« Avec l’arrivée de la blockchain, une révolution est inévitable pour le système bancaire mondial », affirme Bala Venkataraman, responsable technologique pour les marchés bancaires et des capitaux chez Computer Sciences Corp.
Computer Sciences Corp., au cas où vous ne seriez pas au courant, est une entreprise d’informatique dont la « sœur », CSRA Inc. est chargée de la colonne vertébrale informatique de la National Security Agency (NSA).
Oui, cette NSA-là.
Il semblerait que les gouvernements et leurs sbires commencent à comprendre ce que les défenseurs du Bitcoin ont reconnu dès le tout début. Un seul regard sur la cryptosphère, et l’on se rend compte que :
- Un nouveau cadre réglementaire japonais pour le Bitcoin et les « autres monnaies virtuelles » entrera en vigueur au mois d’avril.
- La Banque centrale des Philippines vient de diffuser une circulaire qui détaille un ensemble de nouveaux impératifs réglementaires pour les échanges de monnaies virtuelles.
- L’Association australienne des monnaies et du commerce numérique vient de créer un code de conduite pour une autoréglementation.
- La République tchèque a présenté de nouvelles réglementations contre le blanchiment d’argent.
- La Banque du Canada affirme que les monnaies numériques nécessitent une réglementation gouvernementale.
- Le mois dernier, plus de 400 enquêteurs financiers issus de départements de renseignement sur le blanchiment d’argent, la cybercriminalité et la finance (dont Interpol et le Basel Institute on Governance) ont rencontré une foule d’experts du recouvrement d’actifs et d’autres acteurs du secteur privé lors de la Conférence mondiale sur la lutte contre le blanchiment d’argent et les monnaies numériques au Qatar. Selon le Basel Institute on Governance, la conférence « visait à fournir aux organes judiciaires et au secteur privé les outils et les informations nécessaires à la détection, à la lutte et à l’investigation des usages illégaux de monnaies virtuelles ».
Et pendant ce temps, d’autres organes législatifs doivent faire face à des obstacles intéressants…
Le Dakota du Nord ne parvient même pas à décider s’il devrait étudier les réglementations possibles du Bitcoin, sans parler de faire passer des lois. La ville de New York constate un exode des entreprises liées au Bitcoin suite à sa nouvelle réglementation, la « Bitlicense ». (On entend d’ici le chœur des vierges pousser de grands cris d’étonnement.)
Mieux encore : en conséquence de cet environnement réglementaire de plus en plus lourd, un groupe de programmeurs et d’activistes (dont Cody Wilson, inventeur du premier pistolet fonctionnel imprimé en 3D) a créé ce qu’ils appellent la « dark wallet« . « Si le programme fonctionne comme promis, écrit Wired, il pourrait neutraliser les réglementations attendues sur le Bitcoin, qui visent à lier les identités des individus aux Bitcoins dont ils sont propriétaires. »
Le Financial Crimes Enforcement Network (réseau de lutte contre la criminalité financière) aux Etats-Unis a répondu à Wired qu’il est « bien conscient des nombreux efforts technologiques émergents conçus pour contourner les impératifs de transparence financière ». L’organisation a ajouté : « Il est absolument de notre ressort de nous y intéresser et de rester vigilant à toutes les activités qui pourraient aider au blanchiment d’argent ou à d’autres délits financiers. »
Mais voilà…
D’un côté, les gouvernements du monde entier voient le fort potentiel des monnaies virtuelles et de la blockchain qu’ils utilisent pour faire circuler leurs électrons. La Banque du Canada, par exemple, vient de dévoiler le « Projet Jasper », un simulateur de système de paiement basé sur la blockchain. Le gouvernement américain a lancé son Congressional Blockchain Congress. Et la Banque centrale indienne travaille sur une initiative appelée « Bankchain ».
D’un autre côté, mieux les gouvernements comprennent, plus ils commencent à se rendre compte des conséquences – c’est-à-dire du fait que cette technologie, une fois parvenue entre les mains de la plèbe, ne pourra plus être stoppée.
« On comprend aisément pourquoi les gouvernements considèrent que cette technologie est à double tranchant, explique James Corbett du Corbett Report. Utilisée pour servir leurs intérêts, elle constitue la plateforme idéale pour leurs ambitions à la Big Brother : surveiller, gérer, suivre, stocker et ajouter à des bases de données toutes les interactions entre tout le monde, partout, instantanément et pour un coût quasi-nul. Mais utilisée dans un but humaniste libre, elle rend la quasi-totalité des fonctions gouvernementales aussi obsolètes et absurdes qu’un maréchal-ferrant ou un ramoneur peuvent l’être dans nos sociétés modernes.
En conséquence, alors même que nous sommes témoins d’un mouvement incroyable et omniprésent, à effet boule de neige, en faveur de la réglementation du Bitcoin et d’autres monnaies virtuelles, nous voyons également un intérêt tout aussi omniprésent et à l’effet boule de neige tout aussi intense pour l’idée de « blockchains privées », des bases de données décentralisées développées et utilisées par les gouvernements, les entreprises, les universités et les banquiers pour diminuer leurs propres frais et accélérer leurs propres transactions. »
Mais ne paniquez pas.
Si ce que l’ancien gouverneur de la Banque de Chine a récemment déclaré sur CCTV est exact, le Bitcoin a un long et brillant avenir devant lui (en toute liberté) !
« Tuer le Bitcoin sera une tâche impossible. »
Pour étudier d’un peu plus près les angoisses existentielles qui menacent d’ulcérer l’estomac bien rempli des politiques, nous avons invité Brian Doherty, du magazine Reason.
