(Oui je sais. J’ai déjà écrit sur ce sujet. TOUTEFOIS, quelqu’un vient de me poser la question sur le forum Quora ET les choses ne cessent de changer. Voici donc ma réponse.)
J’ai perdu cinq années de ma vie à obtenir un diplôme.
J’ai d’abord obtenu mon diplôme de premier cycle en informatique en trois ans.
Puis j’ai suivi un cycle supérieur, toujours en informatique, mais j’ai été renvoyé au bout de deux ans, après avoir raté quatre cours d’affilée. Pendant ce temps, j’ai écrit trois ou quatre romans – qui n’avaient rien à voir avec mes cours.
J’ai écrit un roman sur un romancier porno qui tombe amoureux d’une prostituée. J’ai écrit un roman sur un homme qui invente sa propre monnaie. J’ai beaucoup écrit sur mon enfance. J’ai écrit un roman historique religieux. Aucun n’a été publié.
J’ai passé 10 000 heures à programmer. Je savais développer un système d’exploitation. Je pouvais démonter puis remonter entièrement un ordinateur.
Si j’avais vécu au XIXème siècle, j’aurais sans doute pu inventer l’ordinateur. Je pensais être bon.
Mon premier boulot « dans le monde réel » fut programmeur. Le deuxième jour à ce poste, j’ai fait planter tout le réseau et fait perdre les mails de tout le monde.
Mon patron vint me voir dans mon box (c’était très embrassant, tout le monde autour de nous pouvait entendre et en faire des gorges chaudes) et me dit : « Nous voulons vraiment que tu y arrives, mais ce n’est pas le cas. Nous allons donc t’envoyer en cours de rattrapage en informatique. »
J’ai donc dû me taper tous les jours deux heures de trajet en voiture pour suivre des cours de rattrapage en programmation informatique. J’y ai appris à programmer, j’ai fini par lancer trois ou quatre entreprises de logiciel et j’ai investi dans une dizaine d’autres.
Je ne veux pas dire par là que « l’université ne sert à rien ». Il faut tenir compte de plusieurs aspects. Je veux juste expliquer ce que j’y ai appris et ce que cela m’a apporté.
Est-ce que cela m’a quand même permis d’obtenir ce premier boulot ? Non. J’ai lamentablement raté mon entretien. Je ne connaissais la réponse à aucune question.
C’est par un autre biais que j’ai pu obtenir le poste. J’en ai déjà parlé par ailleurs. Il me suffit de dire que deux semaines plus tard, on me proposa le poste, et avec une prime à la signature. Merci Rob !
Plus tard ce jour-là, mon patron de l’époque commença à me crier dessus pour une broutille. Il ne savait pas encore que l’on venait de me proposer un autre job.
J’ai levé la main et lui ai dit : « C’est bon. Je n’aime pas qu’on me crie dessus, je m’en vais. Salut. »
Il n’en croyait pas ses oreilles. Il s’excusa puis s’excusa à nouveau par mail. Je lui répondis : « Ne traitez pas les autres comme vous ne voudriez pas que l’on vous traite. » Et je suis quand même parti.
Six années plus tard, alors que je gérais une société de capital-risque, il me soumit un projet. Je lui répondis : « Je te rappellerai. » Depuis, je ne lui ai plus jamais reparlé.
Voici donc mon histoire avec les études supérieures. J’ai écrit à ce sujet un livre qui a été classé meilleure vente pendant près d’un an sur Amazon dans la catégorie « Études supérieures ».
Je vais à présent vous présenter mes dernières réflexions « pour » et « contre ».
Je ne vous oblige pas à me croire, le sujet est complexe. Simplement, il faut bien garder à l’esprit que le monde change très vite.
Il faut bien comprendre qu’il s’agit d’un secteur de plusieurs milliers de milliards de dollars qui a des motivations autres que celles d’enseigner.
Voici la vérité la plus honnête.
LES POUR
1) On a du sexe à gogo
Les parents ne sont plus là. Pour ma part, j’ai eu une petite amie pour la première fois quand je suis rentré à l’université. Rien ne vous empêche de faire ce que vous voulez. Donc vous le faites. Beaucoup.
2) On picole
Je n’avais jamais touché à l’alcool ou à la drogue avant l’université.
À la fin de mon cycle de trois ans (j’ai obtenu mon diplôme avec un an d’avance grâce à des cours d’été parce que je voulais économiser de l’argent), j’avais connu plusieurs cuites et j’avais essayé la marijuana.
3) Pour la dernière fois de votre vie, vos amis sont exactement comme vous
Lorsque j’avais 19 ans, mes amis avaient 19 ans. Lorsque j’avais 20 ans, ils avaient 20 ans aussi.
Aujourd’hui j’ai 47 ans. L’âge de mes amis varie de 24 ans à 84 ans, ils sont tous de nationalités différentes et ne partagent pas la même orientation sexuelle. C’est ça la vraie vie. L’université n’est qu’une extension du lycée.
