La chute brutale du fonds Archegos a provoqué une véritable onde de choc sur le marché financier. Retour sur cette faillite retentissante et les dommages collatéraux qu’elle a causés sur les marchés.
De temps à autre, un hedge fund s’effondre si violemment que la déflagration déséquilibre le marché dans son ensemble.
L’implosion d’Archegos, une société de gestion de grandes fortunes, a fait dévisser certaines valeurs phares en Bourse. Surtout, elle a éprouvé les nerfs de nombreux investisseurs et a causé des dommages collatéraux qui pourraient laisser des traces pendant un certain temps.
Si vous faites partie des nombreux retraités qui gèrent eux-mêmes leurs placements en Bourse, je tiens à vous expliquer ce qui s’est passé. Et je veux m’assurer que vous saurez comment éviter les risques que ces spéculateurs agressifs ont développés sur les marchés.
Cerise sur le gâteau : nous parlerons du moyen le plus sûr d’optimiser vos investissements pour profiter de ces stratégies de trading agressives, tout en évitant les risques considérables y afférents. C’est parti !
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Un effet de levier excessif provoque un effondrement spectaculaire
La mésaventure qu’a connue Archegos entache la réputation des hedge funds.
Quand bien même elle n’était pas officiellement immatriculée comme hedge fund, la société d’investissement opérait de la même manière que de nombreux hedge funds spéculatifs non réglementés.
Archegos utilisait l’effet de levier en Bourse pour prendre des positions considérables. Les détails de la faillite d’Archegos ne sont pas encore connus, mais je peux vous expliquer comme ce type de transaction fonctionne dans les grandes lignes.
Lorsque je travaillais pour un fonds d’investissement très conservateur, qui gérait les risques avec prudence, des courtiers nous contactaient régulièrement pour nous proposer d’utiliser l’effet de levier pour prendre des positions plus agressives.
Dans l’univers des hedge funds, les courtiers comme Goldman Sachs, Morgan Stanley, Credit Suisse ou autre prêtent de l’argent à certains fonds pour aider ces derniers à ouvrir et à maintenir des positions trop importantes par rapport à leur encours de gestion.
Par exemple, alors que l’encours de gestion d’Archegos s’élevait à 10 milliards de dollars, le fonds détenait des positions dont la valeur totale était largement supérieure à ce montant.
Voilà comment cela fonctionne.
Un fonds comme Archegos ouvre un compte auprès d’un courtier comme Credit Suisse et dépose 10 milliards de dollars sur le compte en question. Credit Suisse prête ensuite la somme nécessaire pour que le fonds puisse acheter des positions toujours plus grandes. Dans le cas d’Archegos, plusieurs courtiers ont prêté de l’argent à la société d’investissement, ce qui lui a permis d’acheter pour 40 ou 50 milliards de dollars d’actions, voire plus.
À terme, le hedge fund doit rembourser l’argent emprunté. Mais en attendant, le fonds est responsable de tous les bénéfices et de toutes les pertes résultant de ces positions.
Imaginons qu’Archegos ait reçu assez d’argent pour ouvrir des positions d’une valeur totale de 50 milliards de dollars. Si ces positions augmentent de 10% en Bourse, Archegos empoche un bénéfice de 5 milliards de dollars.
C’est un gain considérable par rapport aux 10 milliards de dollars dont disposait la société, au départ. Une hausse de 10% des investissements réalisés par la société engendre une augmentation de 50% de la valeur liquidative du fonds.
C’est formidable !
Mais malheureusement, cet effet de levier fonctionne également dans l’autre sens.
Une baisse de 10% de la valeur des investissements réalisés par le fonds ferait perdre à Archegos 50% de sa valeur.
En cas de baisse de 20%, Archegos ne vaut plus rien et fait faillite. Et c’est là que les choses commencent à devenir réellement dangereuses…
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Les dommages collatéraux de la faillite d’un hedge fund
Vous vous souvenez de ces courtiers qui ont prêté de l’argent à Archegos ? Eh bien maintenant qu’Archegos a fait faillite, ces courtiers sont dans le pétrin. Ils ne récupèreront pas l’argent qu’ils avaient prêté à Archegos. En revanche, ils possèdent toujours les actions détenues pour le compte d’Archegos.
Ces courtiers doivent vendre les actions car c’est le seul moyen pour eux de récupérer un peu d’argent sur le prêt qu’ils avaient accordé à un fonds désormais en faillite. Ces ventes forcées font baisser les cours des actions auparavant détenues par le fonds.
Dans le cas d’Archegos, les plus grosses valeurs à avoir fait l’objet de ventes en catastrophe sont ViacomCBS (VIAC), Discovery (DISCA), Baidu (BIDU) et Tencent Music (TME).
Wall Street peut être sans pitié. Et lorsque la nouvelle court qu’une liquidation forcée est en cours, les autres investisseurs détenant les actions concernées par ces ventes forcées se précipitent pour vendre également afin de se mettre hors de danger.
À tout le moins, les gros acheteurs resteront à l’écart et attendront la fin de la vente forcée pour récupérer les actions à des prix dérisoires.
