“La crise est une hydre. Dès qu’on pense qu’une tête a été coupée, une autre surgit quelque part. En Europe, il s’agit des banques insolvables”, réagissait Simone Wapler à propos du nouveau volet de l’affaire Dexia.
“Comme nous vous le répétons depuis le début de cette débâcle, des Etats insolvables tentent de sauver des banques insolvables et vice versa. Tout ceci ne peut que mal finir, malgré tout l’argent imprimé. A peine le dossier grec est-il provisoirement repoussé sur le coin du bureau qu’il faut rouvrir le dossier banque. Donc voici que Dexia se rappelle à notre bon souvenir. Perte : 11,6 milliards d’euros. Dexia est classé comme ‘systémique’, ce qui en langage clair signifie que sa chute peut en entraîner d’autres et déstabiliser le ‘système’.”
Pour l’heure, les 11,6 milliards d’euros de perte de Dexia sont perdus par les actionnaires de Dexia, c’est-à-dire en partie — mais en partie seulement — par les Etats français et belge. Dexia pourrait passer de ce qui est en réalité une situation de faillite organisée à une banqueroute brutale. L’addition n’en serait que plus salée pour les contribuables.
Sur l’autre front de la crise, les nouvelles ne sont pas plus optimistes : pour la seconde fois en trois ans, la zone euro replonge en récession.
D’après le la Commission européenne, les pays de l’euro verront leur PIB se contracter de 0,3% en 2012. Seules la France et l’Allemagne seraient épargnées. Le commissaire Rehn insistait jeudi dernier : “les pays que les marchés surveillent au plus près doivent tout faire pour atteindre leur objectif budgétaire” de retour à l’équilibre.
Mais tous les plans d’austérité ou de rigueur issus de tous les sommets européens de-la-dernière-chance semblent apporter de moins en moins d’espoir sur la sortie de cette crise !
Regardez ce que déclarait Wolfgang Schäuble, le ministre des Finances allemand, cinq jours à peine après l’accord pour la Grèce décrocher par de l’Eurogroupe : “il n’y a aucune garantie que la voie choisie aboutisse au succès. Il est également possible que ce ne soit pas la dernière fois que le Parlement allemand doive étudier une aide financière pour la Grèce“. Dans une lettre adressée à des parlementaires, il sous-entend que cet accord est probablement déjà insuffisant… tout en recommandant aux parlementaires de voter pour ce plan de renflouement.
Il sera d’ailleurs question de cette propension de la Grèce à faire faillite aujourd’hui dans l’article d’Edmond About — écrivain, journaliste et critique d’art français, membre de l’Académie française — que nous vous proposons aujourd’hui.
Je dois vous avouer que je suis très excitée à l’idée que vous découvriez ce texte. Car il est exceptionnel. Je m’explique : ce texte a été écrit en… 1855 ! Nommé en 1851 membre de l’Ecole française d’Athènes, Edmond About séjourne deux ans en Grèce et en tire un livre La Grèce contemporaine.
Le chapitre Finances mérite d’être lu dans son intégralité. Vous aurez donc l’occasion de découvrir ces deux prochaines semaines l’analyse stupéfiante de modernité d’Edmond About !
La totalité de l’oeuvre est disponible librement sur le site internet de la Bibliothèque Nationale de France, alors n’hésitez pas à aller y jeter un oeil.
Vous retrouverez également ci-dessous Mory Doré. Il se penche lui aussi sur le problème de la Grèce — et surtout sur la menace que sa situation fait peser sur la zone euro. L’éclatement de la zone euro ne semble plus être tabou… Des bruits en Allemagne aux rumeurs dans les couloirs des professionnels des marchés, Mory fait le point pour vous !
PS : J’ai oublié de vous en parler mais guettez cette publicité dans vos journaux. Celle-ci est extraite des Echos de vendredi dernier. Vous pourrez y lire un message subventionné par un groupe d’entrepreneurs grecs qui a décidé de crier sa volonté et sa détermination à rester dans la zone euro…
Que penser d’une époque où des citoyens d’un pays se sentent obligé de promouvoir leur motivation et leur bonne volonté dans une publicité ? Qu’il s’agit certainement d’une crise grave qui va bien au-delà de l’économie au sens classique. Dans l’économie du crédit qui est en train de s’effondrer, le principal capital est la confiance. Pour que la confiance revienne, il ne faut pas imprimer de l’argent. Il faut purger les mauvaises dettes, d’une façon ou d’une autre.