Je veux disparaître. Je voudrais emménager dans un vieil immeuble, dans un endroit où je ne parlerais jamais à personne.
Je me ferais livrer mes trois repas par jour. J’apprendrais à communiquer avec mes voisins, qui parleraient toutes les langues, sauf l’anglais.
J’apprendrais à jouer à leurs jeux et je jouerais avec eux sur le trottoir, nous parierions 5 ou 10 cents, nous ririons et nous écouterions la musique provenant d’une stéréo dans une voiture qui ne fonctionnerait plus.
Parfois c’est ce que je ressens lorsque j’ai l’impression d’être emprisonné et humilié. La douceur de l’invisibilité.
Quand je me sens coincé, cela me rend malade. Je veux plus de la vie que je mène. Je veux faire un autre boulot. Je veux faire ce que j’aime.
Puis je retombe malade.
C’est ce que je ressens lorsque j’ai l’impression d’être emprisonné. Dans un boulot. Une carrière (peut-être une carrière pour laquelle j’ai passé dix ans à travailler et dans laquelle je me suis investi pendant 20 ans). Une relation. Quoi que ce soit.
J’aurais aimé me dire plus souvent : le passé n’est pas le geôlier de mon avenir.
Je pense, « parce que j’ai un diplôme en X, je dois faire Y. » Ou parce que je vis avec A, c’est pour la vie. Ou parce que j’ai écrit sur J, alors c’est ma vie maintenant.
Ou parce que j’ai échoué une fois en affaires ou dans le monde de l’art, je ne pourrai plus jamais essayer. Ou parce que mes parents veulent que je sois médecin, je dois être médecin.
Nul.
J’ai parlé avec Matt Berry, il faisait ce qui, pour moi, était un travail de rêve : il écrivait des scénarios de films, mais tout ce qu’il voulait faire, c’était écrire des billets (100$ le billet) sur des blogs dédiés à la « Fantasy League »
Huit ans plus tard, il est devenu l’un des meilleurs présentateurs pour ESPN dans le cadre de la « Fantasy League ».
Ou peut-être était-ce Jim Norton, avec qui j’ai grandi, qui conduisait des tracteurs et acceptait des emplois subalternes alors que la seule chose qu’il voulait, c’était être comédien. 20 ans plus tard, il est l’un des comédiens les plus connus au monde.
Ou peut-être que c’est vous ou moi, extrêmement malheureux dans une relation ou un travail, sachant qu’il y a autre chose dehors. Que les choses doivent changer.
10 étapes
Ce ne sont pas 10 étapes pour vous. Comme un programme en 10 étapes. Ce sont les dix étapes que j’ai finalement appris à appliquer par moi-même. Pour arrêter de me rendre malade. Pour arrêter de jeter mes rêves à l’eau. Pour guérir mon estomac des douleurs quotidiennes.
A) CONSTATER
Je suis nerveux. Impossible de me lever. Une seule chose à faire lors de cette étape : constater cet état de fait.
C’est comme un murmure. Il ne provient pas de « l’univers extérieur » mais de votre corps. Physiquement, il vous empêche de sortir du lit.
Il commence à vous ronger de l’intérieur. Votre corps vous détruira si vous ne vous réinventez pas. Mais vous devez d’abord y prêter attention.
Je dis : « Ah, voilà ce que c’est. »
La plupart des gens passent par cette étape à l’âge de 30 ans, ne changent jamais et sont lentement mangés vivants.
Ils cherchent des traitements, mais il est impossible de prescrire quoi que ce soit. Ces médicaments ne sont pas en vente libre et vous serez morts avant de les trouver.
B) LA DÉSILLUSION
Je constate. Mais je sens que les choses ne changeront jamais. Je suis piégé. Mes parents/amis/amants/patrons n’approuveront jamais.
Ou bien : Je vais faire faillite. Ou bien ça veut dire que j’ai gâché toute mon éducation. Ou de l’argent… Ou un esprit. Ou un amour.
Je me sens « triste. »
Commencez à énumérer les choses que vous aimez. Qu’aimiez-vous quand vous étiez enfant ? Qu’aimez-vous faire à présent ?
