J’ai tenté d’investir dans des sociétés non cotées. C’est la voie la plus rapide vers la réussite et la richesse réelles.
Mais c’est difficile. De 1997 à 2007, j’ai investi dans beaucoup d’entreprises qui se sont toutes soldées par un échec, pratiquement. Cela a été frustrant et douloureux.
Et puis en 2007, j’ai réalisé un investissement qui a fonctionné. Et en 2009, j’en ai réalisé quelques autres. Et ainsi de suite.
Je me suis rendu compte des erreurs que j’avais commises de 1997 à 2007 et j’ai mis au point une « check-list« , tout simplement.
Je l’admets : j’ai dévié de ma check-list, de temps en temps. Et chaque fois que j’en ai dévié, cela s’est soldé par l’échec intégral de ces investissements dans des sociétés non cotées.
En revanche, j’ai enregistré 100% de réussite lorsque je me suis conformé à cette check-list.
Le premier investissement fructueux que j’ai réalisé dans une société non cotée s’élevait à 50 000 $, somme qui provenait de mon fonds d’investissement (que j’avais constitué avec un autre investisseur). Nous avons investi cette somme dans une société appelée Buddy Media.
Buddy Media avait l’intention de réaliser des jeux auxquels on pourrait jouer sur Facebook.
Lorsque j’ai investi les 50 000 $, Buddy Media était évaluée à 4 M$, environ. En 2012, elle a été revendue à Salesforce.com pour la somme de 650 M$. Les 50 000 $ ont rapporté 3,6 M$ en cinq ans.
En 2009, j’ai investi dans une société appelée Ticketfly. Là encore, ma société d’investissement a placé 50 000 $ alors que l’évaluation de la société était de 4 M$, environ. Elle a été revendue 450 M$ à Pandora. Les 50 000 $ ont rapporté 2,8 M$ environ.
Ce que j’ai appris en matière de capital-investissement
Investir moins pour gagner plus
Moins j’investis, plus je gagne. Cela peut paraître contre-intuitif. Et c’est peut-être bien le cas. Peut-être que cela ne s’applique qu’à moi.
Mais je sais pertinemment que lorsque j’investis un pourcentage considérable de mon portefeuille, je n’arrive plus à dormir la nuit. Je suis angoissé. À chaque investissement, j’ai toujours eu peur, À UN CERTAIN STADE de ma période d’investissement, que l’entreprise perde toute sa valeur. Un échec de plus.
Par exemple, dans le cas de Buddy Media, nous avons investi 50 000 $ dans une entreprise évaluée à 4 M$. Buddy Media a ensuite levé des capitaux alors qu’elle était évaluée à 20 M$. Et lorsqu’elle a été évaluée à 100 M$, la société a proposé de racheter leur part aux investisseurs de départ, moi y compris.
Nous aurions pu gagner 800 000 $, environ. Mais comme nous avions investi 50 000 $ à deux, et que je disposais d’autres capitaux, à l’époque, j’ai « laissé courir ». Je n’ai pas investi davantage – chose que j’aurais pu faire – mais je n’ai pas retiré ma participation.
À mon avis, si j’avais investi 100 000 $ au lieu de 50 000 $, cela m’aurait rapporté 1,6 M$.
Mais nous avons maintenu notre participation. Six mois plus tard, la société s’est vendue à près de 700 M$. Je suis content d’avoir maintenu ma participation, car cela nous a rapporté 3,6 M$ !
Bien entendu, ce ne sont que des chiffres et de menus détails, désormais. Ce qu’il faut retenir, c’est la différence sur le plan psychologique.
J’aurais été trop angoissé si j’avais investi davantage. Le fait d’avoir moins investi m’a permis de rester calme et de gagner plus d’argent. Il est essentiel de se connaître et de connaître ses propres limites.
Soyez disposé à attendre longtemps
Si vous achetez un titre aujourd’hui, vous pouvez le revendre dès le jour suivant. J’ai fait du day trading pendant près de dix ans. Dans l’ensemble, je conservais mes investissements quelques heures, peut-être.
Mais avec des sociétés non cotées, une fois que vous avez investi, cela s’arrête là. Vous ne pouvez pas récupérer votre argent tant que la société n’est pas revendue ou introduite en Bourse, ou que l’on ne vous propose pas de racheter vos parts (ce qui est rare).
Et il y a également ceci : les entreprises médiocres disparaissent vite. Traditionnellement, elles font faillite ou bien se vendent pour une bouchée de pain et les investisseurs privés perdent de l’argent.
Mais les entreprises de qualité existent longtemps avant de disparaître.
