Cet article fait partie d’une série dans laquelle je vous dévoile les huit impostures que les riches utilisent pour maintenir les pauvres à leur place.
- Imposture n°1 selon mon père riche : l’enseignement supérieur
- Imposture n°2 selon mon père riche : “Il faut décrocher un emploi”
- Imposture n°3 selon mon père riche : “Travaillez dur et vous serez récompensé(e)”
- Imposture n°4 selon mon père riche : “Pour être riche, il faut vivre au-dessous de ses moyens”
- Imposture n°5 selon mon père riche : “Économisez de l’argent”
- Imposture n°6 selon mon père riche : “Votre maison est un actif”
On peut identifier certains schémas, dans ces Impostures selon mon père riche. Plusieurs d’entre elles vont main dans la main et proviennent toutes d’un même état d’esprit.
Économiser de l’argent, vivre au-dessous de ses moyens et celle d’aujourd’hui, « toute forme d’endettement est néfaste », puisent toute leur origine au même endroit : la peur de l’argent.
Tout comme les autres impostures, l’idée de devoir éradiquer toute forme d’endettement de votre vie pour réussir est un mensonge, et elle se reproduit car les gens n’ont aucune éducation financière. Ils ne comprennent pas ce qu’est vraiment l’argent, comment il fonctionne et comment on le fait travailler.
Cela ne fait aucun doute, dès leur plus jeune âge, on apprend aux enfants cette valeur : économiser de l’argent. On entend partout le même son de cloche : « Un centime économisé, c’est un centime gagné. » Et lorsque nous grandissons, on répand tout un tas d’histoires sur les intérêts composés. Économisez assez, dit-on aux enfants, et vous serez millionnaire au moment de votre retraite !
Ça, c’est l’Imposture n°5 selon mon père riche.
Mais on ne leur parle pas des taux d’intérêt, ou de ce pouvoir qu’a l’inflation de grignoter la valeur de l’argent au fil du temps…
Nous ne sommes peut-être même pas totalement conscients de ces vérités financières bien gênantes. Ces réalités grignotent le statut de millionnaire chaque jour qui passe.
C’est comme si cette « sagesse » d’épargner de l’argent était intemporelle, comme si elle n’allait jamais disparaître, même s’il est prouvé qu’elle est fausse. Aujourd’hui, on trouve encore des « experts financiers » qui invoquent ce mythe consistant à économiser de l’argent pour devenir millionnaire.
Jouer avec les chiffres
Prenons l’exemple d’une vidéo diffusée sur Business Insider : How much money you need to save each day to become a millionaire by age 65 [NDLR : combien faut-il économiser chaque jour pour être millionnaire à 65 ans].
Si l’on décompose par tranches d’âge, cela donne les montants suivants :
- 20 ans : 2,00 $ par jour / 730 $ par an ;
- 25 ans : 3,57 $ par jour / 1 304 $ par an ;
- 30 ans : 6,35 $ par jour / 2 317 $ par an ;
- 35 ans : 11,35 $ par jour / 4 144 $ par an ;
- 40 ans : 20,55 $ par jour / 7 500 $ par an ;
- 45 ans : 38,02 $ par jour / 13 879 $ par an ;
- 50 ans : 73,49 $ par jour / 26 824 $ par an ;
- 55 ans : 156,12 $ par jour / 56 984 $ par an.
Si vous avez la vingtaine ou la trentaine, ces chiffres vous conviennent peut-être. Vous seriez peut-être même tenté de penser que cela vaut la peine de commencer à économiser. Après tout, qui n’a pas envie d’être millionnaire vers l’âge de 65 ans ?
En revanche, si vous avez la quarantaine ou la cinquantaine, vous observez probablement ces chiffres avec un énorme pincement au cœur. Je ne connais pas beaucoup de familles de la classe moyenne pouvant se permettre d’économiser entre 10 000 $ et 56 000 $ par an.
Bon, voici le hic. À la fin de la vidéo, on indique les hypothèses suivantes (ou réserves ?) :
Pour simplifier, le calcul se base sur un rendement annuel de 12%, et ne prend pas en compte les taxes.
Voilà des intérêts composés qui relèvent de la magie – et du mythe, également.
Décortiquons un peu.
Qu’est-ce qu’un rendement réaliste ?
Au cours de ces 30 dernières années, environ, les taux d’intérêt sur les comptes à terme rémunérés n’ont atteint 12% qu’une seule fois. C’était en 1984, pour les comptes à terme rémunérés à 5 ans. Au cours de ces dix dernières années, le S&P 500 n’a rapporté que 8,65%, en moyenne. Au cours de la même période, le bon du Trésor à 3 mois a rapporté 0,74%, et le bon du Trésor à 10 ans, 5,03%. En fait, si vous observez ce tableau, vous constaterez que depuis 1928, on a du mal à identifier un placement standard quelconque, ou un support d’épargne, qui ait rapporté 12% sur une période prolongée.
Vous concèderez volontiers, peut-être, que 12% est une hypothèse de rendement élevée, mais peut-être que le principe de rendements de 10%, 8%, voire même 6%, vous suffirait.
Voici le problème : non seulement cette vidéo envisage un taux de rendement élevé que la plupart des gens n’obtiendront jamais, mais elle ne prend pas non plus en compte la fiscalité, laquelle peut substantiellement entamer vos rendements.
Par exemple, les intérêts des comptes épargnes sont imposés selon un taux marginal. Cela signifie qu’ils sont imposés selon votre tranche de revenus. Donc, si votre taux d’imposition sur le revenu est de 25%, et que ce revenu est de 65 000 $ par an, ce même taux est appliqué à votre compte épargne.
