Il y a quelques jours, j’ai dû expliquer la situation en Afghanistan à Caleb, mon fils de huit ans.
L’une de ses tâches quotidiennes est de chercher le journal dans la boîte aux lettres, le matin, pour l’apporter dans mon bureau. Cela me donne en général la chance de lui faire un câlin et de voir s’il a bien dormi.
Mais lorsque Caleb est arrivé dans mon bureau vendredi matin, il était clairement perturbé.
Il avait vu, sur la une de mon Wall Street Journal, la photo d’une Afghane abattue d’une balle en plein visage par les talibans.
J’essaie de faire en sorte que mes enfants ne soient pas trop exposés aux médias.
Cela m’a brisé le coeur de devoir expliquer (de mon mieux, à un enfant de huit ans) ce qu’il se passe en Afghanistan ; comment des gens sont persécutés pour leurs croyances, comment les États-Unis quittaient le pays et pourquoi de nouveaux accès de violence auraient sans doute lieu.
Quels que soient vos opinions politiques ou votre point de vue sur la situation en Afghanistan, il est clair que les États-Unis auraient pu (et auraient dû) mieux faire, en termes de transition.
À présent, des innocents souffrent à cause d’une planification et d’une mise à exécution défaillantes.
Je ne veux pas minimiser ce qu’il se passe en Afghanistan en comparant à une autre situation…
Mais je ne peux pas m’empêcher de noter des similitudes entre le retrait d’Afghanistan et la manière dont la Fed gère un phénomène dangereux qui se développe en ce moment même aux États-Unis.
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Une politique de soutien inefficace
Il y a 44 ans, le Congrès US a attribué un double mandat à la Réserve fédérale.
En tant qu’organisme indépendant, la Fed existe pour « promouvoir efficacement les objectifs de plein emploi, de stabilité des prix et de taux d’intérêt modérés ».
Ce mandat a été interprété de différentes manières au fil des ans. Et la Fed a été équipée d’outils multiples pour atteindre ce but.
Aujourd’hui, la Fed utilise sa politique de taux d’intérêts (aidée par sa capacité à acheter des obligations) comme outil principal pour remplir sa mission.
On a beaucoup parlé de l’actuelle politique de taux zéro de la Fed (parfois appelée ZIRP, pour « zero interest rate policy » en anglais).
À l’origine, cette politique a été utilisée durant la crise financière de 2008, avant d’être ressortie de la boîte à outils pour aider à soutenir l’économie américaine pendant la crise du coronavirus.
En deux mots, cette politique maintient le taux d’intérêt de court terme pour les prêts interbancaires proche de 0%.
La Fed a également dépensé des centaines de milliards de dollars pour acheter des bons du Trésor US et des titres adossés aux créances hypothécaires. Ce programme de rachat obligataire maintient lui aussi les taux d’intérêt à un niveau bas.
Des taux bas sont censés aider au soutien de l’économie en facilitant les crédits aux entreprises, en aidant les particuliers à obtenir des prêts bon marché et en permettant aux capitaux de circuler dans l’économie.
Voyons cependant comment cette politique fonctionne dans les faits, dans l’économie réelle actuelle.
Certes, les taux bas permettent aux entreprises et aux individus d’emprunter (et de dépenser) de l’argent plus facilement, mais cette politique a un défaut majeur…
Dans l’équation économique, elle n’aide que le côté de la demande. Dans le même temps, il y a bien d’autres choses dans l’économie qui sont négligées !
Il faut savoir que, dans leur majorité, les entreprises n’ont pas besoin de plus de capitaux.
Par ailleurs, le taux d’épargne individuel frôle des sommets aux États-Unis. Cela indique qu’il y a beaucoup d’argent disponible dans notre économie.
La Fed n’a donc pas besoin d’engloutir des milliards dans le marché obligataire afin d’injecter de l’argent dans l’économie.
Pendant ce temps, les entreprises sont à la peine parce qu’elles ont besoin de personnel — et non d’argent !
Avec les généreux programmes d’aides du gouvernement, il est devenu extrêmement difficile d’embaucher.
Manquant de personnel, les entreprises ont de plus en plus de mal à produire les biens et les services que les gens veulent.
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On crée du danger et on nourrit la panique
Tout comme le retrait des États-Unis en Afghanistan a généré dangers et panique dans l’ensemble du pays, les politiques de la Fed mènent à un environnement dangereux dans l’économie américaine.
Maintenant que les gens et les entreprises ont de l’argent à dépenser, et alors qu’il y a moins de biens et de services disponibles à la vente, nous sommes clairement dans un environnement inflationniste périlleux.
Il est particulièrement dangereux pour les retraités qui s’appuient sur leur épargne pour payer leurs dépenses quotidiennes et gérer les imprévus.