Cette grève des acheteurs explique en partie pourquoi les cours des actions des entreprises de média et des valeurs technologiques chinoises se sont effondrés lors de la liquidation des positions. Mais elles ne sont pas les seules à avoir fait les frais de cette vente forcée.
Des courtiers comme Credit Suisse (CS) et Morgan Stanley (MS) ont dévissé en Bourse car il est désormais acquis que la faillite d’Archegos leur fera perdre des milliards de dollars.
Si vous détenez des actions de ces banques, vous êtes une victime collatérale du trading irresponsable d’Archegos et des pratiques irresponsables des courtiers prêteurs.
Le pire est qu’après un événement comme celui-ci, les courtiers se montrent plus frileux quant aux sommes qu’ils sont prêts à prêter aux hedge funds et aux traders spéculatifs.
Cela oblige les clients de hedge funds à vendre des positions qui ont été achetées avec ce capital emprunté. Ou, à tout le moins, ces traders spéculatifs ne pourront plus acheter ces actions avec de l’argent emprunté auprès de courtiers.
Ces hedge funds se retrouvant écartés du marché, nous pourrions assister à de nouvelles ventes forcées sur certaines valeurs de croissance particulièrement prisées par les traders spéculatifs depuis un an…
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Gare aux valeurs ayant le vent en poupe
Dès lors que des investisseurs sont contraints de vendre des actions, il est important de s’assurer que vos investissements sont hors de danger.
Ce week-end, j’ai fait des recherches pour savoir quelles étaient les valeurs les plus détenues par les hedge funds, pour identifier les titres les plus vulnérables.
Les hedge funds détiennent principalement deux types de valeurs.
D’une part, les entreprises opérant des activités financièrement responsables, versant des dividendes régulièrement et dont les bénéfices augmentent au fil du temps. Ces entreprises sont particulièrement prisées par les hedge funds car elles peuvent constituer des positions fondamentales qui aident à percevoir des bénéfices tous les ans.
Si ces entreprises se replient en Bourse parce que des hedge funds sont forcés de liquider leurs positions, je vous encourage à les acheter. Car lorsque la vente en catastrophe prendra fin, les cours repartiront à la hausse et la volatilité n’affectera ni l’entreprise ni votre épargne retraite.
Parmi ces valeurs figurent Apple (AAPL), Verizon (VZ) ou Intel (INTC). Ces entreprises représentent des investissements formidables à plusieurs égards. Apple dispose d’une trésorerie pléthorique et devrait augmenter son dividende au fil du temps. Verizon profitera du déploiement de la 5G partout dans le monde. Quant à Intel, la société est en plein processus de redressement, ce qui pourrait engendrer une forte augmentation des bénéfices.
D’autre part, il vous faut éviter les valeurs spéculatives détenues par les hedge funds. Si vous souhaitez tenter le coup, il vous faudra vous montrer prudent et accepter de vendre si les cours commencent à se replier.
Parmi ces valeurs hautement spéculatives figurent Shopify (SHOP), Tesla (TSLA) et Palantir (PLTR).
Je ne serais pas surpris que vous vous inscriviez en faux contre moi concernant ces valeurs. Ces entreprises (et d’autres titres spéculatifs particulièrement prisés par les hedge funds) ont des modèles d’affaires prometteurs et recèlent un fort potentiel de croissance, mais leurs valorisations boursières excessives représentent un véritable danger.
Si les hedge funds se retrouvent contraints de liquider certaines de ces positions, l’enthousiasme du marché pour ces titres très prisés pour rapidement s’évaporer.
Le cas échéant, cela entraînerait une baisse durable des cours.
Protégez votre épargne retraite contre les corrections de ce type !
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Mieux utiliser l’effet de levier
La faillite d’Archegos nous rappelle que l’effet de levier utilisé à l’excès peut être très dangereux. Pour autant, il existe des façons plus judicieuses d’utiliser l’effet de levier afin de doper vos performances boursières.
Plutôt que d’emprunter de l’argent pour acheter des actions, je préfère utiliser des contrats d’option pour mes positions les plus agressives. Utilisés correctement, ces contrats peuvent vous rapporter gros.
J’ai écrit une série d’articles pédagogiques sur le sujet, il y a quelques semaines. Pour en savoir plus, je vous invite à commencer par la première partie de cette série d’articles, disponible ici.
Les contrats d’options ont ceci de formidable que vous ne perdez que le montant investi dans le contrat dans le pire des cas. De plus, dans la mesure où ces investissements sont très rentables, vous n’êtes pas obligé d’investir des mille et des cents pour engendrer des profits qui viendront doper votre épargne de retraite.
Une fois que vous saurez utiliser les options pour doper vos bénéfices, le mieux est d’investir la majeure partie de votre capital dans des valeurs de dividende stables en Bourse.
Vous pourrez alors rajouter quelques options puissantes pour compléter votre portefeuille.
Ces options vous offrent les avantages de l’effet de levier utilisé par les hedge funds… sans courir les risques ayant précipité la chute de nombreux fonds spéculatifs.