Ils m’ont viré. Tout d’abord en tant que PDG, puis en tant que membre du conseil d’administration, puis en tant qu’actionnaire. Aujourd’hui, plus aucun d’entre eux ne me parle.
J’ai créé l’entreprise. C’est moi qui ai eu l’idée d’origine et qui ai levé 30 millions de dollars auprès d’investisseurs classés A+ (autrement dit, « les riches ») pour la concrétiser.
J’ai acheté deux sociétés pour y parvenir, j’ai embauché les 50 premiers employés, et puis on m’a mis à la porte.
La raison ? J’étais un mauvais leader. Voici deux ou trois choses que j’ignorais à propos de ma propre entreprise : je ne savais pas comment fonctionnait notre produit ; je ne connaissais aucun des clients ; je ne savais pas combien nous gagnions ; je ne savais pas combien nous perdions. En plus, j’avais un faible pour les secrétaires et peut-être deux ou dix autres employées.
Mais pourquoi ai-je été viré ?
Tout simplement parce que je n’avais rien fait… pour personne.
Je ne voulais jamais discuter. Je m’enfermais dans mon bureau ; les gens frappaient à la porte et je faisais semblant d’être absent.
Si quelqu’un voulait me parler de la « vision » de l’entreprise, je me contentais de hocher la tête et de répondre quelque chose comme : « Faites ! », tel le capitaine Picard à la tête du vaisseau Enterprise dans Star Trek.
Être un leader n’a rien à voir avec le fait d’être aux commandes.
Vous n’êtes pas un leader parce que vous avez créé ou fait quelque chose de formidable par le passé, ou parce que quelqu’un d’autre vous a donné une quelconque forme d’autorité.
Être un leader est quelque chose qui se produit MAINTENANT, tout de suite ; vous n’avez pas besoin d’argent, d’autorité ni de quelqu’un d’autre. Vous devez d’abord vous guider vous-même.
C’est un état d’esprit. Je suis désolé, mais je vais faire une liste. N’hésitez pas à la compléter ou à raconter votre expérience dans les commentaires. En fait, ce serait formidable si vous pouviez ajouter d’autres éléments.
Dans ma vie, j’ai dirigé près de 20 entreprises (dont la majorité a fait faillite), investi dans 30 entreprises (qui ont pratiquement toutes connu le succès), conseillé une douzaine de sociétés ou participé à leur conseil d’administration (ces sociétés ont pratiquement toutes connu le succès, elles aussi), et j’ai aussi été marié deux fois (taux de réussite : 50 %) ; par conséquent, je me suis fait ma petite idée sur le leadership.
Selon moi, un bon leader…
A) Fait passer la réussite des autres avant la sienne
C’est de loin le plus important : vous vous souciez plus de la réussite d’autrui que de vos propres succès. Toutes les personnes qui vous entourent doivent, finalement, vous surpasser.
C’est ainsi que vous guidez les autres. La lumière se trouve devant vous et votre rôle est de les y conduire, puis de revenir.
Si tout votre entourage réussit mieux que vous, la vie sera belle. Vous n’avez pas besoin de me croire. C’est quelque chose que j’ai constaté à maintes reprises.
Peu importe qu’il s’agisse de vos salariés, de vos investisseurs, de vos amis, de votre conjoint(e). Si vous appliquez ce principe à toutes vos actions, vous êtes un leader. Objectif du jour : déterminez comment faire en sorte que votre entourage passe une excellente journée.
B) Utilise la critique constructive : « Oui, et… »
J’ai écrit un livre intitulé Le pouvoir du non.
Mais dans le cas présent, je vais plutôt vous inciter à dire « oui ».
Un matin, Claudia a eu l’idée d’une blague avec laquelle elle voulait commencer une conférence. J’avais une suggestion à lui faire, mais je ne lui ai pas dit : « Ne fais pas ça, fais plutôt ça. » À la place, je lui ai répondu : « Oui, et…« , puis j’ai expliqué une technique utilisée en théâtre d’improvisation.
Pourquoi ? Parce que j’avais confiance en Claudia et que j’accordais de l’importance à ses idées ; si je lui avais juste dit « Non ! », cela aurait été un manque de considération pour le temps qu’elle avait passé à y réfléchir.
J’ai donc répondu : « Oui, et… » en mentionnant d’abord les points positifs de son idée, puis en expliquant comment et pourquoi, à mon avis, il était possible de l’améliorer. Je traite toujours les idées et les réflexions d’autrui avec respect, et j’essaie de leur apporter quelque chose au lieu de les rejeter.