Comment ça se fait ? Une entreprise de qualité peut progresser de 100% par an au cours de ses dix premières années, avant de véritablement trouver sa vitesse de croisière (c’est-à-dire d’avoir trouvé le bon modèle économique).
Les propriétaires de l’entreprise et les principaux investisseurs NE VEULENT PAS QUE LA SOCIÉTÉ SOIT VENDUE.
S’ils la vendent à une société établie depuis plus longtemps, leurs actions deviennent celles d’une société qui existe depuis plus longtemps. Par exemple, disons qu’une entreprise non cotée soit revendue à Microsoft et que Microsoft réalise l’opération par échange d’actions. À partir de là, les actions évolueront au rythme de la croissance de Microsoft, lequel est bien plus lent que celui d’une start-up en plein essor.
Tant que l’entreprise est sur une trajectoire de croissance rapide, elle n’est pas revendue. Pourquoi la revendre ? Et où investir cet argent en vue d’obtenir une croissance de 100% par an ? C’est difficile à réaliser !
Actuellement, certains de mes investissements enregistrent une croissance de 50 à 100% par an. Et j’aimerais bien qu’ils soient vendus, un jour. Je prends des participations dans des entreprises depuis 11 ans !
Mais je préfère attendre. Tant qu’elles doublent chaque année, qu’elles continuent ainsi ! Un jour, elles finiront par ralentir un peu et seront vendues à un acquéreur, ou bien entreront en Bourse.
Ce que j’ai appris de mes positions en capital-investissement
Alors vous devez être capable d’assumer le fait que vous aurez besoin d’autres capitaux, pendant cette période, pour survivre. Et cela veut également dire que je dois faire attention aux sociétés dans lesquelles j’investis. Après tout, j’aurai peut-être besoin de cet argent. Et je préfère ne pas être réduit à mendier pour récupérer mon argent (ce qui, malheureusement, m’est déjà arrivé). |
Cela étant dit, voici ma fameuse check-list…
Mes grandes règles pour investir sur les marchés non cotés
Règle n°1 – Le PDG a déjà créé et revendu une entreprise
Vendre une entreprise est presque aussi difficile que la créer. Il faut convaincre quelqu’un de vous rendre riche ! Et, si je puis me permettre, personne ne se lève le matin en ayant envie de vous rendre riche.
Vous devez être capable de vendre un rêve si vaste que l’acquéreur visualise à quel point le fait d’acheter votre société va l’enrichir. Et il se trouve que vous vous enrichissez également au passage.
C’est très difficile. Cela relève tellement de la psychologie. De plus, c’est très stressant, car d’un bout à l’autre de l’ANNÉE (au moins) consacrée à vendre votre entreprise, vous ne pouvez pas la quitter des yeux. Vous devez toujours la diriger !
Voilà pourquoi vous devez investir dans une société non cotée dirigée par un PDG qui a déjà fait cela auparavant, quelqu’un qui possède les compétences commerciales, managériales, entrepreneuriales et psychologiques nécessaires pour revendre une entreprise. Ce sont des compétences très difficiles à acquérir, que peu de gens possèdent.
Lorsque j’ai investi dans Buddy Media, le PDG avait déjà lancé Golf.com qu’il avait revendu à AOL, et il avait déjà fait entrer en Bourse une société qu’il avait créée. Je savais donc qu’il pouvait créer et revendre une société.
De plus, cela me signalait qu’il pouvait changer de cap, si nécessaire.
Rappelez-vous, j’ai précisé que Buddy Media réalisait des jeux pour Facebook. J’adorais Facebook. Au début de l’été, cette année-là, j’étais passé sur CNBC et j’avais déclaré que Facebook (qui venait juste de refuser une offre de rachat d’un milliard de dollars émise par Microsoft) valait 100 Mds$. Et tout le monde avait rigolé.
Et aujourd’hui, cette société vaut 600 Mds$, à peu près.
Je voulais investir dans d’autres sociétés liées à la croissance de Facebook car je savais que c’était un pari gagnant. Mais ce n’est pas si facile.
Une société a pris le dessus, dans le secteur des jeux pour Facebook : Zynga.
Buddy Media a échoué. Ses jeux étaient horribles, comparés à ceux de Zynga. Alors le PDG a rapidement et intelligemment changé de cap. Il a pris les outils qu’il utilisait pour faire des jeux pour Facebook et il est allé démarcher de grandes marques comme Pepsi, etc., à qui il a dit : « Facebook va être énorme. Nous allons développer la marque Pepsi sur Facebook pour que ce soit un excellent espace publicitaire, pour vous. »
Et cette stratégie a fonctionné.
