En matière d’investissement, nous avons tendance à faire comme ceux qui nous ont précédés. Beaucoup de gens placent de l’argent sur le marché actions américain, lequel atteint régulièrement des plus-hauts historiques. Certes, nous avons vécu cette période de 2008-2009, où le fait de posséder des actions s’est révélé effrayant. Mais moins de cinq ans plus tard, un plus-haut historique était atteint chaque semaine.
Ces plus hauts historiques vont-ils persister ? Je l’ignore. Nous agissons ainsi depuis 200 ans, alors peut-être que cela va continuer.
Très souvent, les gens affirment que « cette fois, c’est différent », et un de ces jours, ils auront raison. Mais au cas où vous vous apprêteriez à placer de l’argent dans les actions, nous allons en discuter dans un instant.
D’abord, examinons un comportement criminel (ou du moins suspect) qui est répandu, et que les banques, courtiers, gouvernements, avocats, entreprises, fonds communs, hedge funds, les fonds de fonds, ETF et la Réserve fédérale préfèreraient que vous ignoriez.
Mais je dois d’abord vous raconter une histoire.
Quelqu’un qui détient l’une des plus importantes participations au sein d’une société cotée en Bourse m’a appelé, l’autre jour.
Voici ce qu’il m’a dit :
« James, le Nasdaq veut savoir comment quelqu’un a pu “shorter” (vendre à découvert/parier à la baisse) 10% de nos actions une minute avant la clôture de séance. Comment serait- ce même possible ? » Cet homme, un excellent ami, détient une participation de 800 M$ dans son entreprise.
Voici ce que je lui ai dit :
« David, autorises-tu ton courtier à prêter tes actions à des vendeurs à découvert ? »
Il y a eu un silence.
« Je ne suis pas sûr de comprendre », m’a-t-il dit.
« Eh bien, pour que quelqu’un puisse “shorter” tes actions, à un moment donné, il faut qu’il ait en main les actions qu’il “shorte”. “Shorter”, c’est comme vendre. Tu ne peux pas vendre quelque chose que tu n’as pas », lui ai-je répondu.
« James, mon courtier est la banque la plus prestigieuse du monde (il a cité le nom de la banque, qui fait partie du Top 3 des banques les plus prestigieuses du monde) et je suis un énorme client, pour eux. Pourquoi voudraient-ils prêter mes actions à quelqu’un qui veut me nuire ? », m’a-t-il répondu.
« Parce qu’ils facturent des intérêts là-dessus et qu’ils gagnent de l’argent, et comme tu ne leur as jamais demandé de partager cet argent avec toi, ce sont eux qui l’empochent. Tu possèdes énormément d’actions, alors c’est génial, pour eux, de pousser des gens à vendre tes actions à découvert, car ils peuvent toutes les prêter et prendre 10 à 15 % d’intérêts au passage », lui ai-je répondu.
« Ce n’est pas possible. Ils ne font pas ça. »
« Appelle-les demain et pose-leur la question. Et ensuite, dis-leur que tu ne les autorises pas à le faire, quoi qu’ils te disent. »
Le jour suivant, David m’a rappelé. « James, je leur ai posé la question et ils sont restés muets comme des carpes. Ensuite mon courtier m’a dit : “Dave, je vais vous rappeler.” Or la journée est bientôt terminée, et personne ne m’a rappelé. »
Le jour suivant, ses actions ont grimpé de 15%.
Cette histoire contient énormément de choses qui expliquent comment fonctionne Wall Street. Et, au fait, je ne m’acharne pas sur Wall Street, et je ne dis pas que tout ce qui s’y passe est mauvais. Wall Street aide les entreprises à lever de l’argent, et les entreprises qui lèvent de l’argent embauchent des gens et inventent de nouveaux produits et services, et font toutes sortes de choses amusantes.
Mais je ne veux pas aller jouer dans leur cour, que je possède 100 dollars ou 800 millions de dollars.
Premièrement, pourquoi quelqu’un a-t-il « shorté » les actions de mon ami une minute avant la clôture de séance ?
C’est facile : le vendeur à découvert voulait effrayer les gens à l’ouverture, le jour suivant. Les gens auraient eu peur et auraient vendu, et le vendeur à découvert aurait pu racheter ses actions à un cours inférieur et empocher un joli gain.
Mais pourquoi les banques prêtent-elles les actions et permettent-elles ainsi de pénaliser leurs propres clients ?
Parce qu’elles facturent des intérêts variant de 5 à 50% (!) dans certains cas. Et si le client n’est pas au courant, même en détenant une participation de 800 M$, elles ne partagent pas leurs gains avec lui. Toutes les banques pratiquent cela à longueur de journée avec tous leurs clients.
Bon, allez-vous me dire, j’ai de l’argent placé dans un fonds commun de placement. Alors je parie que la banque ne prête pas les titres que possède le fonds commun de placement.
Faux. Mais dans ce cas, le procédé du fonds commun de placement est sophistiqué. Voici ce qu’il dit : « S’il vous plaît, Mme la banque, pouvez-vous partager l’argent avec moi ? Nous ne le dirons à personne. »
Donc, les fonds communs de placement, lorsqu’ils prêtent des actions à un vendeur à découvert, en tirent parti en percevant une part des intérêts. En réalité, c’est un moyen assez sûr de gagner de l’argent, à Wall Street : le prêt d’actions. Devrait-on l’interdire ?
