Bill Bonner, fondateur d’Agora, écrivait en 2009 dans nos publications :
« Si vous êtes assez chanceux pour gagner au loto, faites attention à vous. Quasiment tous les gagnants du loto finissent ruinés au bout d’un an ou deux. En fait, nombre d’entre eux sont encore plus ruinés qu’ils ne l’étaient avant de toucher le gros lot. »
L’argent est un bon serviteur et un mauvais maître. Il peut faire le malheur de ceux qui ne l’utilisent pas à bon escient.
C’est aujourd’hui le cas de nombreux sportifs de haut niveau qui ont gagné beaucoup d’argent très jeunes et qui n’y étaient pas préparés.
Une étude du cabinet allemand Schips Finanz a révélé qu’à la fin de leur carrière, 50% des footballeurs européens finissent ruinés. L’association Xpro quant à elle, qui aide les joueurs pros anglais et irlandais, affirme que trois footballeurs sur cinq se retrouvent sans le sou cinq ans seulement après l’arrêt de leur carrière.
Des chiffres édifiants qui sont encore plus alarmants Outre-Atlantique, où les boxeurs, les joueurs de NBA (basket) et ceux de NFL (football US) notamment, qui perçoivent des salaires astronomiques, sont connus pour être de très mauvais gestionnaires.
Dans les années 90, Mike Tyson avait beau être le champion le plus riche de l’Histoire avec plus de 300 millions de dollars engrangés au cours de sa carrière, il a bien dû avouer en 2003 qu’il était totalement ruiné par une vie de faste et d’excès en tout genre.
Croulant sous les dettes et les crédits dont il ne pouvait plus s’acquitter, il dut se résoudre à reprendre du service à coups d’exhibitions de boxe, de petits rôles au cinéma et de spectacles autobiographiques.
En 2015, Bryan Bergougnoux, ancien espoir du football français, brisait l’omerta dans la presse sportive :
« C’est comme si je dilapidais cet argent parce que je culpabilisais de gagner autant. J’avais l’impression que cet argent était un problème et que je devais m’en débarrasser.
Je n’étais pas préparé à ça. Et quand tout cet argent arrive, soit on est très mature, bien entouré, et on a la capacité de gérer ça, soit on n’est pas du tout préparé, sans un entourage fort, et ça dérape. »
Dans toute richesse, ce sont les fondations qui sont importantes. Si elles sont fragiles, l’argent s’écroule tel un château de cartes.
Une mise en garde que James Altucher a érigée en précepte et qui constitue la base de sa stratégie. A l’occasion de la sortie de son nouveau livre, Choisissez-vous – le Guide vers la Richesse, nous en avons discuté ensemble, à Paris. J’ai choisi aujourd’hui de vous partager quelques extraits de cet entretien exclusif et inédit.
L’entourage au cœur du plan d’attaque
Sur tous les terrains, le fameux « entourage » est devenu le sujet favori des commentateurs de l’actualité sportive.
Au début des années 2000, on attribuait la descente aux enfers de Nicolas Anelka – devenu à 20 ans la nouvelle coqueluche du football français – à son « entourage nuisible ». Quinze ans plus tard, on loue celui de Kylian Mbappé, star à 19 ans auréolée du nouveau statut de champion du monde et dont on encense la lucidité jusqu’à la caricature.
Rien n’est à ce point binaire. Mais le football, par les passions exacerbées qu’il engendre, est le reflet excessif de la société. En témoigne sa propension à faire et défaire ses idoles en très peu de temps.
Je ne sais rien des vérités de ces deux joueurs, encore moins de leurs fréquentations respectives et je ne suis pas adepte du manichéisme. Mais je sais à quel point les parcours de chacun sont tributaires de ceux qui les entourent. Et dont il est souvent bien difficile de s’affranchir.
Lors de notre entretien, James a été radical :
« Si vous avez ne serait-ce qu’un seul être « toxique » dans votre entourage, quelqu’un de mauvais pour vous sur le plan affectif, vous ne pouvez pas gagner. Vous devez éviter ces gens, les ignorer, ne pas faire attention à eux.