VOICI COMMENT FONCTIONNE LA CRITIQUE CONSTRUCTIVE :
a. Commencez votre phrase par « Oui, et ».
b. Énumérez ce qui est bien.
c. Expliquez ce que vous amélioreriez.
d. Déterminez la vision qui sous-tend l’idée dont vous parlez.
e. Reliez le « pourquoi » de ce que vous suggérez à la vision initiale. Cela fonctionne-t-il mieux que l’idée d’origine ?
f. Acceptez le fait que vous puissiez avoir tort. Vous pouvez toujours, TOUJOURS vous tromper.
C) Reconnaît l’importance de la gratitude
Il y a quelque temps, j’ai discuté avec Lewis Howes. C’est un athlète qui, après avoir vécu sur le canapé de sa sœur, est devenu un spécialiste de LinkedIn et qui anime aujourd’hui un webinaire valant plusieurs millions de dollars. Je l’ai invité à participer à mon podcast il y a quelques mois.
Je n’ai pas configuré de messagerie vocale sur mon téléphone, mais Lewis m’a raconté que la sienne invitait ses interlocuteurs à lui faire part d’une chose dont ils étaient reconnaissants avant de laisser un message.
Il m’a dit que les messages qu’on lui laissait le scotchaient.
J’imagine toujours qu’un vrai leader est entouré de personnes qui appellent leur mère à la fin de la journée en disant : « Maman, tu ne devineras jamais ce que j’ai fait aujourd’hui. Écoute ça… »
Évidemment, certains jours sont moins drôles que d’autres parce que parfois, le travail ne l’est pas. Mais veillez à ce que, chaque jour, vos employés puissent appeler Lewis Howes et qu’ils aient au moins une nouvelle chose dont ils soient reconnaissants à raconter.
Il peut s’agir d’une nouvelle compétence qu’ils ont apprise. D’un nouveau client qu’ils ont rencontré et qu’ils ont pu satisfaire. Ou encore du départ d’un client qu’ils détestent – parce que vous ne pouvez pas laisser vos employés contracter les virus que les mauvais clients se font un malin plaisir de propager.
D) Maîtrise la règle 30-150 (ou la règle de vision)
En dessous de 30 personnes, une entreprise est une tribu. Il y a 70 000 ans, si une tribu comptait plus de 30 individus, elle se scindait en deux groupes.
Une tribu, c’est comme une famille. Dans une famille, vous savez exactement à qui vous pouvez faire confiance ou non. Vous apprenez à vous soucier des problèmes de chacun. Vous savez tout des membres de votre tribu.
Avec 30 personnes, un leader passe du temps avec chaque personne de la tribu et sait écouter leurs problèmes.
Entre 30 et 150 personnes, vous ne connaissez pas forcément tout le monde. En revanche, vous avez ENTENDU PARLER de tout le monde. Vous savez que vous pouvez faire confiance à Julie, parce que Jérémy vous a dit que vous pouviez lui faire confiance, et que vous faites confiance à Jérémy.
Au-delà de 150 personnes, vous ne pouvez pas vous renseigner sur tout le monde. C’est impossible. Toutefois, nous, les humains, possédons une faculté que les autres espèces n’ont pas.
Nous nous sommes rassemblés autour d’histoires, qui portent sur le patriotisme, la religion, le sport, l’argent, les produits… des histoires qui affirment que nous sommes géniaux, que nous sommes les MEILLEURS !
Si deux personnes croient la même histoire, elles auront beau se trouver à des milliers de kilomètres l’une de l’autre et ne pas se connaître du tout, elles auront tout de même le sentiment de pouvoir se faire confiance.
UN LEADER RACONTE L’HISTOIRE D’UNE VISION : nous fournissons le meilleur service pour telle raison… Nous apportons aux autres une aide incomparable pour telle raison… Nous avons le meilleur design pour telle raison… Nous traitons mieux les autres pour telle raison…
Une bonne histoire – comme toutes celles qui existent – commence par un problème, détaille le processus difficile de résolution de ce problème et se conclut par une solution qui est meilleure que tout ce qui a pu être envisagé auparavant.
Vous commencez par écouter les autres, puis par prendre soin d’eux. Ensuite, vous les rassemblez derrière une vision en laquelle ils croient, en laquelle ils ont confiance et qui les unit.