Il ne peut pas s’agir que de moi. Essayez aujourd’hui. Essayez demain. Améliorez votre technique. Couchez sur papier les choses que vous aimiez quand vous étiez enfant et celles que vous aimez maintenant. Réfléchissez bien et reliez les ponts entre eux.
Tout est là. Tout vous attend. Tout était là pour moi.
Brian Koppelman avait la sensation d’être coincé dans le monde de la musique. C’est ce que sa famille faisait. Il avait été éduqué pour ça. C’est le domaine dans lequel il excellait.
Mais le passé n’est pas un geôlier.
Il a passé trois ans à échanger des idées avec son partenaire d’écriture et ami de lycée David Levien, et ils ont fini par écrire le scénario de « Rounders », puis « Ocean’s 13 » et ce qui sera la prochaine émission sur Showtime, « Billions ».
Je continue de chercher des indices chaque jour. Chaque jour est le Jour de la réinvention.
C) APPRENDRE
Si on ne se réinvente pas, on meurt.
Allez à la librairie et voyez quels livres vous laissent sans voix. Quelles sont les conversations qui vous passionnent. Quelles sont les relations qui vous stimulent et que vous voudriez voir s’intensifier.
Lisez tout ce qui se présente. Trouvez ensuite le nouveau cercle de personnes à qui vous pouvez parler. Apprenez sur tout. Étudiez tout. Observez tout.
Les gens commenceront à vous regarder. Ils diront : « Ce gars est une catastrophe. »
On m’a dit : « Tu vas gâcher ta vie. » Ou « Tu n’as aucune idée de ce que tu fais. »
Ce n’est pas grave. Ils ne sont pas non plus mes geôliers. Je suis le geôlier. Tous les matins j’ouvre la prison et j’allume la lumière..
D) L’ÉCHEC
J’ai échoué dans tout ce que j’ai commencé. Mes deux ou trois premières tentatives d’entreprises ont échoué. 17 des 20 entreprises que j’ai créées ont fermé leurs portes.
Mes cinq premiers livres n’ont jamais été publiés.
Après que maintes relations se sont soldées par un échec, j’ai divorcé.
J’ai également échoué lorsque j’ai voulu faire une émission de télé. Ou deux. Ou trois.
La liste pourrait s’allonger, mais c’est ennuyeux.
Si vous aimez quelque chose, vous savez à quoi ressemble ce qu’il y a de mieux au monde.
J’essaie d’être le meilleur tout de suite mais, là encore, je suis un idiot. Il faut d’abord être malheureux pour voir à quel point c’est dur. Pour savoir jusqu’où on peut aller.
Cela prend beaucoup de temps.
Puis cela se transforme en persévérance, ça permet de surmonter l’obstacle.
Persévérance + Amour = Succès.
E) FAUT-IL CONTINUER ?
Peut-être. Ou pas. J’ai écrit quatre romans au début des années 1990. Aucun n’a été publié. J’ai arrêté. J’ai accepté un boulot pour HBO et j’ai renoncé.
Sept ans plus tard, je me suis remis à écrire. Des trucs de finance ennuyeux. Puis, 8 ans plus tard, j’ai commencé à écrire des choses plus personnelles.
Maintenant, j’écris ce que je veux. Mais nous verrons bien. En ce moment, j’écris quelque chose de différent.
Quelque chose de beaucoup plus douloureux. Peut-être qu’un jour je serai bon. Mais j’adore essayer de m’améliorer. J’adore être une épave.
Ne soyez pas blasé et ne renoncez pas. Ne rejetez pas la faute sur de mauvais prétextes. N’avancez pas trop vite.
Peut-être que vous aimiez peindre lorsque vous étiez enfant.
F) LE RETOUR
Souvent, mes relations, mes écrits et mes affaires me contrarient.
Pour moi, relever les défis commence par s’en vouloir. Quasiment tous les jours, je pousse plus que nécessaire, jusqu’à ce que ça fasse mal.
Parfois, ça fait trop mal.
Mais je sais quand je suis coincé. Je sais le reconnaître. Je sais trouver ce que j’aime. Et j’espère pouvoir persister. Parfois, c’est possible. Parfois, c’est impossible.
Mais je reviendrai toujours aux choses que j’aime.