Mais elle n’était pas évolutive… Le fait d’être une agence publicitaire, même digitale, n’est pas évolutif. Il faut de nouveaux salariés pour chaque nouveau client.
Au fait, c’est pendant cette période que la crise financière de 2008 a éclaté. Juste avant qu’elle n’éclate, le PDG a réussi à lever des millions pour s’assurer qu’il pourrait poursuivre ses activités. Il savait à quel moment diluer les actions d’une société par mesure de sécurité.
Et, Dieu merci, il l’a fait ! Et il a encore changé de cap. Il a automatisé les tâches les plus courantes qu’il réalisait pour ses clients. N’importe quelle société pouvait alors s’abonner et utiliser la boîte à outils de Buddy Media pour créer des pages Facebook pour sa marque, des quiz, des jeux, et d’autres outils de développement de marque.
La société était devenue évolutive, et elle a immédiatement décroché des milliers de clients. Buddy Media est passé du stade de développeur de jeux à celui d’agence publicitaire, puis de fournisseur de SaaS (« Software-as-a-service » : logiciels à la demande).
Et voilà pourquoi le leader du SaaS, Salesforce.com, a racheté l’entreprise pour 700 M$. Et Salesforce a tellement apprécié le PDG et son professionnalisme dans la vente de Buddy Media que la société l’a nommé directeur des ventes de Salesforce.
Donc, cette règle n°1 est importante. Le PDG doit déjà avoir créé, développé et revendu une entreprise.
À partir de là, vous pouvez être sûr qu’il possède les compétences permettant d’obtenir des résultats, de lever des fonds, de changer de cap rapidement, de lever encore plus d’argent, de changer de cap à nouveau, de sélectionner les bons investisseurs, de trouver un mode évolutif, et de savoir à quel moment vendre et à qui.
Règle n°2 – Des gens plus doués que moi investissent, eux aussi, dans l’entreprise
Quelqu’un m’a demandé quelle était la leçon par excellence que j’avais retenue de tous mes investissements ratés.
Réponse : Je suis stupide, stupide, stupide. Je me réveille, je me regarde dans un miroir et je me dis : Je suis stupide. STUPIDE !
Chaque fois que j’ai réalisé de mauvais investissements, c’est parce que je me suis cru trop malin. « Ce n’est pas grave, si personne d’autre n’investit là-dedans ! Je suis assez malin pour déceler le potentiel et rafler toutes ces actions pour moi tout seul ! Je vais leur montrer ! »
À présent, je n’investis pas à moins de constater que quelqu’un de nettement plus doué que moi investit, lui aussi, dans l’entreprise en question, et exactement dans les mêmes conditions.
Reprenons l’exemple de Buddy Media, mais cela s’applique à tous mes investissements réussis – sans exception – sur les marchés non cotés.
Peter Thiel, le fondateur de PayPal – et plus important encore, le premier à avoir investi dans Facebook – avait également investi dans Buddy Media.
Et Mark Pincus, fondateur de Zynga, le leader du développement de jeux vidéo pour Facebook, avait également investi dans la société.
Plus tard, beaucoup d’autres sociétés de capital-investissement y ont également investi, inspirées par ces deux premiers investisseurs.
Je peux fournir d’autres exemples. J’ai investi dans une société, Netsertive, dans laquelle une grande société de capital-investissement a investi au départ. Je me suis dit que j’allais laisser aux brillants diplômés de cette firme le soin de procéder à la due diligence [NDR : audit d’acquisition d’une cible, analysant de façon exhaustive l’activité d’une entreprise]. Ce n’était pas la peine que je m’en occupe.
Autre exemple : Benchmark (première société qui a investi dans eBay) a investi dans CTera aux mêmes conditions que moi. Là encore, je me suis dit qu’ils feraient une meilleure analyse que moi.
Cela dit, j’ai quand même fait des recherches. J’ai appelé chaque client. J’ai effectué certaines vérifications, etc. Mais tous ceux à qui j’ai parlé m’ont dit qu’ils avaient déjà parlé à Benchmark.
J’ai réalisé un investissement, l’an dernier. Mon co-investisseur avait déjà investi dans Uber. Il avait investi 25 000 $ et cela lui avait rapporté 100 M$. Il a demandé si je voulais investir dans cette nouvelle affaire. Je n’ai même pas demandé de quelle société il s’agissait. Je lui ai répondu : « Quelle question, bien sûr que oui ! »
Retrouvez mes deux autres règles incontournables pour investir sur les marchés non cotés dans le dernier numéro des Investissements d’Altucher, le volet financier de ma publication Les Dossiers d’Altucher. Pour plus d’informations…