Par Anne Harald,
- Je suis vendeur dans un magasin, il ne tourne pas très bien, il n’y presque pas de clients. Je me sens inutile, je m’angoisse pour mon salaire mais je culpabilise de demander une prime, je ne supporte plus les clients. Je pleure beaucoup.
- Très actif au cours de ma vie professionnelle, j’attendais avec hâte la retraite. Mais depuis que je suis retraité, tout me paraît être une montagne, je ne suis capable de rien, j’ai des douleurs diverses, une transpiration excessive et je dois prendre des anxiolytiques.
- J’ai été mise au placard et je ne travaille que quelques heures par jour. J’ai bien pensé à démissionner, mais je n’ai pas trouvé d’autre emploi. Je ressens un immense épuisement et j’ai peur de faire une dépression.
Voici en substance les témoignages que j’ai pu voir sur les forums sur Internet au sujet du burn-out.
On s’aperçoit vite de quelque chose d’étrange…. Le burn-out n’était-il pas la conséquence d’une trop forte pression au travail ? Stress, horaires sans fin, pas de vacances, patron exigeant…
Oui, en effet.
Mais il y a un pendant au burn-out.
Le bore-out. C’est-à-dire être à bout par manque de travail, de motivation ou de défis professionnels (boring : signifie ennuyeux en anglais).
Le bore-out a explosé en Europe depuis la crise, avec le sous-emploi
Le site Atlantico estime ainsi que 20% de la population active européenne est sous-employée. Plus généralement, l’ennui au travail concernerait 32% des salariés en Europe, selon l’étude Steptone menée dans 7 pays en 2008. Ajoutez à l’ennui la culpabilité : car comment exprimer ce mal-être ? Le plus souvent, la réponse des gens sonne ainsi : « de quoi te plains-tu, tu es payé à ne rien faire. Et puis pense à tous ceux qui sont au chômage. »
Les risques du bore-out sont bien réels pour la santé
Ils rappellent parfois ceux du burn-out, en passe d’être reconnu en France comme maladie professionnelle : insatisfaction, faible estime de soi, épuisement, insomnie, perte de poids, déprime, voire même dépression. Sans oublier divers effets périphériques mais tout aussi nocifs.
Pour pallier l’ennui, les remèdes sont généralement le grignotage, la consommation excessive de café, de tabac ou même d’alcool. Résultat, les salariés en situation de bore-out ont deux à trois fois plus de risques d’avoir une maladie cardio-vasculaire que les autres, selon une étude réalisée en 2010 auprès des fonctionnaires anglais et très justement intitulée Bored to death (s’ennuyer à mourir).
Difficile de les cerner car les employés en situation de bore-out le dissimulent
Repérer les salariés proches du bore-out n’est pas toujours évident.
Certes, une présence accrue à la machine à café est un signe, la multiplication des pauses cigarettes un autre, mais café et cigarettes peuvent aussi être l’apanage des gens surmenés.
En fait, il est difficile de les cerner car les employés en situation de bore-out le dissimulent, au travers de stratégies d’évitement. Elles sont expliquées dans un livre intitulé Diagnosis Boreout (diagnostiquer le bore-out), rédigé par deux consultants d’affaires suisses, Peter Werder et Philippe Rothlin, à l’origine du concept. Ils ont ainsi observé que les personnes sous-employées ont tendance à feindre l’activité, voir le surmenage, pour éviter de se voir confier de nouvelles tâches ennuyeuses. Elles poussent jusqu’à rester plus longtemps que nécessaire à leur bureau ou à déjeuner devant leur ordinateur. Elles pratiquent également l’étirement des tâches, afin que chaque action occupe le plus de temps possible de leur journée.
L’un des symptômes du bore-out est souvent l’incapacité à agir
Difficile donc de détecter ses collègues victimes de bore-out, mais difficile également de se l’avouer à soi-même. Il n’est pas aisé d’intégrer l’idée que sa situation professionnelle est anormale et qu’il va falloir la faire évoluer. D’autant plus que l’un des symptômes du bore-out est souvent l’incapacité à agir : ne pas se proposer sur des projets plus intéressants, ne pas chercher un autre travail, ne pas demander d’entretien à son supérieur pour aborder le problème…
La solution ? Elle passe souvent par un changement de poste, incluant parfois une pause pour se reconstruire.
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