G) LES MENTORS
Dans tous les domaines de ma vie, j’ai eu d’excellents mentors.
Comment trouver un mentor ?
Si vous en voulez un en personne : donnez-lui des idées.
Ne dites pas : « En quoi puis-je vous aider ? » Parce que ça lui donne du travail. Pourquoi vous aiderait-il si vous ne faites que lui donner des devoirs ?
Dites-lui comment vous pouvez améliorer sa vie.
Si vous voulez des mentors virtuels (parfois les meilleurs), lisez 200 livres dans votre domaine d’intérêt. 50 livres valent un mentor.
Et si vous n’avez pas 200 livres ?
Mais vous les avez. Un livre sur la mécanique quantique correspond à un livre sur la peinture des papillons. Lorsque vous faites des recherches en fonction de ce que vous aimez, tout est relié.
H) VOUS DEVENEZ VOTRE PROPRE VOIX
Les Beatles, Pink Floyd, les Rolling Stones, U2, le Wu-Tang Clan ne ressemblent à rien de ce qui existait avant eux.
Ils n’ont pas l’air 100 % différents. Ils ont tout emprunté au passé, ils ont imité ce qui existait depuis des années, puis ils ont développé leur propre voix et leur caractère unique.
Beaucoup de gens (moi y compris) abandonnent entre l’imitation et l’unicité. C’est le piège de l’imitation. Ne vous laissez pas avoir.
Coucher sur le papier dix idées par jour sur ce qui vous intéresse est une technique pour avoir votre propre voix.
I) ÉCHOUER UNE NOUVELLE FOIS
L’échec permanent est la clé du succès.
Je ne parle pas de s’asseoir par terre et pleurer de désespoir.
Mais appeler la fille dix fois et la supplier de répondre « je t’aime ». (Attendez, est-ce que je viens simplement de penser ça ou est-ce que je l’ai écrit ?)
Ce n’est qu’en échouant, en comprenant l’échec et en le documentant, en le plaçant dans la case « choses à éviter » et celle des « choses qui ont fonctionné » que vous pourrez réussir.
Vous VOULEZ échouer autant que possible. Ensuite, ramassez les morceaux rapidement et réessayez.
Même les pensées peuvent échouer. Il est également important de les identifier : « utile »/ « inutile » au fur et à mesure qu’elles surviennent.
C’est comme à l’entraînement.
C’est la vitesse avec laquelle vous « réessayez » qui mène au succès. Pas le désespoir, l’angoisse et l’anxiété narcissique à la pensée que cela ne marchera peut-être plus jamais.
Donc maintenant voici la formule :
Constater + Persister + Mentors + Échouer rapidement+ Amour = Succès
Mais il reste un élément qui est essentiel.
J) LES PERSONNES QUE VOUS AIMEZ
Quand je suis bloqué, je fais appel à des amis afin qu’ils me rattrapent. Quand je tombe, ils me tendent la main et me relèvent.
C’est Dieu. Une prière se dissipe dans l’air. Une question à un ami, ça vous sauve.
Ils ne savent pas toujours ce qui est le mieux pour vous. Mais ils vous réconforteront et vous soutiendront et vous leur en serez reconnaissants et ils vous en seront reconnaissants.
Ne parlez pas dans leur dos. N’essayez pas de leur apprendre quoi que ce soit. Soyez juste reconnaissant. Je crois que je dois ma vie aujourd’hui, même la semaine dernière, à mes amis.
Une réinvention n’est peut-être pas un changement radical. Vous ne passerez peut-être pas du statut de camionneur à celui de joueur de basket-ball professionnel.
Au lieu d’être une bonne personne, vous serez peut-être juste meilleur.
Juste compétent au lieu d’être incompétent.
Vous serez peut-être un grand ami et non un bon ami.
Au lieu d’être esclave, vous serez peut-être libre.
Au lieu de laisser les autres choisir le moment où vous devriez être heureux, vous trouverez peut-être comment vous choisir vous-même pour le bonheur.
Appliquez chaque jour tout ce dont je viens de parler. C’est un entraînement.
Un jour vous pourriez être astronaute et le lendemain, peintre. Ce n’est pas grave. C’est votre fragment de vie entre deux infinités géantes. Remplissez-le de gâteau et d’or.