Lorsqu’il s’agit d’investir, les soi-disant experts donnent les conseils suivants aux personnes lambda : « Investissez dans un portefeuille diversifié, des actions, des obligations et des fonds communs de placement. »
Pourquoi ce conseil ? Il ne fait aucun doute que leurs intentions sont louables. La diversification est le moyen le plus facile d’aider les personnes qui n’ont pas d’éducation financière à maîtriser le risque.
Cela semble donc être un bon conseil, n’est-ce pas ? Qu’y a-t-il de mal à répartir les risques entre plusieurs instruments de placement différents ? Comme nous le verrons plus loin dans cet article, le risque auquel vous êtes exposé est encore plus important.
Pourquoi est-ce un mauvais conseil ?
Tout d’abord, ce que la plupart des gens considèrent comme de la diversification n’en est pas vraiment.
Il s’agit plutôt de répartir votre argent sur une seule catégorie d’actifs. Les actions, les obligations et les fonds communs de placement font tous partie de la même catégorie d’actifs : les valeurs détenues. Un plan 401(k) qui investit principalement dans des fonds indiciels est un véhicule d’investissement qui répartit simplement l’argent sur un seul type d’investissement : les actions. Il ne s’agit pas réellement de diversification. En réalité, il s’agit d’une spécialisation, et si vous le faites à l’aveuglette, vous vous exposez à un grand risque.
Il existe en fait quatre catégories d’actifs : les valeurs détenues, les actifs immobiliers, les produits de base et les actifs commerciaux. Un portefeuille vraiment diversifié contient des participations dans l’ensemble de ces catégories ou dans la plupart d’entre elles.
Au-delà de ça, la diversification est un jeu où il n’y a ni perdant, ni gagnant. Les gains obtenus dans une catégorie compensent les pertes subies dans une autre. Bien sûr, cette stratégie est peu risquée, mais il est rare qu’une personne s’enrichisse en se diversifiant.
Comme le dit Warren Buffett :
« Ce n’est que lorsque les investisseurs ne comprennent pas ce qu’ils font qu’une importante diversification s’impose. »
Diversification, risque systémique et risque non systémique
La raison pour laquelle la diversification est une méthode de placement à risque élevé tombe sous le sens lorsque l’on envisage le risque systémique et le risque non systémique.
Il y a quelques années, British Petroleum a fait face à une marée noire majeure. Au cours de cette période, les actions de la société ont chuté de plus de 50%. Cependant, cela n’a pas eu d’impact sur le marché et les choses se sont déroulées comme si de rien n’était pour d’autres actions, sur le marché immobilier, etc.
Voilà un exemple de risque non systémique. Si vous aviez placé tout votre argent en actions BP, vous auriez été rudement touché, vous auriez perdu la moitié de votre patrimoine. Mais cela se serait limité à cette seule société. La situation des autres investisseurs sur le marché n’aurait pas été altérée.
Les investisseurs amateurs tentent de maîtriser le type de risque encouru suite à une spécialisation sur une seule action, en l’occurrence BP, en se diversifiant sur l’ensemble du marché boursier. Le problème, c’est qu’ils sont alors exposés à un risque systémique, ce qui est beaucoup plus hasardeux.
L’effondrement du marché des prêts hypothécaires à haut risque est un exemple de risque systémique. Les courtiers ont accordé des prêts hypothécaires comme s’ils distribuaient des bonbons, sans aucune mise de fonds, ils ont accepté les revenus déclarés et n’ont pas documenté les prêts. Des millions de personnes avaient menti afin d’obtenir un prêt pour une maison qu’elles n’avaient pas les moyens d’acheter ; elles ont cessé de rembourser et c’est tout le système qui a été touché. L’indice S&P 500 a chuté de plus de 50%. En matière de risque systémique, la diversification ne vous sera d’aucune aide.
Diversification et avantage déloyal
Andy Tanner, mon ami et conseiller de mon père riche, est passé maître dans le domaine des valeurs détenues. C’est également un géant. Comme il mesure plus de 2 mètres, Andy s’est naturellement mis au basketball lorsqu’il était jeune, et il est devenu un joueur accompli.