La survie des entreprises dépend de cette vision. Une société que j’ai conseillée s’est développée en acquérant 200 bureaux régionaux, qu’elle fédère aujourd’hui derrière une seule marque.
La clé du succès réside dans la crédibilité de l’histoire construite autour de cette marque. Pourquoi les produits ou services de cette entreprise sont-ils les meilleurs ? Les gens doivent croire l’histoire qui leur est racontée.
D’ailleurs, c’est grâce à cela que les humains ont pu dominer toutes les autres espèces : parce que nous sommes capables de faire des plans et de nous organiser en groupes beaucoup plus importants que les autres. C’est la raison pour laquelle il n’y a pas d’autres sapiens dans le monde. Il n’y a que des homo sapiens sapiens (autrement dit, des humains).
Vous voulez une preuve ? 3 000 ans après l’arrivée de l’Homme en Australie, il ne restait plus aucune espèce capable de nous résister. Nous les avions toutes exterminées.
Vive l’humanité !
E) Ne craint pas le changement
Nous avons tous une blessure que nous voulons oublier. Par exemple, la mienne peut se réveiller si quelqu’un se moque de mon apparence. Par le passé, je me sentais mal quand on m’interrogeait sur ma fortune, ce qui, dans mon esprit, allait de pair avec l’estime de soi. En tant que PDG, je peux me sentir mal si les « chiffres » baissent.
Par conséquent, nous tentons de dissimuler cette blessure. Nous portons de beaux vêtements – pas parce que nous les aimons, mais parce qu’ils nous protègent de la souffrance que nous pourrions ressentir : ainsi, personne ne se moque de notre apparence.
Imaginez tout ce que nous faisons pour nous protéger de cette souffrance. Nous évitons d’aller faire des courses pour ne pas tomber sur les personnes à l’origine de cette blessure. Nous camouflons certains chiffres parce que nous ne voulons pas que les investisseurs croient que nous sommes de mauvais directeurs d’entreprise.
Alors, très vite, tout ce qui, nous le croyons, nous apporte de la joie (parce que nous évitons à présent toute souffrance) n’est en réalité qu’un rempart contre la souffrance et le changement.
Quand on fait tomber ces remparts, la vie devient certes plus incertaine, mais nous gagnons la LIBERTÉ.
Nous évoluons dans un monde plus vaste, où le risque et la beauté vont de pair, et nous n’avons plus peur de la souffrance que cela implique.
Un leader est toujours prêt à affronter le changement. Il sait que la souffrance est simplement une occasion de vivre dans un monde plus riche et plus vaste.
C’est le secret que la plupart des personnes oublient quand elles bâtissent leur maison de briques et restent cloîtrées à l’intérieur, protégées du monde extérieur, pour que la souffrance ne les trouve pas.
F) Conserve sa dignité
L’autre jour, une personne que j’avais invitée à participer à mon podcast a annulé au dernier moment. J’avais décalé d’autres rendez-vous et même changé l’heure à laquelle je comptais aller voir l’une des pièces de ma fille pour interviewer cette entrepreneure très talentueuse.
Elle voulait reporter notre entretien, mais j’ai refusé, bien que ce soit au détriment de mon podcast et de toutes les personnes qui travaillent avec moi et attendaient cette interview avec impatience.
Je n’étais pas en colère contre cette femme. Elle gère une entreprise et était certainement très occupée. En plus, les gens reportent des rendez-vous sans arrêt. Simplement, je n’ai pas aimé qu’elle me prévienne au dernier moment. J’avais réservé un créneau en studio et je n’avais rien à présenter.
J’ai créé mon podcast avec un objectif précis en tête. Toutes les personnes que je reçois ont transformé leur vie pour la façonner comme elles le désiraient. Je veux aider mes auditeurs grâce aux histoires inspirantes de mes invités.
Le monde change à toute vitesse ; c’est terrifiant. Je veux aider les autres à avoir moins peur, et je sais que je suis moi-même moins effrayé quand j’écoute les récits de mes invités et que j’apprends de leur expérience.
Depuis que j’ai créé mon podcast, j’agis comme si j’avais déjà atteint mon objectif – comme si mon podcast était devenu le lieu où les gens viennent pour aider les autres à affronter la métamorphose spectaculaire de notre monde et de l’économie.
Si je ne traite pas mes propres projets avec respect, comment puis-je espérer que les autres fassent de même ?