Bien sûr que non. La vente à découvert a souvent permis à de grands investisseurs de révéler des arnaques comme celles d’Enron et Worldcom car, financièrement, ils ont intérêt à le faire.
Est-ce qu’il y a de l’abus ? Oui : comme pour tout, à Wall Street.
Mais si l’une des plus grandes banques du monde le fait à un client qui pèse 800 M$, vous devez vraiment vous poser la question suivante : et à moi, que fait-elle en ce moment ?
Ensuite, vous allez probablement vous poser la question suivante : « Et quid des comptes-retraites Roth IRA, 401(k), des participations à la retraite de l’employeur, etc. ? »
Je n’en ai aucune idée. Mais je vais vous dire ce que je pense.
D’abord, voici ce qu’il se passe, avec tous ces plans :
- vous avez la main sur le revenu que vous générez pendant 5 secondes, environ ;
- votre entreprise place ce revenu durement gagné dans un plan auquel vous ne pouvez pas toucher avant l’âge de 65 ans.
Mais vous vous dites qu’il est à vous, n’est-ce pas ?
Eh non : pas avant que vous ayez atteint l’âge de 65 ans.
Les seules choses qui vous appartiennent sont les choses que vous pouvez tenir entre vos mains. On va vous dire que c’est à vous, mais les paragraphes écrits en minuscules caractères vous indiquent les pénalités que vous encourez si vous voulez que cet argent soit entre vos mains : dans certains cas, elles sont énormes.
« Alors s’il n’est pas à moi, où va tout cet argent durement gagné ? »
Eh bien, les plans 401(k) sont investis dans des fonds communs de placement.
Or voici ce qui se passe, avec l’argent qui va dans un fonds commun de placement.
Une partie sert à acheter des actions. Lorsque quelqu’un achète une action, cela veut dire qu’une autre personne l’a vendue. Donc, votre argent est passé directement de votre employeur vers un plan 401(k) vers un fonds commun vers quelqu’un qui a vendu une action parce qu’il devait s’acheter un bateau. À ce stade, vous pouvez dire au revoir à cet argent.
Une partie reste en dépôt dans une banque. Cette banque facture des frais de gestion sur cet argent ou bien le prête. Après tout, c’est comme ça qu’une banque gagne de l’argent, non ? Donc, une partie de votre argent durement gagné va peut-être dans le salaire d’un gérant de banque ou entre les mains de quelqu’un qui emprunte de l’argent à la banque pour s’acheter une maison ou une voiture. Voilà ce qui se passe, avec votre argent.
Et une partie de cet argent va dans les mains des gens qui gèrent le fonds commun de placement, n’est-ce pas ?
Ensuite, une partie de l’argent sert aux frais de marketing du fonds commun de placement. Ils ont le droit de dépenser une certaine somme pour acheter de l’espace publicitaire dans les magazines, etc.
Je n’exagère rien. C’est ainsi que fonctionne Wall Street.
- Vous avez gagné cet argent en travaillant dur.
- Vous l’avez eu en main l’espace d’une fraction de seconde.
- À présent, votre argent se retrouve dispersé dans Wall Street et dépensé dans des fêtes arrosées de champagne jusqu’à ce que vous soyez assez âgé (ou juste avant) pour pouvoir à nouveau le toucher.
Il y a toujours un pour et un contre. Oui, votre argent va peut-être énormément fructifier et vous permettre de partir à la retraite en étant très riche. Ou pas. Certains plans enregistrent de belles performances, d’autres non. La tâche est colossale, pour découvrir ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas, et à plus forte raison pour identifier ce qui va fonctionner entre maintenant et le moment où vous aurez 65 ans.
En attendant, je viens de vous dire ce qui arrive en ce moment même à l’argent que vous avez durement gagné.
Peut-être vous demandez-vous également (c’est une très bonne question) la chose suivante : « Et si l’employeur verse autant que vous dans votre plan retraite ? » C’est comme s’il doublait la somme, non ?
Premièrement, il ne le fait pas avec tout votre argent.
Deuxièmement, la plupart des gens ne conservent pas assez longtemps leur emploi, désormais, pour en bénéficier vraiment.
Troisièmement, en ce qui me concerne, cela me rassure encore de ne pas confier mon argent avant d’avoir 65 ans.
Actuellement, j’ai 50 ans. Je pourrais mourir demain. J’aime bien voir l’argent que j’ai gagné en travaillant.
Et si j’ai envie de retirer tout mon argent en billets de banque de deux dollars, d’en remplir ma piscine et de piquer une tête dedans ? Je veux avoir ce choix. Et vous aussi.
À retenir : tous ces jolis plans-retraites sont une façon de transférer de l’argent directement de votre employeur aux professionnels de Wall Street, en vous court-circuitant tout le long. Ce n’est pas la même chose, d’ailleurs, que de se demander :
« Dois-je placer mon argent sur le marché actions ? »
Mais à mesure que nous allons évoluer vers une économie de type Choisissez-Vous, vous devrez reprendre le contrôle sur le devenir de vos actifs personnels. Personne d’autre ne prendra soin de vous. C’est à vous de le faire.