Vous commencez à voir que ce conseil financier tombe rapidement en miettes.
Les épargnants sont perdants, mais qui est le gagnant ?
Pendant des années, j’ai dit que les épargnants étaient perdants. J’espère que les exemples ci-dessous vous feront comprendre pourquoi.
Mais la question devient la suivante : pourquoi les conseillers financiers persistent-ils à recommander d’épargner ? Comme toujours, il faut suivre la piste de l’argent. Les supports d’épargne traditionnels qu’utilisent la plupart des gens permettent aux établissements financiers de facturer des frais. Ces frais peuvent être particulièrement dévastateurs sur un plan épargne retraite 401(k), aux États-Unis.
Prenons cet exemple tiré de USA Today :
Disons, par exemple, que vous économisez 10 000 $ par an pendant 30 ans sur votre plan épargne retraite 401(k). Si vous obtenez un rendement moyen annuel de 7%, et payez des frais annuels de 0,5%, vous aurez épargné 920 000 $, au bout du compte. Toutefois, avec 1% de frais annuels, ce total chute à un peu moins de 840 000 $ ; et si vous subissez des frais annuels de 2%, vous vous retrouverez avec un peu moins de 700 000 $, à la fin.
Si l’on additionne les faibles rendements qu’envisagent la plupart des modèles, la fiscalité et les frais versés aux établissements financiers, cela anéantit totalement les suppositions faites dans la vidéo de Business Insider et, franchement, de la plupart des modèles d’épargne existants. Les épargnants sont réellement perdants, et les gagnantes sont les institutions financières.
Donc, si l’épargne ne permet pas de devenir riche, que faut-il faire ? Réponse rapide : emprunter.
Mais n’est-il pas néfaste de s’endetter ?
Les Impostures selon mon père riche que nous identifions représentent la manière dont les riches restent riches tout en s’assurant que les pauvres restent pauvres.
C’est peut-être contre-intuitif, notamment lorsque certaines de ces Impostures – comme vivre au-dessous de ses moyens et épargner de l’argent – semblent vous aider à vous enrichir. Mais c’est une imposture. Les riches sont endettés. Et énormément endettés, en général. Mais ils possèdent des actifs qui compensent plus que largement leurs emprunts.
En fait, non seulement les riches s’endettent, mais ils s’en servent pour s’enrichir encore plus.
La différence entre riche et pauvre, en ce qui concerne l’endettement, est la suivante : c’est le fait de comprendre les différentes raisons qui sont à l’origine de cet endettement.
Le bon endettement vs. le mauvais endettement
Le mauvais endettement ne fait que vous appauvrir : il s’agit des dettes de cartes de crédit, des crédits autos, etc.
C’est le type de prêts dont on se sert pour s’acheter un passif.
Le bon endettement est celui qui vous enrichit, tel qu’un prêt destiné à réaliser un investissement immobilier ou à acheter des équipements pour votre entreprise, qui vous offre donc un rendement.
C’est le type de prêts dont on se sert pour acheter des actifs. [Lire aussi : La plupart de vos actifs sont truqués]
Mes biens immobiliers sont un bon exemple de bon endettement. En empruntant à la banque, je peux acheter un bien immobilier en déboursant très peu de mon argent personnel. Ensuite, je loue ce bien et mon locataire couvre le coût de mon emprunt tout en me versant de l’argent.
Pour une entreprise, c’est la même chose.
On peut souscrire des prêts qui s’autofinancent. La trésorerie de l’entreprise couvre ce que vous avez emprunté et génère un revenu. Ce revenu peut être converti en bons emprunts supplémentaires permettant de générer davantage de trésorerie.
On nous a appris à considérer l’endettement comme un gros mot, mais ce n’est pas forcément le cas. Notamment une fois que vous possédez la culture financière vous permettant de voir comment il peut agir pour vous, et non contre vous.
Voici comment l’argent agit pour vous
Je vais vous donner un exemple illustrant comment fonctionne le concept de bon endettement.
Disons que je dispose de 100 000 $. Ils viennent d’un héritage, ou bien de la vente de quelque chose de grande valeur. Toujours est-il que je dispose de cet argent. Je peux le placer dans un fonds commun de placement, ce qui est un peu mieux que de l’économiser, sous réserve de choisir un bon fonds qui ne va pas prendre une énorme part de mes gains tout en me faisant payer plus d’impôts sur les plus-values financières. Le rendement que j’en obtiendrais serait légèrement plus élevé qu’en le plaçant dans un compte épargne, mais ce ne serait pas grand-chose.
Toutefois, si j’utilise ces 100 000 $ comme apport sur un bien immobilier valant 500 000 $, je viens d’acheter une valeur de 500 000 $ pour tout juste 100 000 $ ! Ces 400 000 $ représentent un bon endettement.
C’est exactement ce que nous avons fait, mon épouse Kim et moi, à plus petite échelle, avec son premier investissement.
Elle a acheté une maison de 45 000 $ en versant un apport de 5 000 $ et grâce à un bon endettement de 40 000 $. Et ensuite, elle a fait travailler ce bien immobilier.
Les loyers ont couvert le prêt et la fiscalité. Elle a retiré un gain, ou une trésorerie positive, de 25 $ par mois. C’est peu, mais c’est un début. Elle a renouvelé encore et encore cette méthode, et bâti son patrimoine tout en faisant travailler l’argent qu’elle gagnait. Aujourd’hui, elle investit des millions, mais le concept est le même.
Aujourd’hui, au lieu de vous faire avoir par l’Imposture « toute forme d’endettement est néfaste », je vous invite à améliorer vos connaissances et à apprendre comment faire travailler ces prêts.