Je me rappelle des yeux hébétés de ma grand-mère quand, en 2008, soucieux de la mettre au parfum des nouvelles tendances, j’avais cru bon de lui expliquer le principe de Facebook, « un réseau social sur internet qui permet d’interagir avec ses amis partout dans le monde ».
« Réseau social », « internet », « interagir », « partout dans le monde »… J’avais senti dans son regard un mélange d’agacement et d’ignorance qui en disait long sur le fossé qui séparait ma génération de la sienne.
Je la comprenais. Difficile de vivre la révolution numérique à 70 ans.
Puis je me suis demandé : va-t-elle réussir un jour à s’adapter à ces nouveaux outils ? Parce que mine de rien, c’est tout un monde autour d’elle qui était en train de changer !
Renaissance d’une génération…
Elle a fait son temps, l’image de ma grand-mère dépassée par les nouvelles technologies. Pour être précis, elle ne concerne plus que 30% des séniors.
- Aujourd’hui, les plus de 60 ans sont 12 millions à être connectés à Internet, et à l’utiliser régulièrement.
- Ils sont même 62% à utiliser un navigateur et des applications sur leur terminal mobile.
De manière générale, tout le monde s’y est mis.
Vous vous souvenez de l’arrivée du smartphone, qui a entraîné la banalisation de l’internet mobile ? Peut-être y étiez-vous réticent au départ… Peut-être même vous êtes-vous dit que ça ne marcherait jamais !
Pourtant, en ce moment même, la plupart d’entre vous a dans sa poche un téléphone portable qui lui permet d’accéder à Internet. Et si ça se trouve, vous lisez même ces lignes directement sur votre smartphone.
Si la nécessité de s’adapter à ces bouleversements culturels a été évidente pour certains, c’est aussi parfois sous la pression des enfants et petits-enfants qu’il a fallu franchir le pas. Si vous avez de la famille à l’étranger notamment, l’application Skype vous aura déjà changé la vie.
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Quant à ma grand-mère, elle gardera un souvenir impérissable de notre première conversation Skype — tout comme moi devant son émerveillement béat !
… à travers ses propres codes
Consultation de mails, d’informations sur les sites des groupes de Presse, visionnage des émissions de TV en replay … les usages de l’Internet par les boomers sont plutôt classiques.
Mais depuis quelques années, une frange ultra-connectée de cette génération a totalement adopté les codes de la « génération Y » (celle qui est née avec la révolution numérique) jusqu’à posséder son propre Facebook !
Baptisé Quintonic, ce réseau social s’adresse exclusivement aux plus de 50 ans qui désirent partager leurs centres d’intérêt avec d’autres utilisateurs et éventuellement se retrouver dans la vie réelle. Gratuit et simple d’utilisation, il est présenté par ses fondateurs comme un « générateur de lien social » pour les quinquagénaires et les sexagénaires.
A l’origine, une forte demande de cette génération oubliée de l’Internet qui était en attente d’un tel espace d’interaction, comme c’était déjà le cas aux Etats-Unis ou en Allemagne. Pour la présidente du réseau social, « il (nous) paraît évident que les réseaux sociaux vont devenir un espace d’expression et de rencontre de plus en plus utilisé par les 50 ans et plus ».
Pour ma grand-mère et moi, c’est aussi un beau clin d’œil à notre conversation de 2008 !
Vers une génération de « gamers » ?
Il y a quelques années encore, les jeux vidéo étaient l’apanage des jeunes générations. Elevés à la Playstation et à la Nintendo 64, les enfants des années 90 pourraient même témoigner que ces heures passées à jouer devant la télé ou sur leur ordinateur sont bien souvent devenues des sources de conflit avec leurs aînés.
Mais les « gamers » – entendez les amateurs de jeux vidéo – ne sont plus seulement ceux que l’on croit.
Si en 1994, l’âge du joueur moyen était de 19 ans, il est aujourd’hui de 41 ans, selon le Syndicat national des jeux vidéo. En effet, les boomers sont de plus en plus nombreux à prendre les manettes, et la tendance s’est accélérée avec l’arrivée de la Wii, la console de salon de Nintendo qui offre aux joueurs la possibilité de faire de l’exercice tout en s’amusant.
« Travailler ma mémoire, mais surtout m’isoler et m’amuser »
Colette, elle, n’a pas attendu la Wii pour se passionner pour les jeux vidéo. Agée aujourd’hui de 76 ans, elle se souvient avoir acheté sa première console Atari à la fin des années 80 pour son plaisir personnel, et n’a jamais cessé de jouer depuis.
« J’ai eu deux consoles Atari, qui sont d’ailleurs toujours chez moi, puis j’ai acheté la Nintendo 64 quand mes petits-enfants ont eu l’âge de jouer. Ils aimaient bien jouer avec moi. »
« Ensuite, passés 70 ans, je n’ai acheté plus que des consoles portables, plus pratiques, plus individuelles aussi. J’ai une Nintendo DS que je peux tenir dans mes mains, et je peux y jouer partout ».
Colette a toujours aimé les jeux de société, les jeux de réflexion, et elle a vu dans les jeux vidéo un moyen de continuer à s’amuser sans avoir besoin d’adversaire.
« Je joue souvent seule, sauf quand mes petits-enfants viennent à la maison. J’ai même réussi à convertir mon mari, mais il n’y a que le jeu de poker qui l’intéresse ! »
Si elle avoue jouer moins qu’avant, elle continue de passer en moyenne 2 heures par jour sur sa console, « pour travailler ma mémoire, mais surtout pour m’isoler et pour m’amuser ».
Il est vrai qu’il existe de nombreux jeux de réflexion et de mémoire, dont les bienfaits intellectuels ont été prouvés scientifiquement. L’étude réalisée par Adam Gazzaley à l’université de Californie par exemple, a mis en évidence l’amélioration des capacités mentales pour les adultes de 60 ans – à condition que les jeux soient ciblés et adaptés.
Si Colette conçoit avant tout le jeu comme « un plaisir égoïste, un sentiment de n’avoir besoin de personne », d’autres boomers aiment jouer à plusieurs, voire en réseau, sur internet.
« Ma sœur, qui a 65 ans, a un fils qui a beaucoup joué entre 20 et 30 ans. Il l’a convertie et maintenant elle joue en réseau depuis chez elle sur son ordinateur. On ne joue pas du tout pour les mêmes raisons ! »
Connectés, équipés, informés et parfois pionniers, les seniors ne cessent de rattraper le temps perdu.
Attention, les jeunes générations vont être dépassées !
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