Si je n’ai pas d’amour-propre, comment puis-je espérer que les personnes qui m’entourent me traitent (ou se traitent les unes les autres) avec dignité ?
G) Sait qu’il y a toujours une bonne et une véritable raison
Tous les jours, des gens vous font part de leurs problèmes. Ils ont en général de très bonnes raisons de se plaindre : « le client en demande trop« , « Julie n’a pas fait son travail correctement » ou encore « ma voiture est en panne« .
Un jour, une employée a souhaité me voir à l’extérieur du bureau. Elle était en pleurs. Je lui ai demandé ce qu’il se passait. Elle avait peur de mal gérer le dossier d’un client.
C’était le cas, mais ce n’était pas le véritable problème. En fait, elle avait entendu l’un de mes partenaires commerciaux la critiquer dans son dos, et, depuis, cela avait des conséquences négatives sur son travail au quotidien.
C’était cela, le véritable problème qui devait être résolu. Il le fut, et tout rentra dans l’ordre – employée, client, partenaire, etc.
Dans 100 % des cas, il y a une bonne raison et une véritable raison.
Un vrai leader prête une oreille attentive à la bonne raison et propose une solution, mais il cherche surtout à comprendre la véritable cause du problème. Il y a TOUJOURS une véritable raison. Essayez de trouver de quoi il s’agit et déterminez ce que vous pouvez faire pour aider la personne.
Une bonne solution résout un problème, tandis qu’une véritable solution en résout cent.
H) Préserve sa santé
Un leader malade n’est pas un grand leader. Un leader qui passe du temps avec des personnes qui lui font du mal n’est pas un bon leader. Un leader qui n’exerce pas en permanence sa créativité n’est pas un bon leader. Un leader qui n’éprouve pas de gratitude pour tout ce qu’il possède déjà ne pourra jamais mener sa vision vers la réussite, car il ne saura pas comment faire.
Être en bonne santé n’est pas quelque chose d’immédiat. Il est indispensable de s’entraîner afin de progresser. Il vous suffit de cocher la case « en cours ». Les progrès s’additionnent chaque jour et se transforment en richesse.
I) Aime ce qu’il fait
Warren Buffett affirme qu’il va au bureau avec plaisir et qu’il pourrait même faire son travail gratuitement. Certes, c’est peut-être facile à dire pour quelqu’un dont la fortune s’élève à 50 milliards de dollars.
Néanmoins, j’ai lu les lettres qu’il a rédigées dans les années 1950, alors qu’il se lançait dans les affaires. Elles ne sont pas rendues publiques. Je me suis évertué à les retrouver quand j’ai écrit un livre à ce sujet en 2004.
À la lecture de ces lettres, on se rend compte qu’il adorait ce qu’il faisait, alors même qu’il était fauché et travaillait dans son salon. Il prenait plaisir à dénicher et à acheter des sociétés dont personne n’avait entendu parler, de telle sorte que personne n’avait vu qu’elles étaient extrêmement sous-évaluées.
L’argent ne doit pas être le seul moteur de vos actes. Les gains financiers sont un effet secondaire de la persévérance. Vous devez persévérer dans les activités qui vous intéressent. Déterminez ce qui vous plaît et poursuivez vos efforts. Vous pourrez alors profiter de tous les effets secondaires qui en découlent.
J) Est son propre guide
Vous n’avez pas besoin de guider qui que ce soit.
Avant de pouvoir guider autrui, je dois être mon propre guide. Je dois lire. Je dois essayer de m’améliorer de 1 % par semaine. Je dois m’intéresser à différentes choses et cumuler beaucoup d’expérience.
Je dois progresser dans ce qui m’intéresse. Je dois comprendre plus précisément les expériences douloureuses que j’ai vécues. Je dois améliorer ma santé quotidiennement, sur les plans physique, émotionnel, mental, spirituel, comme je le conseille à tout le monde.
Parfois, je ne le fais pas. Et je m’en rends compte. Mais ce n’est pas grave. Pas la peine de s’en vouloir. Aujourd’hui est un nouveau jour – le seul qui compte.
Ma définition de la réussite est la suivante : « Suis-je en train de passer une bonne journée ? »
Après tout, qui sait si demain aura lieu ? Le jour présent est le seul dont la réussite m’importe.
Et chaque lendemain réussi ne dépend que d’une chose : la réussite du jour présent.
2 commentaires
Merci par James Altucher. Bisessss
Super analyse et merci pour ces lectures très inintéressantes et motivantes
Angelo SALOMONE