Le secret pour ne pas se faire emporter par l’euphorie boursière et ne pas y perdre toutes ses plumes
Pourquoi les gens investissent-ils quand les cours sont au plus haut ?
C’est une question intéressante compte tenu de l’euphorie boursière qu’a suscitée l’introduction en Bourse de Snap, il y a quelques années de cela.
Il est intéressant de constater que le cours de l’action Snap est désormais assez élevé. Il avoisine les 65 $, mais s’est hissé à ce niveau après avoir passé des années à osciller autour des 20 $. Ceux qui ont investi à long terme s’en sont beaucoup mieux sortis que ceux qui ont voulu profité de l’introduction en Bourse à court terme.
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GameStop, euphorie boursière et investissement « value«
L’histoire complètement folle de GameStop illustre parfaitement cette exubérance boursière.
Le 29 janvier 2021, l’action GameStop a atteint 380 $ et est devenue l’une des valeurs les plus prisées du marché. Qu’est-ce qui explique cet engouement pour une enseigne de centre commerciaux dotée d’un modèle d’affaires archaïque, en pleine pandémie ?
La réponse tient en un mot : l’euphorie boursière. Les boursicoteurs se sont rués sur le titre pour gagner de l’argent rapidement. GameStop a ensuite vu le cours de son action s’effondrer aux alentours de 40 $. Aujourd’hui, l’action vaut plus ou moins 220 $.
Une chose est sûre : dans cette histoire, beaucoup ont perdu gros et beaucoup ont gagné énormément d’argent. Mais ce n’est pas de l’investissement – c’est du jeu de hasard.
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Crypto-monnaies et euphorie boursière
Le dernier exemple de l’irrationalité des investisseurs est celui des crypto-monnaies.
Soyons clairs : j’adore les crypto-monnaies. J’investis dans les crypto-monnaies. Mais je n’achète qu’à prix d’aubaine.
Malheureusement, nombreux sont ceux qui attendent trop longtemps, qui achètent quand les cours sont au plus haut et qui ont peur d’acheter quand les cours plongent car ils pensent avoir « perdu » de l’argent. Ajoutez à cela des crypto-monnaies comme Dodgecoin et tout est réuni pour que de nombreux boursicoteurs se fassent plumer.
Cela soulève une question : pourquoi les gens investissent-ils quand les cours sont au plus haut ?
Dans les lignes du New Zealand Herald, Mike Taylor, directeur général de PIE Funds, nous livre ses éclairages sur la psychologie qu’il faut pour gagner de l’argent.
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Combien pour cette tulipe en vitrine ?
Pour illustrer l’irrationalité des investisseurs et les risques de l’euphorie boursière, il prend l’exemple d’une histoire bien connue : la Tulipomanie.
Pour faire court, entre 1634 et 1637, les prix de certaines variétés de bulbes de tulipe – une fleur très prisée – se sont envolés. Les choses ont vraiment commencé à échapper à tout contrôle en 1636-1637. Alastair Sooke, dans un documentaire de la BBC, nous explique ce qui s’est passé :
L’une des curiosités de la crise des tulipes survenue au XVIIe siècle est que les gens ne s’échangeaient pas les fleurs mais les bulbes de quelques variétés rares et très prisées. Comme l’explique Dash, cela a donné lieu à « ce que nous appellerions de nos jours un marché de contrats à terme ». Les gens ont même commencé à utiliser les tulipes comme une véritable monnaie d’échange : en 1633, des maisons ont été vendues en échange de bulbes. Cette année-là, un bulbe de Semper Augustus valait la somme astronomique de 5500 florins. En janvier 1637, il valait 10 000 florins. Dash explique : « Cela suffisait à alimenter, à vêtir et à loger un foyer néerlandais pour une demi-vie ou à acheter l’une des plus grandes maisons sur le canal le plus en vogue d’Amsterdam, avec une remise et un jardin de 25 mètres carrés. Tout cela à une époque où Amsterdam affichait les prix de l’immobilier les plus élevés au monde. Début février 1637, la bulle des tulipes a éclaté. La demande a disparu et les prix des bulbes se sont effondrés de 90%. Cela a été une véritable catastrophe pour de nombreuses personnes. »
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Les bulles spéculatives se multiplient
Si vous pensez que la bulle des tulipes fut une anomalie de l’histoire alimentée par des imbéciles il y a plusieurs siècles de cela, je vous invite à analyser les bulles spéculatives de l’ère moderne comme la bulle Internet des années 2000, la crise des subprimes de 2008 ou l’engouement pour les fruits du concepteur japonais Sembikiya (une pastèque carrée peut valoir jusqu’à 20 000 £).
Mike Taylor nous explique :
Dans chacun de ces cas, des individus prétendument rationnels ont été contaminés par l’effet de meute et ont acheté et vendu des actifs à des prix qui ne reflétaient pas leur véritable valeur. Souvent, les investisseurs justifient leurs décisions en arguant qu’il y a un nouveau paradigme et que les conditions qui prévalent à ce moment sont vouées à perdurer. La réalité est toute autre. En fait, c’est exactement le contraire.
