Il y a quelques mois, j’ai accepté de prendre la parole lors d’une conférence.
Mais j’ai laissé les organisateurs sur le carreau. Je n’y suis pas allé, et je ne les ai pas prévenus.
Je pensais que j’irais. En fait, je voulais qu’ils me le demandent.
J’ai commencé par leur écrire : « Comment se fait-il que cette année vous ne m’invitiez pas ? J’aborderai le sujet qui vous siéra. »
Le gars qui était responsable de l’organisation m’a répondu : « Super ! Nous pensions que vous ne vouliez pas venir. Vous serez l’intervenant principal. Parlez de ce que vous voulez ! »
J’ai répondu : « D’accord ! Merci ! »
Mais, la date approchant, j’ai regretté d’avoir accepté. J’avais peur de prendre la parole. Je ne savais pas quoi faire.
Ils m’ont écrit plusieurs fois mais je n’ai pas répondu.
Je repoussais toujours à plus tard. Je me disais que je verrais le lendemain.
Finalement, je n’y suis tout simplement pas allé. Je n’ai aucune idée de ce qui s’est passé lorsque leur intervenant principal ne s’est pas présenté.
J’avais peur de dire « non », de décevoir.
Je suis l’auteur du best-seller du Wall Street Journal, The Power of No (Le Pouvoir du Non, en français).
Je suis un être humain horrible.
(Ne l’achetez pas.)
J’étais en première année à l’université et je me rendais dans mon dortoir quand un type que je ne connaissais pas a crié par la fenêtre : « Je viens de faire l’amour ! »
J’ai cru que c’était juste un pauvre type. Et c’était le cas. Mais j’étais également jaloux de ce gars (je n’avais encore jamais embrassé de fille, j’avais 18 ans et j’étais à l’université).
On était en plein hiver, il neigeait et il faisait froid, j’étais en colère contre tout le monde.
Je me sentais seul, je n’avais pas beaucoup d’amis, aucune petite amie et ma famille me manquait.
Je voulais rentrer chez moi et mes résultats étaient mauvais dans pratiquement tous mes cours.
Des années plus tard (je m’étais spécialisé dans l’informatique), lorsque j’ai décroché mon premier emploi, j’ai même dû suivre des cours de rattrapage en informatique (j’avais pourtant toujours été major de promotion lorsque j’étais étudiant et j’avais même fait des études supérieures) parce que l’université ne m’avait pas enseigné de compétences pratiques.
J’aurais aimé dire « Non » à l’université.
(Quel gâchis. Je sais que certaines personnes ne sont pas d’accord avec moi. Cela ne me dérange pas. Trois ans de gâchis pour moi.)
L’autre jour, lors d’une conférence, j’ai dit « non ».
N.O.N.
C’est très important pour moi. Je voulais que l’on me demande d’intervenir lors de la conférence.
JE LE VOULAIS !
Une partie de moi était assez égoïste pour penser : « Ce serait mieux que l’on me demande d’intervenir lors de cette conférence ! »
Et ils l’ont fait ! La conférence a lieu en mars. Les années précédentes, je suis déjà intervenu lors de cette conférence. Pourquoi ne revenaient-ils pas vers moi pour me demander de faire une présentation ?
Mais ils l’ont fait. Et j’étais heureux. Ils m’ont demandé de prendre la parole. Ils M’ONT CHOISI !
Pour moi, la journée parfaite c’est : être chez moi, lire, écrire, passer quelques coups de fil à mes amis (souvent des amis de boulot), coucher mes idées sur le papier, et peut-être me produire en public en tant qu’humoriste afin de pouvoir m’améliorer.
Ou peut-être jouer aux échecs ou aux cartes afin de pouvoir m’améliorer (la semaine prochaine, je joue au poker avec le président Clinton).
Ou éventuellement regarder une émission rigolote à la télévision. Je viens juste de regarder une vidéo dans laquelle il était dit que « les pauvres ne regardent pas la télévision ».
N’importe quoi…
Bref, je regarde la télévision et j’adore ça. J’ai encouragé mes enfants à regarder la télévision lorsqu’ils étaient petits.
Pourquoi ne pas profiter des 30 000 histoires qui sont proposées afin d’en savoir plus et de trouver des façons « sûres » d’expérimenter des situations importantes sans avoir à les vivre ?
Ainsi, lorsqu’on m’a demandé d’intervenir lors de cette conférence, je me suis trouvé face à un problème.
Je ne veux plus être un intervenant fictif comme je l’ai fait avec les amis dont je vous ai parlé.
Je ne veux plus faire ça.
C’est la raison pour laquelle je n’aurais jamais dû souhaiter que l’on me demande d’abord. Mais ils l’ont fait, j’ai dit « Oui » et le lendemain j’ai dit « Non ».
Ils m’ont répondu OK. Et nous sommes passés à autre chose.
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LE GUIDE ULTIME POUR DIRE NON
J’ai d’ailleurs écrit le best-seller The Power of No pour le WSJ et USA Today car je suis supposé être un expert du « non ».
Ce sont des conneries. Je suis le PLUS NUL lorsqu’il s’agit de dire « non ».