Inutile de vous dire que l’inflation se voit un peu partout.
Il suffit d’ouvrir sa boîte aux lettres et de commencer à payer ses factures, de se rendre dans une station-service pour faire le plein ou d’inviter un ami à déjeuner.
Où que l’on se tourne, la hausse des prix rend plus difficile pour tout le monde de maintenir son niveau de vie avec la même somme d’argent.
Le mandat de la Fed – la stabilité des prix – n’est donc clairement pas rempli. Mais peut-être est-ce dû au fait que la Fed vise le plein emploi…
Sauf que, lorsqu’on regarde l’économie américaine ces jours-ci, il y a plein d’opportunités d’emploi.
Les entreprises américaines SUPPLIENT les travailleurs de venir occuper des postes. Elles offrent des salaires de plus en plus élevés pour convaincre les gens d’accepter un emploi.
La Fed n’a donc aucune raison de maintenir les taux d’intérêts au plus bas pour soutenir le marché de l’emploi US : il est chauffé à blanc en ce moment – on pourrait même dire qu’il est en mode « crise » !
Non, la politique de la Fed actuelle échoue à remplir son mandat de stabilité des prix. Quant aux taux bas, ils ne font rien pour aider au plein emploi.
Ce n’est que maintenant – après des mois passés à se contenter de regarder cette stratégie défaillante mettre les retraités en danger – que quelques membres de la Fed ont commencé à parler de « retrait » de cette politique de taux bas.
Malheureusement, ce genre de discours pourrait se révéler être « trop peu, trop tard ». Pire, il pourrait provoquer une panique sur les marchés et causer aux investisseurs des problèmes encore plus gros…
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La fin du ZIRP pourrait créer une nouvelle crise
Alors que la Fed commence à parler de modifier sa politique de taux d’intérêt, je voudrais m’assurer que vous êtes préparé à ce qui pourrait se passer ensuite.
La hausse des taux d’intérêt peut causer des changements majeurs sur les marchés financiers.
Vous voulez peut-être avoir des taux plus élevés pour votre épargne actuelle – mais le chemin vers ces taux plus élevés peut être très douloureux.
Lorsque les taux d’intérêt grimpent, les prix des obligations (et plus spécifiquement des obligations du Trésor US) chutent naturellement.
C’est dû au fait que, si les taux grimpent, l’obligation que vous détenez au moment même doit être réévaluée de manière à rapporter un rendement plus élevé au fil du temps.
Dans la mesure où un bon du Trésor rapporte toujours les mêmes versements et a la même maturité, seul son prix actuel peut évoluer.
Ainsi, une obligation qui cote près de 1 000 $ aujourd’hui (et qui arrivera à maturité dans dix ans) devra peut-être s’échanger à 800 $ environ après une hausse de taux.
Quelqu’un qui achète l’obligation à ce moment-là recevra les mêmes paiements et un versement de 1 000 $ lorsque l’obligation arrivera à maturité.
Cependant, ils devront payer moins (800 $ ou moins), de sorte que ces versements s’additionnent pour créer un rendement plus élevé au fil du temps.
Mais qu’arrive-t-il au détenteur actuel de cette obligation ?
Si vous possédez des bons du Trésor à long terme aujourd’hui, ces obligations coteront moins cher et vous ne pourrez pas sortir votre argent sans encaisser une grosse perte.
Ou bien vous pourriez attendre des années, jusqu’à ce que l’obligation arrive à maturité. Mais pendant ce temps, l’inflation grignotera la valeur de votre investissement. Si bien que, lorsque l’obligation arrivera à maturité, elle ne couvrira de loin pas autant de dépenses.
Ainsi, l’investissement que beaucoup d’investisseurs professionnels vous décriront comme étant « sûr »est désormais l’une des positions les plus dangereuses à avoir en portefeuille.
Parallèlement, certaines technos, mais aussi les valeurs de croissance les plus spéculatives, baisseront également à mesure que les taux d’intérêt grimpent.
Nous entrons dans un paysage financier qui a tout du champ de mines.
Il y aura des opportunités de gains et bien des manières de protéger votre richesse, mais les politiques changeantes de la Fed engendreront le chaos, la confusion et, en fin de compte, beaucoup de dégâts pour les retraités.
Je ne voudrais pas que vous fassiez partie des victimes de cet échec. Heureusement, vous n’êtes pas obligé de rester en zone dangereuse.
À mesure que nous avançons dans cette nouvelle saison pour les investisseurs, le marché et l’économie, j’espère que vous resterez avec moi afin que je vous guide tout au long de cette situation.
Le communauté d’Investissements Personnels a tous les atouts pour s’en sortir !
Alors continuons d’élaborer notre plan d’évacuation, et mettons votre richesse à l’abri avant que les choses empirent.