Avez-vous vu les nouvelles, ces derniers jours ?
La plus grosse capitalisation au monde a – brièvement certes – changé de visage : Google a détrôné Apple après que l’entité déclarante de Google, Alphabet, a publié ses résultats financiers pour l’an dernier.
La capitalisation boursière d’Alphabet a un moment touché les 570 milliards de dollars. Soit 44% de plus qu’il y a un an. La capitalisation boursière d’Apple est de 535 milliards de dollars – un recul de 20% sur les 12 derniers mois.
Aujourd’hui, la capitalisation d’Alphabet est repassée sous celle d’Apple, à 493 milliards, mais a su démontrer – si besoin était – son potentiel boursier.
Il est important de souligner, avant d’aller plus loin, que les deux entreprises sont absolument gigantesques. Leur capitalisation dépasse (à peu de choses près) celle des cinq plus grandes entreprises du FTSE 100 additionnées.
Il se passe quelque chose d’intéressant qui mérite que l’on y revienne un moment. C’est la première fois qu’Alphabet présente ses recettes réparties selon ses différents départements. Nous pouvons donc voir quelles parties de l’entreprise gagnent de l’argent, et lesquelles n’en gagnent pas.
Les secrets de l’entreprise la plus chère au monde
Le principal : la grande majorité des revenus de Google provient toujours et encore de la publicité.
C’est la publicité qui représente, et de loin, la plus grosse part de ses recettes. En deuxième position, on trouve les revenus générés par les sites internet. Dans l’ensemble, ses recettes ont augmenté de 13% sur un an, à 74 milliards de dollars.
Cette croissance est générée par ce que j’appellerai le « cœur d’activité » de Google : fournir de l’information et de la publicité aux gens. C’est le moteur des recettes de l’entreprise. Comme me le disait Dan Denning lorsque nous avons discuté des résultats, tout est question de flux. Les opérations de Google résultent en un flux constant à la fois d’argent et d’informations vers l’entreprise, ce qui lui donne les outils dont elle a besoin pour mettre au point des algorithmes extrêmement sophistiqués d’apprentissage automatique et des programmes d’intelligence artificielle (IA).
Elle récupère des données sur le monde dans son ensemble mais aussi sur nos vies personnelles – ce que nous recherchons, ce que nous regardons, quand nous le regardons, où nous dépensons notre argent… – et elle dispose de montagnes de cash qui lui permettent de payer des gens intelligents pour transformer ces données en quelque chose de plus précieux encore.
Nous avons déjà beaucoup parlé de l’IA et de son développement. Oublions ça un moment. Ce qui est intéressant, dans les résultats de Google, ce sont les parties de l’entreprise qui ne sont pas bénéficiaires. Dans les comptes, le terme utilisé est « Autres paris ».
Ou moonshots, comme beaucoup de gens les appellent, et que l’on pourrait traduire par « mission lunaire ».
Il s’agit en fait de tentatives de recherche et de développement à haut risque. Le genre de projet qui peut n’avoir que 5% de chances de réussite, mais qui, s’il fonctionne, est susceptible de révolutionner tout un secteur.
Je me rappelle avoir parlé de cette idée l’an dernier avec le Dr Mike Tubbs – un expert en recherche et développement (R&D). Il a trouvé un parallèle avec sa propre carrière, pendant laquelle il a géré des départements de R&D partout dans le monde. Il m’a dit qu’il séparait toujours son budget en deux : 90% étaient investis dans des recherches « sûres », à savoir sans danger ou presque. Les 10% restants étaient réservés à des choses plus risquées et plus innovantes.
Comme la plupart des inventeurs et des innovateurs, il avait un petit faible pour ces 10%… même lorsque chaque centime investi finissait par n’aboutir à rien.
Mais il faisait aussi quelque chose d’un peu inhabituel. Il prélevait, sur ces 10%, une somme supplémentaire de 1%, et donnait ce pourcent-là à une équipe de gens dont la seule et unique tâche était de trouver la prochaine véritable avancée – l’innovation qui pourrait changer à jamais la totalité de l’entreprise.