Comment ai-je obtenu le contrat pour ce livre ? L’éditeur m’a appelé et m’a dit : « Nous vous laisserons écrire le livre que vous voulez. »
J’ai voulu plaisanter, alors j’ai répondu : « J’écrirai Le pouvoir du NOW (un best-seller d’Eckhart Tolle), mais sans le W. »
« Aucun problème », ont-ils dit.
J’ai alors commencé mon parcours. Comment dire non.
Ne lisez pas ce livre.
Maintenant, je me suis un peu amélioré. Et pour s’améliorer, il faut parcourir un long chemin.
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TROIS ÉTAPES POUR DIRE « NON »
INTRO : si vous cochez les trois cases ci-dessous, cela signifie que vous êtes capable de dire « NON » tout en étant conscient que vous êtes en réalité en train de dire « OUI » à d’autres opportunités qui se présentent à vous.
Vous vous dites « OUI » à vous-même.
« OUI » au caractère sacré qu’implique le fait de passer une journée sur une planète sur laquelle nous sommes heureux de vivre.
« OUI » aux opportunités dont vous ignoriez l’existence jusqu’à ce que vous disiez « NON » aux choses qui vous épuisent.
Les gens riches utilisent l’argent pour acheter du temps.
Vous achetez du temps en disant « NON » aux opportunités qui vous seront coûteuses. Voici comment dire « OUI » aux opportunités qui vous permettront de devenir riche, d’avoir du succès, d’être heureux et comblé.
Dites « oui » aux trois choses suivantes. Sinon, la réponse est non !
(1) LES LIENS
Est-ce que le fait de dire « oui » renforce vos liens avec les personnes que vous aimez et que vous voulez soutenir et avec celles qui vous aiment et vous soutiennent ?
Il est facile de rationaliser ceci comme un « oui ». Par exemple, j’aime la personne qui m’a demandé d’intervenir lors de la conférence. Mais elle pourrait survivre sans moi.
Et je suis certain que je pourrais me faire de nouveaux amis. Mais peut-être que je me suis réellement fait des amis à une conférence sur 100.
Et cela constituerait l’opportunité de me faire des connaissances professionnelles. Mais, si j’en juge mon expérience, les meilleures relations d’affaires sont celles que j’ai rencontrées chez moi.
Et dans l’intervalle de temps qu’il me faut pour me préparer, voyager, me rendre dans un nouvel endroit, je travaille sur les connaissances importantes que j’ai déjà ici.
Les meilleures nouvelles relations sont vos anciennes relations.
(J’ai dit oui à Adobe parce que je dois interviewer un vieil ami.)
(2) LA MAÎTRISE
Est-ce que le fait de dire « oui » m’aide à mieux maîtriser une compétence ?
J’adore acquérir de nouvelles compétences. J’aime m’améliorer dans les compétences que j’aime.
Par exemple, lorsque j’acceptais de prendre la parole il y a de cela 15 ans, cela me permettait de développer mes aptitudes à parler en public. Maintenant, je sais que je peux pratiquer ces compétences près de chez moi, je n’ai plus besoin de voyager pour cela.
J’ai même essayé de prendre la parole en public dans le métro de New York, dans les pires conditions possibles, juste pour m’améliorer. Je préfère faire ça plutôt que de parcourir 3 000 km pour parler pendant 45 minutes.
(Je m’entraîne à parler en public et à faire de la comédie dans un wagon de métro. Sortez de votre zone de confort dans votre propre ville !)
(3) LA LIBERTÉ
Est-ce que le fait de prendre la parole lors de cette conférence me permettra d’augmenter le nombre de décisions que je PRENDRAI pour moi chaque jour au lieu de laisser quelqu’un d’autre le faire à ma place ?
Ce sera rarement le cas, à moins que je ne gagne BEAUCOUP d’argent grâce à mes interventions ou que je n’augmente considérablement le nombre de mes relations professionnelles, ce qui est peu probable.
J’ai accepté d’effectuer bon nombre d’interventions.
Avec Google, par exemple, car les interventions avaient satisfait à toutes les exigences que je viens d’évoquer.
Avec TEDxSanDiego, car les interventions avaient satisfait à toutes les exigences que je viens d’évoquer. Avec Amazon, LinkedIn, Adobe, d’autres conférences organisées par de bons amis.
Et aujourd’hui je dois dire « non » à un bon ami. Je sais que le public concerné n’est pas ma cible, qu’il n’apporterait rien à :
- MES RELATIONS ;
- MA MAÎTRISE ;
- MA LIBERTÉ.
Alors je dis « non » !
À cela, s’ajoute en particulier le fait qu’un déplacement de 3 000 km m’empêchera d’écrire, d’organiser des podcasts et de participer à des activités professionnelles pendant 3 ou 4 jours (ce qui réduit ma liberté future et mes autres obligations de maîtrise et de relations).
Alors… « NON » !
Et, enfin, une citation que j’ai volée il y a longtemps à mon ami Derek Sivers, mais je dois à présent avouer que tout le mérite lui revient :
« Si ce n’est pas un ʺOui, bien sûr que oui !ʺ… Alors c’est un NON ! »