Photo prise par Antoine Dominique www.antoinedominique.com
Tout est parti d’une requête adressée à ma directrice de rédaction :
– « Isabelle, m’autorises-tu à prendre deux jours de congés pour un week-end prolongé à Londres ? La coupe du monde de rugby est en Angleterre cette année, c’est une occasion unique ! »
– « Oui, profites-en ! Pour un passionné comme toi, ça ne se rate pas ! Ce sera l’occasion d’écrire un article sur le sujet à ton retour. »
Au départ, je ne voyais pas vraiment où elle voulait en venir. Puis je me suis souvenu que lors de mon entretien d’embauche, j’avais mis en avant les valeurs de mon sport favori, qui m’ont toujours accompagné dans le cadre professionnel. L’humilité lors des stages qui ont jalonné mon parcours, la persévérance pour évoluer durant mon premier emploi, l’esprit d’initiative quand j’ai décidé de me lancer au Brésil… Pour ne citer que celles-ci.
Au reste, quiconque se rêve un jour chef d’entreprise se doit de faire preuve d’exemplarité, à l’instar du capitaine de l’équipe.
Les marques ne s’y trompent pas
Depuis que les fameuses « valeurs » du rugby font recette — on peut situer ce regain de popularité auprès du grand public à la coupe du monde 2007 en France –, nombre d’entreprises se sont appuyées dessus pour rassembler autour de leur marque.
On peut citer pêle-mêle Sofinco, HSBC, Gedimat, mais aussi les partenaires historiques comme GMF et Société Générale, dont le slogan « Rien n’est plus beau que l’esprit d’équipe » est dans toutes les mémoires.
Si aujourd’hui la récupération marketing de ces valeurs tend à les galvauder quelque peu, on ne peut nier qu’elles se fondent parfaitement dans l’univers de l’entreprise.
Historiquement déjà, en Angleterre, le rugby a longtemps été associé aux classes dirigeantes, qui voyaient dans ce « sport de voyous pratiqué par des gentlemen« , selon la célèbre formule, un exutoire après le stress des affaires. Et sur le fronton de l’un des collèges les plus renommés d’Angleterre, à Wellington, on peut encore lire Virtutis Fortuna Comes (la fortune sourit aux braves).
Le rugby comme métaphore
J’en parle en connaissance de cause : je suis tombé dans la marmite étant petit et j’y trempe toujours. Je sais tout ce qu’il m’a appris.
L’essence du jeu de rugby, c’est la mêlée. Huit joueurs se lient et unissent leurs efforts pour gagner le ballon et le rendre ainsi exploitable au demi-de-mêlée qui le transmettra à son demi d’ouverture, placé derrière lui. Car ici, on passe la balle vers l’arrière, comme si l’on déléguait une tâche.
Il y a une forme de hiérarchie.
Le demi d’ouverture est dépositaire du jeu, c’est lui qui décide de la stratégie à mettre en place. Derrière lui, les arrières proposent des solutions. Il observe, puis lance ses centres ou ses ailiers vers l’objectif : aplatir le ballon derrière la ligne d’essai.
Au rugby, chacun a son rôle, sa tâche, sa mission. Si l’un d’entre eux faillit, c’est l’équilibre de toute l’équipe qui s’effondre.
On y apprend donc à se responsabiliser, à se sacrifier pour les autres, à se dépasser pour l’équipe. On va au « soutien » de son coéquipier lorsqu’il va au sol, ou lorsqu’il s’isole avec le ballon. On avance ensemble, toujours.
Le rugby, ce sport de combat collectif.
Mener les hommes
Comme dans toute organisation, il y a un chef d’équipe. Le capitaine commande, il est d’ailleurs le seul à avoir le droit de parler à l’arbitre.
Toujours avec respect.
Mais le capitaine est aussi un meneur d’hommes, quelqu’un qui doit apprendre à motiver les siens, à les encourager à donner le meilleur d’eux-mêmes. Se faire respecter tout en montrant l’exemple. Il doit être irréprochable s’il est exigeant avec les autres.
C’est un chef d’entreprise. Et il sait qu’il a besoin des autres pour atteindre l’objectif.
Jean-Pierre Rives (photo ci-contre), légende du rugby français, disait : « Accepter d’être capitaine, c’est perdre le droit à la facilité et à l’indulgence« .
Une école de la vie
Avant d’intégrer la catégorie adulte, le rugbyman en herbe ira à l’ « école de rugby ». Il y apprendra à respecter l’arbitre, les règles, l’adversaire. Il y apprendra à se comporter comme un homme.
Et au moment d’entrer dans la vie active, il saura pourquoi il a choisi ce sport. Travailler en équipe, travailler pour l’équipe, rester humble. Puis prendre des initiatives, assumer ses responsabilités. Et peut-être un jour, créer sa propre équipe, et devenir capitaine.
Une suggestion à faire à vos enfants ou à vos petits-enfants ?
Profitez-en, c’est la période idéale !