Vous verrez ci-dessous ce qui, selon lui, fait autant paniquer ces parasites, et pourquoi le Bitcoin pourrait bien être une nouvelle à la hauteur de nos espérances…
Les gouvernements craignent que le Bitcoin soit bien à la hauteur des attentes de ses fans
Brian Doherty
Depuis près de vingt-cinq ans, les crypto-anarchistes, les libertaires et autres tordus de tout poil affirment que le Bitcoin révolutionnera bientôt les relations de pouvoir et les principes de base du secteur bancaire gouvernemental et privé, du crédit, voire même du système juridique, du système de propriété intellectuelle, du covoiturage, et de la Bourse en utilisant de manière innovante la technologie de la blockchain sur laquelle il se base.
Récemment, un ensemble de sources fédérales ont décidé d’avouer à Newsweek qu’elles étaient bien d’accord, même si leur réaction est plus de l’ordre de la panique généralisée que de l’enthousiasme débordant.
L’article, écrit par Leah McGrath Goodman, commence par une étrange introduction totalement stérile sur une monnaie générique du sud de l’Afrique, créée par des nationalistes blancs et réservée exclusivement aux blancs. L’exemple n’est absolument pas pertinent pour le reste de l’article, et je me demande encore pourquoi il est mentionné.
A partir de là, la journaliste mentionne les témoignages de diverses personnes comme Juan Zarate, l’un des principaux conseillers d’un think tank de Washington, le Center for Strategic and International Studies ; Joshua Baron, de la Rand Corporation ; Yaya Fanusie, un ancien analyste de la CIA pour le contre-terrorisme ; Bala Venkataraman, responsable technologie pour les marchés bancaires et des capitaux chez Computer Sciences Corp. et d’autres sources dont le nom n’est pas cité.
Tous ces témoignages démontrent que des centaines d’experts au sein des agences de défense et de renseignement nationales américaines, des chercheurs du secteur privé dans les domaines de la finance, de la technologie et divers groupes de réflexion dans tout le pays (dont certains sous contrat avec le gouvernement américain) mènent aujourd’hui une enquête pour déterminer la façon dont les monnaies virtuelles pourraient saboter la capacité américaine de longue date à mettre sens dessus dessous les réseaux financiers de ses ennemis, et même à révolutionner de manière permanente certaines parties du système financier mondial.
« Un avantage plus qu’un problème », dirait sans doute l’aile crypto-anarchiste de la communauté Bitcoin, qui est en train de devenir un pourcentage plus faible de cette communauté, pertinent dès le départ. Mais Zarate explique que les autorités fédérales n’ont jamais accepté de perdre leur capacité à couper l’herbe sous le pied de leurs ennemis en les isolant du système bancaire légal.
La création d’un système bancaire électronique entièrement informatique et potentiellement anonyme via la blockchain rend ce genre de choses plus difficile, ce qui inquiète et apeure les fédéraux.
Baron, de Rand, a déclaré à Newsweek : « Au cours des dernières années, les ennemis de l’Amérique semblent avoir obtenu un accès nettement plus étendu aux types de technologie de pointe et d’outils de cryptage qui pourraient leur permettre de concevoir une monnaie virtuelle susceptible de contourner le système financier mondial. Nous voyons une tendance au développement de cyberservices de plus en plus sophistiqués accessibles à des acteurs non sophistiqués. Tout cela peut s’avérer pratique pour les Américains qui savent protéger leur vie privée, mais aussi compliquer radicalement la tâche du gouvernement et des pouvoirs juridiques dans la lutte contre le terrorisme et la criminalité. »
Baron ne semble pas croire que le Bitcoin tel qu’il existe actuellement deviendra la monnaie virtuelle préférée du crime, étant donné que « le registre des transactions de cette monnaie, publiquement disponible, est trop transparent pour attirer les terroristes, les criminels ou les ennemis de l’Etat », résume le reporter. Même si Goodman ne l’évoque pas, sans surprise, au moins une organisation de propagande terroriste, le Ibn Taymiyyah Media Center, a accepté des versements en Bitcoin pour se financer.
Venkataraman, de Computer Sciences Corp., a expliqué à Goodman qu’avec « l’introduction de la blockchain, une révolution du système bancaire mondial est inévitable ». Il a poursuivi : « Dans un monde de cryptomonnaies, savez-vous qui devient la banque ? Vous et moi. Vous ne devenez pas seulement la banque, mais la banque centrale. Et ceci peut avoir des conséquences dramatiques pour l’autorité souveraine, par exemple. D’ici 2040, je pense que nous pourrions avoir terminé la transition vers les crypto monnaies. Je ne pense pas que qui que ce soit puisse stopper ce mouvement. »
En novembre 2013, j’ai écrit un article sur le fait que le prix du Bitcoin en dollars avait pour la première fois dépassée les 500$. J’y donnais des informations contextuelles sur son ascension spectaculaire. Le cours a bondi au-dessus des 1 000 dollars pendant un moment avant de plonger considérablement, mais il s’est stabilisé récemment autour des 700/800 dollars.
Bloomberg rapporte que le Bitcoin était la meilleure monnaie sur laquelle spéculer en 2016. Son cours a « grimpé de 79% depuis début 2016 pour atteindre 778 dollars, son niveau le plus haut depuis le début de l’année 2014, selon les données compilées par Bloomberg, soit quatre fois les gains enregistrés par le rouble russe et le real brésilien, les deux devises aux meilleures performances au monde ».
Mais sa valeur comme outil d’investissement spéculatif, bien qu’elle puisse changer la vie d’investisseurs intelligents et au timing parfait, devrait pâlir devant sa capacité à changer le monde… et les autorités du gouvernement fédéral semblent en convenir.
[Le Bitcoin serait-il l’or numérique ? Faut-il en profiter ? Comment se positionner ? Réponses ici…]