Je ne trouve pas d’autres éléments « pour ».
Qu’en est-il de l’enseignement ?
Depuis que j’ai 23 ans, je lis plusieurs livres par semaine. Ce n’est qu’après avoir quitté l’université que j’ai appris à apprécier la lecture.
Mais certaines personnes apprennent des choses à l’université, je ne peux pas dire le contraire. Chaque cas est unique.
Lorsque l’on vous oblige à lire des livres, à vous souvenir de faits, il est difficile de les apprécier.
Imaginez être enfermé dans une cage et qu’on vous gave de chocolat toute la journée. Vous en seriez vite dégoûté.
LES CONTRE
1) Le coût et l’endettement
Ces deux éléments sont souvent cités comme le point négatif le plus important. Ce n’est pas tout à fait vrai, mais je les cite quand même.
Le diplômé universitaire moyen, âgé entre 18 et 35 ans, gagnait 36 000 dollars par an en 1990. Aujourd’hui, ce même diplômé moyen gagne 33 000 dollars. Je tire ces chiffres des statistiques fiscales américaines.
Pourtant, la dette étudiante a augmenté, passant de quasiment zéro à 1 400 milliard de dollars.
Si vous avez 25 ans, que vous avez une super idée qui pourrait changer le monde et que vous voulez lancer votre entreprise, comment pouvez-vous le faire si vous êtes enchaîné à un bureau pour rembourser votre dette ?
Vous ne pouvez même pas vous déclarer en faillite pour vous en débarrasser. D’une main l’État vous nourrit jusqu’à l’abattoir (l’université) et de l’autre, il saisit tous vos actifs.
Voilà une super entreprise où travailler si vous en avez l’occasion.
2) Des alternatives bon marché
L’autre jour, je discutais avec Scott Young. Pour 2 000 dollars et en 10 mois, il a obtenu un diplôme en informatique du MIT.
Comment a-t-il fait ? Le MIT a mis en ligne tous ses cours. Cela ne durera peut-être pas éternellement.
Le MIT le fait parce qu’il sait que les gens croient encore que cela vaut la peine de dépenser 2 000 dollars pour faire ce qu’a fait Scott et obtenir ce morceau de papier où il est inscrit « Foutaises ».
Si l’on demandait aux employeurs « Embaucheriez-vous Scott même s’il n’a pas le diplôme authentique ? » (il a suivi tous les cours et a passé tous les examens mais n’a bien sûr pas pu obtenir un morceau de papier qui le prouve), beaucoup d’entre eux répondraient : « Oui. Il a de l’initiative. »
Beaucoup d’écoles mettent en ligne leur programme d’études. Il existe aussi des écoles qui n’enseignent qu’en ligne comme Code Academy, Lynda, Coursera, Udemy, Creativelive, Fedora, etc. où l’on peut trouver des cours vraiment extras.
3) Les opportunités manquées
J’ai adoré l’informatique. Mais que serait-il arrivé si, au lieu de consacrer cinq années à apprendre la version théorique de l’informatique (et puis devoir aussi prendre des cours de soutien), je m’étais mis tout de suite à travailler avec les ordinateurs ?
Ou si j’avais lancé mon entreprise ? Qui sait ?
Beaucoup d’entreprises célèbres dans les logiciels, lancées par des jeunes de 19 ou 20 ans, ont commencé ainsi. Que se serait-il passé si je l’avais fait ?
Au lieu de cela, j’ai dû attendre 5 ans avant de pouvoir ne serait-ce que l’envisager parce que je consacrais la période de temps la plus précieuse de ma vie à prendre des cours qui ne m’apprenaient rien.
Je ne suis pas amer (cf. les « pour ») mais je me demande souvent ce qui aurait été différent.
Et si vous n’avez pas un esprit scientifique ? Même chose. Ma fille veut devenir actrice. Pourquoi ne pourrait-elle pas simplement passer des auditions et obtenir de véritables rôles au lieu de perdre son temps à étudier la comédie ?
J’ai récemment discuté avec Mark Messick. Il a 16 ans, a quitté l’école à 11 ans et gagne aujourd’hui 4 000 dollars par mois grâce aux livres qu’il écrit. Le rêve !
Il suit encore des activités parascolaires à son lycée pour continuer à voir ses amis mais il a des années-lumière d’avance sur ses camarades de classe en matière d’apprentissage et d’opportunités.
4) Mais qu’en est-il des études de lettres et de sciences sociales et humaines ?
Dans le cadre d’une étude, on a interrogé des élèves une minute après la sortie des cours puis à nouveau 50 minutes après.
Après 50 minutes, ils n’avaient quasiment rien retenu de ce que l’on leur avait appris en classe.