Il m’a raconté l’histoire de son frère cadet, qui mesure 20 cm de moins que lui. Ils jouaient souvent au basketball devant leur garage. Le frère cadet d’Andy ne l’a jamais battu. « Ce n’est pas juste ! », hurlait-il.
« Tu as raison, répondaient ses parents. La vie est injuste. »
En matière de basketball, Andy avait ce que j’appellerais un avantage injuste sur son frère. La nature l’avait doté d’une grande taille, ce qui lui permettait de triompher dans le jeu. Il ne trichait pas. Il respectait les règles, mais cette concurrence déloyale lui permettait de gagner à chaque fois.
Les investisseurs qui réussissent le mieux ne se diversifient pas. Ils ont plutôt un avantage déloyal sur les investisseurs amateurs. Ils ciblent, se spécialisent et assurent leurs investissements contre les risques par le biais de contrats.
Ils apprennent à maîtriser mieux que quiconque la catégorie de placement dans laquelle ils investissent et à savoir comment fonctionne l’entreprise. Par exemple, lorsqu’ils investissent dans l’immobilier, certains investisseurs se spécialisent dans les terrains non aménagés, tandis que d’autres se tournent vers les immeubles résidentiels. Bien qu’il s’agisse de deux investissements immobiliers, la manière de faire n’est pas la même.
Ils passent ensuite par des contrats, comme un contrat de location, afin de bénéficier d’un revenu garanti pendant douze mois et d’une assurance qui les protège contre les pertes ; ils verrouillent ainsi leur avantage déloyal et génèrent de l’argent même en cas de fluctuation des marchés.
Les riches ont un secret : vous pouvez assurer n’importe quel investissement dans n’importe quelle catégorie d’actifs, même dans les actions. Il faut juste être financièrement intelligent pour savoir comment procéder.
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Quand la diversification est judicieuse
Compte tenu de tout ce que nous avons dit précédemment, je vous pose à nouveau la question : pourquoi les conseillers financiers recommandent-ils la diversification alors que les plus grands investisseurs de la planète choisissent de ne pas diversifier leur portefeuille ?
Pour résumer, ils le font pour protéger les ignorants. Il y a les investisseurs professionnels et les investisseurs amateurs. Warren Buffett est un investisseur professionnel. Ce n’est pas le cas de la plupart des gens. Un investisseur professionnel, par exemple, sait que le fait de faire face pour BP à une marée noire est le signal qu’il est temps de se couvrir contre les pertes. Un investisseur amateur révise sa position après avoir perdu beaucoup trop d’argent. Les investisseurs professionnels doivent se spécialiser. Les investisseurs amateurs doivent se diversifier.
La vraie question est : souhaitez-vous devenir investisseur professionnel ou rester amateur ? Si vous choisissez de rester amateur, alors diversifiez-vous par tous les moyens. La diversification vous permet de ne pas « mettre tous vos oeufs dans le même panier » de sorte que, comme cela a été le cas pour BP, seule une partie de votre portefeuille sera affectée en cas de perturbations.
Mais si vous décidez de devenir un investisseur professionnel, le prix à payer sera de cibler votre implication, votre temps et d’étudier les options qui s’offrent à vous. Warren Buffett a consacré sa vie à devenir le meilleur investisseur possible. C’est pourquoi il se spécialise au lieu de se diversifier. Il n’a pas besoin de se protéger de l’ignorance, tout simplement parce qu’il a investi du temps et de l’argent afin de comprendre ce qu’il fait.
Une spécialisation intensive, des récompenses exceptionnelles
À Hawaï, se trouve une énorme fondation connue sous le nom de Winners Camp. On y enseigne aux adolescents les attitudes et les compétences nécessaires pour réussir dans la vie. Winners Camp utilise le mot « focus » comme acronyme pour « Follow One Course Until Successful » (Maintenez un cap jusqu’à ce que vous réussissiez). Je crois qu’il faut apprendre à tous les enfants et à tout investisseur qui veut être un investisseur riche à se spécialiser.
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Prenez toutes les personnes qui sont devenues riches, elles se sont spécialisées au maximum afin de réussir.
Plutôt que de vous diversifier, je vous encourage à vous spécialiser. Ce faisant, vous prendrez le contrôle de votre avenir financier, ce que les amateurs ne peuvent pas faire.