« L’expérience est le nom que chacun donne à ses erreurs », disait Oscar Wilde. Nos parcours sont jalonnés d’échecs cuisants et de flamboyantes réussites, dont nous passons notre vie à essayer d’apprendre.
Chacun souhaite la même chose : limiter les risques de revivre les premiers, multiplier les opportunités de reproduire les secondes. Alors, pour se nourrir des expériences que l’on n’a pas encore vécues, on apprend également de celles des autres.
C’est pour cette raison que nous lisons attentivement James Altucher. Ses échecs passés nous avertissent, ses grandes réussites nous inspirent. La transmission de l’expérience de ceux qui ont réussi est l’un de vos meilleurs atouts.
Et sur la voie de l’indépendance financière, éviter les obstacles qui ont ralenti ceux qui sont déjà passés par là est une première victoire.
Je suis tombé sur un article du Wall Street Journal qui recensait les principales erreurs financières habituellement constatées chez le citoyen lambda à chaque période de sa vie. Je me suis dit qu’il était intéressant pour nous – et pour nos enfants – de prendre en compte ces observations.
Alors partons pour ce voyage à travers les âges !
À 20 ans, ne soyez pas trop prudent
Dans son article, le journaliste du Wall Street Journal Charlie Wells explique que la génération actuelle des 20-29 ans ne prend pas assez de risques dans ses investissements, ce qui la prive des meilleurs rendements potentiels.
C’est aussi le constat fait par Lindsay Larson, professeure à l’université de Georgia, qui a sondé une centaine de participants de cette génération. Il en est ressorti que les 20-29 ans avouaient ne pas avoir la culture financière suffisante pour argumenter, mais qu’il leur semblait que les placements à un niveau de risque faible représentaient la meilleure alternative.
En France, le système éducatif est encore plus frileux pour ce qui est de donner à ses élèves cette « fibre » financière. Alors, n’hésitez pas à combler ce manque auprès de vos enfants et de vos petits-enfants ! Plus tard, ils vous remercieront.
Car ce sont bien ces lacunes qui empêchent cette génération de prendre ses décisions de façon totalement indépendante. Par peur de mal faire.
À 30 ans, dépensez moins, épargnez plus
Les trentenaires sont persuadés qu’ils pourront accéder sans difficulté au même niveau de vie que celui qu’avaient leurs parents lorsqu’ils ont quitté le domicile familial. Ils oublient que ce patrimoine a été construit durant plusieurs années, dans un contexte économique souvent plus avantageux que celui qui les attend.
À un âge où surviennent traditionnellement les évènements fondateurs de la vie d’adulte (mariage, enfants, travail fixe), la génération actuelle tend à prolonger sa vie de nouveau diplômé en dépensant beaucoup et en repoussant toujours plus tard l’effort d’épargne.
Souvent déçue par ses attentes initiales et noyée dans une offre de produits financiers beaucoup plus large qu’auparavant, elle préfère faire le choix de l’insouciance. Pourtant, si vous avez 30 ans, les vraies décisions pour assurer votre futur patrimoine se prennent maintenant !
À 40 ans, faites très attention à vos grosses dépenses
À la quarantaine, vous êtes à peu près à la moitié de votre carrière professionnelle – et c’est à ce même moment qu’interviennent vos plus grosses dépenses.
De nombreux analystes financiers pointent du doigt deux types de dépenses qui sont particulièrement mal gérées : la maison et les enfants.
- Trop souvent – et c’est d’ailleurs une erreur que Mark Ford nous recommande régulièrement de ne pas faire – les gens achètent une maison au-dessus de leurs moyens, ou en tout cas plus chère que nécessaire.
Ils doivent alors travailler dur pour rembourser leur prêt et se retrouvent avec très peu de ressources à leur retraite, comme le remarque l’analyste financier Jonathan Guyton, cité par le Wall Street Journal :
« Quand voulez-vous que votre prêt soit remboursé ? Disons que j’ai 47 ans, que j’ai acheté une très grande maison il y a quelques années, mais que mon prêt sur 25 ans ne sera totalement payé qu’à 70 ans. Cela veut dire que quand sera venue l’heure de ma retraite, je serai encore enchaîné à cette dépense. »
Il recommande donc de réévaluer votre prêt pendant cette période de votre vie. Mark Ford, quant à lui, recommande de revoir son niveau de vie à la baisse :
« Certains de mes amis et membres de ma famille, bien que n’étant pas complètement fauchés, vivent avec une pression financière constante sur leurs épaules car ils refusent de changer de quartier. Ils vivent dans des maisons à 300 000 euros situées dans de très beaux quartiers et leurs voitures sont neuves mais le coût de toutes ces « nécessités » les maintient endettés. La plupart d’entre eux s’appauvrissent même de mois en mois. Déménager dans un quartier moins riche est la façon la plus rapide, la plus radicale et la plus sûre pour diminuer vos dépenses de 30 à 50%. Cela s’appelle le maillet de fer. »
- La deuxième dépense souvent gérée à mauvais escient à cette période de la vie est le budget consacré aux enfants. La plupart des parents décident d’économiser dès la naissance de leur enfant pour mettre de côté en vue de leurs futures études.
