L’autre jour, en bavardant avec le père d’une amie, j’ai passé un sale quart d’heure. Ce qu’il me racontait semblait passionnant, mais son haleine m’a non seulement incommodée mais aussi déconcentrée. Je ne pensais qu’à une chose : respirer par la bouche sans avoir l’air bête (ce qui n’est pas facile !).
Vous avez peut-être aussi, dans votre entourage, des personnes qui souffrent d’halitose. Ou c’est un désagrément que vous connaissez personnellement. Ou même un complexe qui gâche votre vie sociale.
L’halitose est un symptôme induit par la présence de bactéries dans la bouche (sur la langue, les joues, les amygdales…) qui libèrent des composés sulfurés volatils, malodorants.
« 90% des halitoses ont une cause intra-buccale », estime le Dr Chloé Barbant, parodontiste.
Partons de l’idée que c’est vous qui en souffrez. Prenez ce dysfonctionnement au sérieux car il peut être le signe d’une pathologie buccale contre laquelle tous les bains de bouche du monde ne pourront rien.
Mais pas de panique, prenons le temps de faire un petit tour de la question.
Essayez, pour commencer, de détecter s’il s’agit d’un phénomène passager ou chronique.
Mauvaise haleine ponctuelle, pas d’affolement
Posez-vous les questions suivantes : votre haleine est-elle malodorante après les repas ? Seulement le matin ? Toute la journée ? Vous brossez-vous les dents au moins deux fois par jour ?
Parce que, soyons honnêtes, on a tous déjà senti « mauvais de la bouche » comme le disent si délicatement les enfants. L’halitose passagère est un mal assez répandu qui peut survenir après :
- un bon repas, riche en protéines (viande, fromages…) ;
- la consommation d’alcool, de café, de tabac ;
- la consommation de certains aliments (ail, oignons…) ;
- une nuit de sommeil (moins de salive = auto-nettoyage ralenti = développement des bactéries qui stagnent) ;
- un coup de stress, qui a tendance à diminuer le débit salivaire.
Les remèdes : bien se laver les dents et s’hydrater davantage pour ceux qui souffrent de bouche sèche (il existe également des substituts salivaires, demandez conseil à votre pharmacien).
L’halitose chronique révèle un problème que vous devez soigner
Quelles sont les causes de la mauvaise haleine continue ?
L’halitose est souvent la conséquence d’un problème buccal, comme des maladies gingivales (gingivite), une infection ou tout simplement une mauvaise hygiène orale.
60% des halitoses intra-buccales sont dues à une maladie parodontale.
« Le déchaussement des dents, caractérisé par une destruction osseuse, peut être la cause d’une mauvaise haleine, explique Chloé Barbant. Il s’agit, en effet, d’une maladie infectieuse appelée parodontite : la gencive perd son attache autour des dents, créant de véritables réservoirs bactériens, des poches parodontales, où les bactéries stagnent et libèrent des composés sulfurés. »
Pensez aussi à la langue ! Elle renferme une très forte densité bactérienne et induit les 40% restants des halitoses intra-orales.
Autres causes possibles ? Le reflux gastro-oesophagien, les affections ORL comme la sinusite ou un diabète mal équilibré.
Consultez votre dentiste en cas de mauvaise haleine continue
C’est lui qui vous apportera non seulement une explication mais surtout une solution ! Un examen de votre bouche et quelques questions plus tard, votre dentiste pourra vous dire s’il s’agit bien d’une pathologie buccale.
Dans le cas contraire, il vous enverra chez votre médecin généraliste. Il peut en effet arriver que vous souffriez de reflux gastro-oesophagien sans même le savoir. En effet, un reflux ne se limite pas qu’aux classiques maux d’estomac. Des symptômes plus inattendus peuvent survenir, comme des douleurs thoraciques ou des sensations d’écoulement au fond de la gorge. Vous serez envoyé, si nécessaire, chez un gastro-entérologue, pour des examens plus poussés.
« Si la cause de l’halitose est bien une maladie parodontale, le but sera de diminuer la charge bactérienne dans la bouche et de stopper le processus de destruction osseuse, pour prévenir la perte des dents, précise Chloé Barbant. Pour cela il faudra effectuer 2 à 4 séances de détartrage approfondi sous la gencive, sous anesthésie. Les réservoirs bactériens seront ainsi décontaminés et assainis. »
Et en prévention ?
De manière générale, adopter les bonnes habitudes en amont ne peut être que bénéfique. Pour éviter de transformer votre bouche en élevage de bactéries, soyez rigoureux dès qu’il s’agit d’hygiène orale.
- Lavez-vous les dents matin et soir, durant 2 minutes. Avec une brosse à dents électrique ? Manuelle ? A vrai dire, cela dépend ; demandez conseil à votre dentiste. « Les études montrent qu’une brosse à dent électrique est plus efficace, admet Chloé Barbant. Mais certains patients se lavent très bien les dents avec une brosse à dents manuelle et je ne leur conseillerai donc pas d’en changer. »
- En complément, prenez le temps d’utiliser du fil dentaire ou des brossettes interdentaires, qui permettront d’éliminer davantage de plaque dentaire.
- Pensez aussi à la langue. « Si elle est un peu chargée et blanchâtre — ce qui est fréquent chez les fumeurs –, le patient peut la brosser 3 jours par semaine avec un gratte langue ou, à défaut, une brosse à dents », conseille Chloé Barbant.
- Faites des bains de bouche avec de la chlorhexidine en cure (pas plus d’une semaine) et des gargarismes, en supplément du brossage, pour accéder aux zones postérieures de la langue.
Et bien sûr, si vous fumez, mettez en place des solutions pour réduire votre consommation de cigarettes ou encore mieux, arrêtez totalement. Même chose pour l’alcool.
Eh oui, en mars, les bonnes résolutions du 1er janvier sont plus que jamais d’actualité !
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