Nous nous attendions à un rebond des marchés. Cela ne sera pas pour tout de suite. En attendant, la situation ne s’améliore vraiment pas en Europe.
Les marchés se sont transformés en lapins apeurés. Ils ont accumulé un maximum de carottes et se sont terrés au fond de leur terrier. En fait, cela devient n’importe quoi. Et vous savez la meilleure ? C’est tant mieux… pour nos investissements !
Commençons par les ennuis de l’Europe. Personnellement, la crise de l’euro, c’est un peu comme le champagne ou le chocolat après les fêtes de fin d’année : je n’en peux tout simplement plus. J’imagine que nombre d’entre vous partagent cette opinion : nous voudrions revenir sur les marchés et voir enfin le bout du tunnel.
En attendant, les quelques opérateurs qui traînent encore sur les Bourses occidentales sont manifestement inquiets. J’en veux pour preuve la hausse de l’or ces derniers jours et les obligations allemandes qui se vendent à des rendements négatifs.
Quand une banque ne fait plus confiance à une autre banque…
Qu’est-ce que des rendements négatifs ? Eh bien, c’est la preuve que plus personne n’a confiance dans les banques européennes.
Voyons cela de plus près. Depuis plusieurs mois, les sommes déposées auprès de la BCE battent record sur record. Ce qui signifie que les banques européennes préfèrent — et de loin — confier leur argent à la BCE (avec un rendement minable) plutôt que de faire comme elles sont censées le faire : se le prêter entre elles.
Les prêts interbancaires sont la base de notre système financier. Les banques ont besoin de ces fonds pour leurs opérations courantes. Normalement (c’est-à-dire pas ces derniers mois), ces besoins sont couverts par des prêts interbancaires à très court terme, aussi appelés “overnight” puisqu’ils doivent être remboursés le lendemain de leur émission.
En ce moment, ces prêts rapportent environ 0,396%. Ils permettent donc à la banque débiteur d’assurer son fonctionnement courant et à la banque créditeur de gagner de l’argent.
Depuis quelques mois, les banques préfèrent confier leur argent… à la BCE. Les dépôts overnight auprès de l’institution de Francfort frôlent quotidiennement les 500 milliards d’euros. Comme vous pouvez le constater sur le graphe établi par l’Agefi, sur un an, les sommes déposées auprès de la BCE ont plus que doublé.
Or ces dépôts auprès de la BCE rapportent peu : 0,25% — à comparer donc aux 0,396% des prêts interbancaires.
Si les banques préfèrent gagner moins d’argent — ce qui n’est pas vraiment inscrit dans leurs gènes — c’est qu’elles savent qu’il y a une forte probabilité de ne pas revoir l’argent prêté. Entre crédits pourris et dettes souveraines douteuses, les comptes des banques sont largement plombés.
Quand plus personne ne fait confiance aux banques
Mais le dépôt auprès de la BCE n’est possible que pour les banques. Si vous êtes un gérant de fonds ou un particulier, vous ne pouvez pas faire appel à l’institution de Francfort. Comme les banques, vous n’avez pas confiance dans le système bancaire. Il vous faut trouver un autre moyen d’être sûr de récupérer votre argent.
Et c’est là qu’intervient le marché obligataire et plus précisément les obligations allemandes. Nous vous le disions, la dernière émission obligataire allemande, quatre millions d’euros d’obligations à six mois, s’est échangée au rendement négatif de -0,0122%.
Imaginons que l’Allemagne émette 100 euros d’obligations court terme. Le gérant de fonds inquiet que vous êtes, propose 101 euros pour acquérir ces 100 euros d’obligations. Mais évidemment, l’Allemagne ne vous remboursera que 100 euros. Vous avez donc perdu un euro dans l’opération.
Pourquoi acceptez-vous une telle perte ? Eh bien, justement, parce que vous n’avez perdu qu’un euro… et non 5, 10 ou 20.
Les rendements négatifs signifient que les investisseurs ont confiance dans la capacité de remboursement de l’Allemagne. Ils sont persuadés qu’ils retrouveront bien leur 99 euros (les 100 euros empruntés — le 1 euro de rendement négatif) ; c’est déjà pas mal dans ces temps d’incertitude. Et c’est beaucoup plus sûr que de prêter à une banque par exemple.
Qu’en conclure ? Que le système bancaire européen va vraiment mal. En décembre, c’était même la Fed qui était intervenue pour faciliter les emprunts par les banques européennes de dollars.
Qu’est-ce que cela signifie pour vous ?
Les ennuis des banques européennes sont loin d’être terminés. Rappelez-vous que les rendements des obligations italiennes à 10 ans dépassent maintenant les 7%, signe que le poids de la dette va commencer à sérieusement plomber l’économie de la Botte. Un appel à l’aide italien pourrait donc être proche, et ce après ceux de la Grèce, de l’Irlande, de l’Espagne et du Portugal.
La BCE essaie d’empêcher la dégringolade en rachetant les dettes des banques européennes et, aussi, celles des Etats en difficulté.
Mais comme vous le savez, jusqu’à présent Mario Draghi, en cela soutenu par l’Allemagne, se refusait à lancer une politique massive de rachats d’obligations souveraines. Jusqu’à quand pourra-t-il tenir cette position ?
La perspective d’un quantitative easing à l’européenne se fait de plus en plus crédible. Ce qui pourrait donner un gros coup de fouet aux marchés actions, qui repartiraient à la hausse.
Autre bénéficiaire d’une telle politique : l’or évidemment. Et en particulier le cours de l’once en euros. Vous avez certainement remarqué que le métal jaune était en hausse depuis le début de l’année. Il s’affiche à 1 645 $ au moment où j’écris cet article et a déjà gagné plus de 5% depuis le 1er janvier.
Voilà ce à quoi nous nous attendons :
– à court terme, une aggravation des marchés boursiers ;
– puis une reprise à la fois des actions et des matières premières ;
– puis, peut-être d’ici la fin de l’année, une nouvelle dégringolade.
C’est évidemment un scénario qu’il faudra vérifier mais encore une fois, n’oubliez pas ces deux conseils :
- méfiez-vous d’un probable rebond
2. accrochez-vous plus que jamais à votre or.