La nouvelle ne vous a évidemment pas échappé : mi-septembre, l’agence américaine Moody’s a dégradé d’un cran la note de la dette souveraine de la France. De « Aa1 » notre pays est désormais passé à « Aa2 ».
Dit autrement, l’obligation souveraine n’étant plus 100% sûre, les fonds euros qui dorment dans nos assurances-vie deviennent un peu plus risqués au fur et à mesure que le temps passe ; de surcroît, nos placements sont de moins en moins rentables.
Alors que faire ?
Pourquoi ne pas investir dans la forêt pour diversifier votre patrimoine ?
Un investissement tangible, qui vous rapportera 2 à 3% par an
Voilà un investissement qui s’inscrit dans la durée. Trouver une offre de bois à vendre demande un peu de temps, je vous donnerai quelques pistes pour cela. Pareil pour la revente, ne vous attendez pas à pouvoir le faire du jour au lendemain. Quand il s’agit d’arbres, mieux vaut avoir quelques années devant soi ! L’âge moyen d’abattage est de 30 ans pour les peupliers, 40 ans pour les bouleaux et 75 ans pour les chênes.
Investir dans une forêt est un placement tangible. Côté rendement, une parcelle de 25 hectares vous rapportera 2 à 3% par an, en fonction des ventes de bois et des droits de chasse. Sans oublier la fiscalité, très favorable. Les assujettis à l’ISF bénéficient d’un abattement de 75% de la valeur de la forêt qu’ils achètent, sous certaines conditions (conserver sa propriété pendant trente ans, présenter un bilan de gestion tous les 10 ans…). Les droits de transmission se calculent aussi sur seulement 25% de la valeur.
Le prix moyen ? De l’ordre de 5 000 euros l’hectare. Si on y regarde de plus près, on observe une grande disparité de prix : de 1 000 euros l’hectare pour certains bois à 20 000 euros pour d’autres !
« Ces disparités dans les prix sont souvent déconnectées de la valeur réelle des bois, analyse Eric Doppan, directeur adjoint de la Fédération des forestiers privés. En effet, les forêts à moins d’une heure de Paris sont très demandées. Même si le bois y est de qualité secondaire, la forêt s’achètera à prix d’or. »
Nos trois conseils
Eloignez-vous des régions très demandées et ciblez les forêts dans des zones de production où le bois est de qualité comme le Massif des Vosges par exemple.
Assurez-vous de débouchés corrects pour vos coupes : coopérative ou usine de pellets de chauffage à proximité. A défaut, vérifiez que votre gestionnaire possède son propre réseau d’acheteurs.
Le rendement est une moyenne sur une durée longue. En pratique, seule la location de la chasse tombe annuellement. En rythme de croisière, vous aurez des coupes de mises en valeur qui ne vous rapporteront rien et des coupes de rendement dont la fréquence dépendra de la maturité des parcelles que vous aurez acquises.
Un marché étroit mais très dynamique
D’après Forêt Privée Française (« Les chiffres clés de la forêt française », édition 2015), la forêt française recouvre 16,5 millions d’hectares, soit 30% de la surface du territoire. La forêt privée (appartenant à des propriétaires ou des groupements privés) représente 74% de la surface forestière française avec 12,2 millions d’hectares, dont 11,8 millions d’hectares sont à vocation de production.
Vous voyez, il y a donc de quoi faire ! Même si, comme le souligne Eric Doppan « la particularité de la forêt est que ce bien s’échange très peu. 10 000 transactions sont effectuées chaque année sur 100 000 hectares de forêt qui changent de main, soit 1% de la forêt privée en France. Il s’agit d’un marché étroit mais très dynamique, tiré par la demande. »
Notre conseil : intégrez les bons réseaux pour être informé de la vente d’une forêt. N’oubliez pas que les notaires ont accès à l’information en premier dans le cas d’une succession. Vous pouvez aussi vous adresser à un expert forestier dont le métier sera de vous accompagner jusqu’à la vente. Autre piste : le site Forêt Privée Française, qui propose un espace petites annonces. Et la vente publique des domaines.
Forestier… n’est pas votre métier !
Une fois que vous aurez acheté votre bois, que faire ? Vous pouvez y aller, couper les arbres morts et ramasser votre bois de chauffage.
Certes. Mais les avantages fiscaux ne valent que pour les forêts et bois soumis à un plan de gestion ! Prévoyez de recourir à un gestionnaire spécialisé de forêts.
Vous pourrez suivre des formations aux principaux concepts de la gestion de forêt (150 euros pour une année de formation, donc accessible à tous !). « Un ensemble d’opérateurs existent, dont le métier est d’aider les propriétaires, indique Eric Doppan. Soit en les formant comme c’est le cas de Forêt Privée Française, soit en les accompagnant, comme les coopératives forestières. »
Attention, si l’un de vos arbres s’abat sur une voiture qui passe en lisière de forêt, votre responsabilité est engagée. Prenez donc vos précautions en vous assurant, au minimum en responsabilité civile. Si vous le pouvez, contractez également une assurance contre les intempéries.
Achetez une part dans un groupement forestier
Et si l’idée d’acheter une forêt dont vous aurez la gestion vous refroidit un peu ?
Vous pouvez vous orienter vers les groupements forestiers d’investisseurs. Il s’agit de forêts gérées par des professionnels de la gestion forestière (bien souvent la Société forestière de la Caisse des dépôts et Consignation). Vous pouvez aussi faire appel à un gestionnaire de patrimoine spécialisé comme Patrimea.
Intégrer un groupement forestier vous donnera droit à une réduction d’impôt de 18% des sommes investies, plafonnées à 5 700 euros pour un célibataire. Vous devrez garder vos parts pendant minimum 8 ans.
La réduction de l’ISF sera de 50%, plafonnée à 45 000 euros par an.
Sinon, pensez aussi au financement participatif en lien avec la filière bois. Un club de Business Angels tel que Forinvest vous permettra d’investir dans un secteur porteur.
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