nous faire accepter la situation. Les rouages sont parfois sournois car le socle est d’abord idéologique.
Une fois l’idéologie acceptée — à savoir un Etat démocratique veut nécessairement notre bien et la lutte contre les inégalités se confond avec la lutte contre la pauvreté — le reste coule de source.
L’Education nationale va prendre le relais. L’égalitarisme se retrouve au coeur de la pédagogie et l’enseignement instille que seule l’économie administrée est propre à servir la majorité, la concurrence n’étant qu’une lutte sanglante ne pouvant que déchirer l’harmonie sociale.
La réglementation multiplie les incitations et aides inefficaces, les lois idéologiques, opportunistes et même les lois qui au lieu de protéger le citoyen, protège l’Etat comme ce fut récemment le cas, par exemple, pour les banques et les prêts complexes ou la protection du monopole de la Sécurité sociale. La réglementation étouffe toute initiative, le principe de précaution étant le couronnement de cette fossilisation.
Les exceptions françaises, notamment notre merveilleux modèle social et le statut à vie des fonctionnaires, ne le sont que parce que d’autres pays ne les copient pas préférant moins d’impôts, moins de redistribution mais plus d’autonomie et d’efficacité.
Une fois que vous avez compris cette logique, que faire ?
N’attendez pas l’homme politique providentiel, la solution ne viendra pas de ce côté. Reprenez la main sur votre vie.
Certes la marge de manoeuvre vous paraît de plus en plus mince, mais elle existe toujours même si on ne vous la pointe que rarement.
Prenons un exemple récent, celui des détecteurs de fumée. On vous incite à les acheter.
“Plus que quatre jours pour vous mettre en règle“, titre Le Monde en ligne le 3 mars. Oups, c’est urgent mais réfléchissons…
Si les détecteurs de fumée étaient un élément clé de sécurité, votre compagnie d’assurance ne vous les aurait-elle pas déjà imposés ? Ou à défaut, ne vous aurait-elle pas proposé une réduction sur votre prime d’habitation si vous acceptiez de vous équiper ? Et s’il faut un détecteur, pourquoi ne faut-il pas un extincteur ? La motivation de cette réglementation est suspecte. On veut vous faire dépenser de l’argent que vous n’avez pas envie de dépenser ou que vous auriez dépensé autrement.
Pouvez-vous résister ? Oui !
“Cependant, votre société d’assurance ne peut pas vous sanctionner si vous n’en n’avez pas installé. En revanche, elle peut vous inciter à le faire en vous accordant une réduction sur votre prime ou en vous faisant bénéficier d’offre avantageuse pour vous en équiper.
Votre logement sera couvert en cas d’incendie (si vous avez souscrit cette garantie) etvous serez indemnisé de la même façon que vous ayez un détecteur ou non”, selon service-public.fr
Et si vous êtes propriétaire bailleur ? La loi dit que c’est à votre locataire de s’équiper. Le décret contredit la loi et indique que l’équipement doit être payé par vous, ce qui vous montre au passage le côté brouillon de l’appareil législatif. Comme la loi est supérieure au décret, résistez et écrivez à votre locataire qu’il se débrouille.
Vous couperez ainsi à une dépense imposée. Et vous aurez refusé de mettre un cheveu dans un l’engrenage réglementaire et législatif de La Fabrique de pauvres.
“Je suis riche des biens dont je sais me passer” disait Louis Vigée (1778-1820).
Vous voilà donc payé de votre lecture, non, non, ne me remerciez pas. L’important c’est de participer à la résistance.
*Si vous vous êtes déjà procuré votre exemplaire de La Fabrique de Pauvres, n’hésitez pas à laisser votre avis sur le site Amazon.