Il se pourrait que nous soyons confrontés à une nouvelle bulle spéculative. Malgré la pandémie mondiale, le taux de chômage élevé et les fondamentaux de marché instables, les Bourses battent des records. L’euphorie boursière semble se prolonger…
Dans l’univers des crypto-monnaies, nous venons d’assister à une hausse considérable des cours. D’aucuns pensent qu’il serait judicieux d’acheter maintenant. Je ne fais aucune prédiction, mais je ne serais pas surpris de voir une nouvelle envolée des cours, alimentée par des boursicoteurs désireux de surfer sur la vague spéculative. Et ce même pour une crypto-monnaie comme Dogecoin qui présente de nombreux inconvénients par rapport à d’autres crypto-monnaies et dont la hausse du cours a été alimentée principalement par des investissements de célébrités.
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Les trois facteurs de l’euphorie boursière
La plupart des investisseurs pensent que la fête va continuer. Comme l’écrit Taylor, ils croient dur comme fer qu’ils sont dans un nouveau paradigme. Mike Taylor recense trois facteurs qui expliquent cet état d’esprit.
- L’effet d’ancrage. Les investisseurs « s’ancrent » à un prix qu’ils considèrent comme important, mais que le marché considère comme totalement inepte. C’est par exemple le cas des investisseurs qui souhaitent doubler leur mise de départ et qui accepteront de vendre un actif uniquement si ou quand le cours aura atteint ce niveau.
- Aversion à la perte. La plupart des gens ont du mal à admettre avoir perdu de l’argent et les investisseurs essaieront de faire l’autruche, la plupart du temps. Cela signifie que si le cours d’un actif se replie au-dessous du prix auquel l’investisseur l’a acheté, ce dernier est prêt à attendre dans l’espoir que le cours remontera afin de ne pas perdre d’argent. Ce comportement peut se révéler désastreux si l’actif est en phase terminale de correction. Au mieux, cela signifie que votre capital est coincé dans un actif peu performant alors qu’il serait possible de l’investir ailleurs.
- Effet de meute. Dès le plus jeune âge, nous apprenons à céder à la pression de nos pairs par facilité. En matière d’investissement, le mimétisme est quelque chose de très réconfortant. Par exemple, si tout le monde achète des valeurs Internet survalorisées, quand bien même notre cerveau nous dit que c’est insensé, nous justifions notre décision en arguant que tous nos amis le font et qu’ils gagnent de l’argent, et qu’il s’agit donc d’une décision judicieuse.
Il ne fait aucun doute que Warren Buffett sait comment éviter les trois biais comportementaux dont nous parle Mike Taylor. En tant que l’une des plus grosses fortunes du monde, il ne se laisse pas happer par l’euphorie boursière. Il en tire profit. Comment ?
Il y a quelques années de cela, alors que les Bourses atteignaient de nouveaux sommets, Warren Buffett expliquait que les valorisations étaient encore assez basses. Il convient toutefois de préciser que, selon lui, la faiblesse des valorisations s’expliquait par la faiblesse des taux d’intérêt. « Si les taux d’intérêt étaient de 7% ou 8%, les valorisations seraient extrêmement élevées. »
C’est la différence entre un investisseur professionnel et un boursicoteur. Warren Buffett investit en Bourse sur la base de raisons fondamentales, tandis que les amateurs cherchent à profiter de l’euphorie boursière ambiante. Il y a fort à parier que Warren Buffett dénouera ses positions bien après les boursicoteurs. Il gagnera beaucoup d’argent, tandis que les boursicoteurs perdront gros.
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L’éducation financière est indispensable pour survivre à l’euphorie boursière
Malheureusement, l’investisseur lambda ne comprend pas les fondamentaux de la Bourse, et encore moins l’impact des taux d’intérêt sur la valeur des actions. Il se contente d’acheter car le marché évolue à la hausse et parce que tout le monde fait de même.
Cela soulève une question intéressante. Quel est l’antidote à l’effet d’ancrage, à l’aversion à la perte et à l’effet de meute ?
La réponse se trouve dans l’éducation financière.
En comprenant le fonctionnement de l’argent et des marchés, vous êtes plus à même d’anticiper les tendances et d’en tirer profit. Warren Buffett a fait fortune ainsi. Tout comme moi.
Il vous apprendra à investir comme Warren Buffett, pas comme un investisseur lambda. Autant vous prévenir, c’est un exercice difficile et vous ne pourrez pas vous contenter d’acheter des actions et de les conserver en portefeuille en priant pour que les cours augmentent.
Je continue à penser que nous nous dirigeons vers le plus gros krach boursier de l’histoire des États-Unis. Je suis également convaincu qu’avec une éducation financière adaptée, vous pourrez prospérer quand les autres auront du mal à s’en sortir. Pour cela, il vous suffit de vous débarrasser des biais comme l’effet d’ancrage, l’aversion à la perte et l’effet de meute afin de comprendre comment fonctionne l’argent et comment vous pouvez le faire travailler pour vous.