Vous devez vous entourer de personnes très positives pour vous, qui vous soutiennent et que vous soutenez. »
Plus facile à dire qu’à faire quand les habitudes sont tenaces. Ou quand les tentations sont fortes. Mais c’est une décision qui peut s’avérer salutaire. Dans Choisissez-vous, James écrit :
« Si vous commencez à fréquenter des gens qui ne vous aiment pas et ne vous soutiennent pas, alors vous mourrez ».
Il conclut ainsi, dans une dernière pirouette :
« Lorsque vous vous roulez dans la boue avec un porc, lui, il est content. Vous, vous êtes couvert de boue. »
Nous cherchons LA valeur qui va nous rendre riche, mais…
Cela ne devrait pas être notre priorité.
En tout cas pas si nous sommes mal entourés, que nos fondations sont fragiles. Bien entendu, les lecteurs de James profitent régulièrement de ses recommandations d’investissement avisées, dont certaines les ont rendus très riches.
Mais James l’a été lui-même à plusieurs reprises. Il a été extrêmement riche. Puis il a tout perdu. Deux fois.
Il raconte : « Une fois,j’ai gagné beaucoup d’argent et je me suis dit : « Ça y est, c’est bon. Je n’ai plus besoin de faire ce qu’il faut désormais. » Deux ans plus tard j’étais sur la paille. »
A quoi bon gagner beaucoup d’argent si c’est pour le dilapider ?
La richesse implique trois compétences : la créer, la conserver et l’augmenter. Lors de notre interview, il confesse :
« Ce sont des compétences différentes. J’étais doué pour la première. Il m’a fallu du temps, pour être capable de la conserver. Et encore plus de temps pour être capable de la développer. A mesure que vous la créez, il faut comprendre que vous ne pouvez pas vous contenter de la dépenser. Car vous n’êtes peut-être pas doué pour la conserver. »
Ne soyez pas ces anciennes gloires dont nous avons parlé en introduction et qui, rendues ivres de leur fortune, en ont oublié la valeur.
James poursuit :
« L’argent est le fruit mais vous devez faire pousser l’arbre. J’ai toujours gagné de l’argent et je l’ai perdu car je n’avais pas créé l’arbre. Le fruit tombait et se gâtait. Alors il vaut mieux créer un tronc sain, puis l’arbre, puis le feuillage et les fruits. »
L’argent n’est en somme qu’un produit dérivé, un effet secondaire.
Les idées sont la monnaie du XXIème siècle
Dans la vie de James et dans son livre, ce sont les idées qui prévalent. Les siennes, mais aussi les nôtres – celles qu’il nous encourage à former, à développer. Les idées font les richesses de notre siècle, la fortune de notre vie. Encore faut-il entretenir notre créativité, la stimuler, la sublimer.
Pour y parvenir, il donne les détails de son entraînement quotidien, qui s’applique à tous les domaines de l’existence. Et qui lui permet de fourmiller d’idées.
Un dernier extrait de l’interview ?
« Aujourd’hui par exemple, j’ai noté 24 règles concernant la richesse, juste pour moi. C’était ma liste d’idées du jour.
Parfois ce sont des idées de livres ou d’articles, parfois ce sont des idées d’entreprises que Yann pourrait créer, ou que je pourrais créer, ou qu’Amazon pourrait créer.
Ou des scénarios de film que je pourrais écrire. Je n’écrirai jamais un scénario de film mais cela aide à être créatif. La plupart des idées sont mauvaises, mais vous n’aurez jamais une bonne idée si vous ne notez pas des milliers de mauvaises idées.
C’est la compétence la plus importante que j’ai apprise. »
Se mettre dans les meilleures dispositions émotionnelles pour développer des idées et ainsi construire le socle sur lequel la richesse sera pérenne : voilà les bases de l’indépendance financière.