Il m’a dit qu’il s’attendait à ce que cette équipe échoue, il l’y encourageait même. Il voulait voir quelles idées vraiment différentes pouvaient émerger, au cas où elles s’avèreraient payantes. Pour lui, ce pourcent du budget était le plus précieux de tous. Il était censé lui permettre d’atteindre la lune.
Il n’était pas le seul.
Nouvelle course à la lune
Nombre de départements R&D « exceptionnels » sont en train de se monter partout dans le monde en ce moment même. Apple, Tesla et Microsoft en ont tous un. Tout comme une foule d’autres entreprises technologiques et pharmaceutiques.
Mais le plus intrigant reste sans doute Google. L’entreprise a toute une division consacrée à ce genre de projets.
Dans une entreprise à la capitalisation de 570 milliards de dollars, qui emploie plus de 60 000 personnes, cette division a 250 employés. Elle n’est pas gérée par un directeur ou un administrateur quelconque. Elle est gérée par Astro Teller, connu sous le nom de « Captain of Moonshots » – une description fourre-tout pour les innovations audacieuses, qui ont une faible chance de succès mais sont susceptibles de révolutionner le monde si elles réussissent.
C’est, pour ainsi dire, le laboratoire de vos rêves les plus fous.
Il utilise des quantités astronomiques de ressources financières pour atteindre son but. Voyez un peu les recettes « cœur d’activité » avec les revenus liés à la publicité etc. et comparez-les avec les revenus provenant des « autres paris ».
Eh oui. Cette belle idée de financement de projets révolutionnaires semble très attirante, mais coûte une vraie fortune. En réalité, la division perd de l’argent plus rapidement qu’en 2014. Ses pertes s’accélèrent.
Mais je pense que c’est tout l’intérêt. Personne ne veut qu’un département entier de son entreprise perde de l’argent constamment. La seule raison qui permette de justifier ce genre de pertes est la possibilité que cet investissement rapporte des sommes formidables dans l’avenir. De la R&D sous stéroïdes.
Les projets fous d’Alphabet
A titre d’exemple, l’un des projets en développement s’appelle Wing. Il s’agit d’une sorte de système de livraison utilisant des drones conçus pour transporter des colis. Il est prévu de le mettre en activité l’an prochain.
Il y a encore le projet Loon, qui prévoit d’envoyer d’immenses ballons dans l’atmosphère pour permettre l’accès des zones rurales à internet. Ce n’est pas de la théorie : des tests à grande échelle ont déjà été effectués.
Un autre exemple : Calico, une entreprise qui est déjà devenue sa propre entité, mais qui n’était au départ qu’un moonshot. Elle est gérée par Arthur Levinson, qui est également président du conseil d’administration d’Apple. Son projet ? Une extension radicale de l’espérance de vie.
Toutes ces idées – et il y a en a trop pour que je puisse toutes vous les présenter ici, sans parler de celles qui n’ont pas encore été rendues publiques – pourraient avoir pour résultat une modification radicale de toute une industrie. Ou, en ce qui concerne l’allongement de l’espérance de vie, de toute la planète. C’est tout l’intérêt.
Il est possible de tracer ici un parallèle avec l’investissement : pour certaines personnes (pas pour tout le monde), il est raisonnable de consacrer une petite partie de son portefeuille (1 à 2% seulement peuvent suffire) à quelques projets risqués, triés sur le volet. Il est possible qu’ils échouent – cela fait partie du principe.
Mais en cas de succès, ils bouleverseront leur portefeuille et vous offriront des retours sur investissement susceptibles de changer votre vie à jamais.
Nous allons en tous cas appliquer ce principe « lunaire » aux idées que nous partagerons avec vous au cours des semaines et des mois qui viennent. Gardez un œil tourné vers le ciel…
[NDLR : … Et un autre vers NewTech Insider ! La biotech qui va révolutionner la lutte contre le cancer, celle qui développe un vaccin contre Zika, l’entreprise qui rend l’intelligence artificielle possible, celle qui va vous permettre d’accéder à des ordinateurs de plus en plus puissants… toutes ces entreprises sont dans NewTech Insider]