La seule manière d’apprendre quelque chose est de s’y intéresser passionnément, de l’apprendre, de le répéter puis d’essayer de l’enseigner à quelqu’un d’autre.
Ce n’est pas ce que l’on nous apprend à l’école. On apprend aux jeunes à retenir des faits, pas à s’interroger. Pourtant, c’est en remettant le monde en question que tout apprentissage est assimilé.
Après des études supérieures, 80% des gens ne relisent jamais plus un livre. Si vous lisez ne serait-ce que 5 pages par jour (c’est-à-dire pendant 10 à 20 minutes, le temps qu’il faut pour lire Voici ou Gala) d’un ouvrage qui vous intéresse, vous lirez 1 800 pages de plus par an.
Ce n’est pas en étant en classe que vous créerez votre avantage sur les autres mais en consacrant 1 % de votre journée à vous cultiver.
5) Des études bidons sur les revenus
Beaucoup d’universités, pour vanter leurs bénéfices, mettent en avant exactement la même étude : les gens qui obtiennent un diplôme ont, 20 ans plus tard, gagné en moyenne 500 000 dollars, soit bien plus que les gens qui n’ont pas de diplôme.
Cette étude est fallacieuse : elle n’a pas été contrôlée et elle est basée sur des données démographiques datant des années 1970 et 1980, lorsque ceux issus des classes moyennes allaient à l’université et ceux issus des classes populaires n’y allaient pas.
Ceci pourrait expliquer pour l’essentiel les différences de revenus mais les études ne mentionnent pas cela.
Je propose une autre étude : parmi tous ceux qui ont été acceptés à Harvard, empêchons la moitié d’intégrer l’université et demandons-leur à la place de profiter de ces quatre années pour gagner de l’argent.
Puis voyons qui a gagné le plus d’argent 20 ans plus tard.
6) Ce n’est pas un filet de sécurité
J’ai demandé à mes enfants pourquoi selon elles il était préférable d’aller à l’université. Malgré mon insistance (ou peut-être à cause d’elle), elles pensent toujours que c’est une bonne idée de faire des études supérieures.
En fait, mes enfants se rebellent en exigeant une éducation traditionnelle.
Toutes deux disent la même chose : « C’est un filet de sécurité pour avoir un boulot. »
« Qui vous a dit ça ? » Elles ne peuvent pas me répondre. C’est ce qu’elles ont entendu dire quelque part.
Oubliez les revenus que je cite plus haut. Des changements arrivent.
Récemment, la société de consulting Ernst & Young a annoncé qu’elle n’exigerait plus de diplôme d’études supérieures pour embaucher un candidat.
Google a également déclaré la même chose.
De plus en plus de gens cesseront de regarder si oui ou non vous avez un diplôme d’études supérieures.
Le filet de sécurité a disparu, je le vois dans mes propres entreprises. Les cadres moyens à travers les États-Unis sont rétrogradés.
QUE FAIRE À LA PLACE ?
- Étudiez beaucoup de sujets, des sujets qui vous plaisent. Si rien ne vous plaît, travaillez pour une oeuvre caritative ou voyagez à travers le monde (oui cela a un prix mais c’est moins cher que de faire des études supérieures).
- Pratiquez une activité professionnelle. Si vous voulez devenir médecin, travaillez dans un hôpital et voyez si cela vous plaît vraiment.
- Lisez tous les jours, cinq pages par jour.
- Apprenez les compétences qui sont essentielles dans tous les aspects de la vie mais qui ne sont jamais enseignées à l’université : la vente, la négociation, le bien-être / la psychologie positive, l’échec et la communication.
Un jour, lors d’un dîner, quelqu’un qui travaillait pour Bloomberg (le maire de NY), me demanda : « Laisseriez-vous quelqu’un qui n’a pas fait d’études vous opérer du cerveau ? »
Je lui répondis : « Il ne s’agit pas de moi. Laisseriez-vous votre fils que la médecine n’intéresse pas suivre plusieurs années d’études afin qu’il puisse juste opérer mon cerveau même s’il en déteste chaque minute et s’endette d’un million de dollars ? »
Une personne connaît en moyenne 14 carrières différentes au cours de sa vie. Mais aujourd’hui, à cause des coûts et de l’endettement, les jeunes sont éternellement enchaînés à leur première carrière.
Faites les choix qui vous permettent de vous libérer de ces chaînes aussi rapidement que possible.
Allez à VOTRE PROPRE UNIVERSITÉ. Elle ne dispense qu’un cours ; chaque jour à votre réveil, demandez-vous : « Comment puis-je être 1 % meilleur qu’hier, dans tous les domaines de ma vie ? »
Vous avez une mission. Envolez-vous du nid et accomplissez-la.
1 commentaire
Bonjour.
Grand merci pour vos idées que je partage à 100 pour 100.
Je suis licencié en Français mais je ne cesse de proclamer que j’ai perdu des années à étudier et à travailler comme enseignant.