Problème : vous ne pouvez pas encore savoir si vos enfants vont réellement avoir besoin de cet argent. Peut-être arrêteront-ils tôt leurs études, peut-être se dirigeront-ils vers des filières qui ne nécessitent pas d’engager des frais importants, peut-être n’auront-ils pas à trouver un logement… Vous ne pouvez pas savoir à l’avance.
Jonathan Guyton recommande alors de penser le budget consacré aux enfants comme l’achat d’une voiture : est-ce que vous êtes sûr que chaque euro supplémentaire mis de côté dans ce cadre va vous être utile ? Car n’oublions pas qu’outre le fait qu’il s’agit d’argent en moins pour votre retraite, c’est aussi un manque à gagner en termes d’investissement…
Le Wall Street Journal fait intervenir Jennifer Lane, experte financière, qui recommande de ne jamais consacrer plus de 10% de vos revenus à vos enfants. De plus, en leur versant un montant fixe, vous les éduquerez à la valeur de l’argent et ils feront davantage attention à la façon de l’utiliser. Si c’est leur argent, ils sauront ne pas le gaspiller.
Gardez également en tête que, de plus en plus, la période durant laquelle vos enfants commencent leurs études correspond à celle où vos parents peuvent avoir besoin d’aide financière… Il y a quelques temps, ces deux périodes étaient beaucoup plus espacées. Aujourd’hui, il arrive très souvent qu’elles se chevauchent.
Raison de plus pour planifier minutieusement cette période de la vie, et de la voir comme une période de gestion plutôt que comme une période de dépenses infinies destinée à gâter tous les membres de votre famille. Mûrissez chaque décision et parlez-en sérieusement avec vos enfants – et vos parents si besoin.
À 50 ans, ne relâchez pas vos efforts
Le cauchemar de beaucoup de cinquantenaires, c’est de se rendre compte qu’ils n’auront sans doute pas assez d’argent pour vivre la retraite qu’ils souhaitaient. C’est d’autant plus vrai aujourd’hui que l’espérance de vie s’est considérablement allongée et qu’à 50 ans, on peut tout à fait avoir encore 40 ans à vivre…
L’erreur la plus communément observée est de commencer à profiter d’un niveau de vie qu’il sera impossible de maintenir une fois à la retraite. Les gens ont tendance à lâcher les chevaux dès que leurs enfants ont terminé leurs études et sont devenus totalement indépendants. Ils dépensent alors beaucoup plus et s’habituent à un certain confort de vie qu’ils devront pouvoir assumer ensuite.
Au contraire, il ne faut pas relâcher ses efforts et résister à la tentation de retirer dans ses comptes épargne ou dans ses économies.
Si vous avez l’impression que vous ne pourrez pas assumer le style de vie que vous vous étiez fixé pour votre retraite, il ne faut jamais négliger la possibilité de l’entrepreneuriat. La période où vous êtes encore actif mais proche de la retraite est idéale pour se lancer : vous avez accumulé un capital humain (connaissances, compétences, expérience) et un capital financier qui multiplient vos chances de réussite.
De manière générale, entre 50 et 60 ans, gardez un esprit conservateur – que ce soit dans vos dépenses ou dans votre démarche entrepreneuriale.
Après 60 ans, n’hésitez pas à déléguer
Plus vous vieillissez, plus votre bilan financier personnel devient complexe. Or de récentes études le démontrent clairement : les capacités analytiques souffrent de l’âge. Avec l’allongement de la durée de vie, la confusion mentale peut également se prolonger dans le temps.
La plupart des gens ont du mal à déléguer la gestion de leurs finances par manque de confiance, mais surtout parce qu’ils pensent qu’ils sont toujours en capacité de le faire. Bien souvent, ce n’est pas le cas.
Ainsi, de la même façon que nous vous recommandions plus haut de former vos adolescents à la finance, continuez de transmettre votre savoir et votre expérience à vos enfants durant toute votre vie afin que vous puissiez, le moment venu, déléguer ces tâches à ceux en qui vous avez le plus confiance.