En 2003, je détestais vraiment Warren Buffett. Vraiment : je le haïssais personnellement.
Après les attentats du 11 septembre 2001, il a déclaré : « Nous allons avoir quelque chose comme un événement nucléaire majeur dans ce pays. Cela va arriver. Que ça se produise dans 10 ans ou 10 minutes, ou 50 ans… c’est une quasi-certitude. »
À la télévision, tout le monde a opiné du chef. Pourquoi pas. Le gars est plus grand que Jésus.
Mais voilà le truc : WB (nous nous appelons par nos initiales lorsque nous nous murmurons doucement à l’oreille) vend aux gens des assurances CONTRE LES ATTAQUES NUCLÉAIRES.
Si je vendais des assurances au porte-à-porte, vous savez ce que je vous dirais ? « Vous pourriez mourir demain ! Pourquoi ne pas protéger vos enfants, juste au cas où ? »
Et je n’aime pas quand les gens – même Buffett – sèment la panique nucléaire.
Même dans ses lettres à ses actionnaires, il lui arrive de parler d’attaques nucléaires.
Mais je lui ai pardonné. Nous nous sommes fait un câlin pour sceller ça… en quelque sorte. Mais il ne décroche toujours pas quand j’essaie de l’appeler.
J’ai donc pris un taxi pour aller chez lui. Vous ne prendriez pas un taxi pour aller chez lui ? Si vous le pouviez ?
Investissez comme Warren Buffet : mon chef d’œuvre sur Buffett.
Et la pire couverture de l’histoire de l’imprimerie
En 2003, j’ai assisté à la réunion annuelle de Berkshire Hathaway à Omaha. Le Buffettpalooza. Je crois qu’il y avait 20 000 personnes sur place – je n’exagère pas.
Les gens ont commencé à faire la queue à 5h du matin pour entrer. Des donuts Krispy Kreme étaient vendus à l’extérieur. Et lorsque le moment d’entrer est venu, les gens ont tous COURU pour avoir les meilleures places. Mais comme les sols venaient d’être nettoyés, tout le monde glissait, patinait et tombait dès l’entrée dans le bâtiment. Exactement ce qui se passerait si tout le monde courait pour échapper… eh bien… à une attaque nucléaire.
La veille au soir, des fêtes avaient été organisées.
Je me suis fait inviter en faisant semblant de faire partie des « médias ». On m’a donné un badge spécial.
J’ai rencontré un gars qui m’a raconté une histoire. Il avait acheté 200 actions Berkshire en 1976. Les actions ont doublé en un an environ, ce qui l’a rendu nerveux. Il a donc vendu 100 actions et a utilisé cette somme pour lancer un restaurant.
Les 100 autres actions (en supposant qu’il les a toujours, il ne m’a pas dit qu’il ne les vendrait jamais) valent désormais 18 000 000 $. On peut donc dire avec une assez grande certitude que le gars auquel je parlais est le plus grand investisseur de tous les temps. Il a acheté 100 actions et n’a plus jamais eu à réfléchir.
Il aurait pu regarder la télévision en mangeant des Pringles pendant 35 ans. Et aujourd’hui, il a 18 000 000 $ en banque. Mais il a de gros regrets – parce qu’il a vendu ses 100 autres actions alors qu’elles avaient seulement doublé.
Ma foi, c’est comme ça. Mais nous avons du travail à faire sur cet article. Parce qu’il n’est pas facile de trouver des choses inhabituelles concernant Warren Buffett. Mais au cas où vous n’auriez pas remarqué la photo ci-dessus, j’ai écrit LE livre sur Warren Buffett (même Buffett le dit).
1) Sa maison
Je suis vraiment allé jusqu’à chez lui en taxi. Voici sa maison :
C’est une maison avec 5 chambres qu’il a achetée en 1956 pour 31 500 $. C’est une maison parmi d’autres dans un quartier de banlieue ordinaire. Le mec d’à côté pourrait avoir 0 $ en banque, et son voisin le plus proche vaut 60 000 000 000,00 $.
Pour moi, cela démontre une discipline de fer. Chaque fois que j’ai gagné de l’argent dans ma vie, j’ai commis l’erreur d’acheter une nouvelle maison.
Voici une anecdote sur Buffett. Il jouait au golf avec des amis, et tous ont parié un dollar sur un trou en particulier. Buffett, non. « Pourquoi pas, Warren ? » lui ont-ils demandé. « Tu as des milliards en banque. »
Il a répondu : « Je n’abandonne jamais ma discipline. »
À titre de comparaison, voici la maison de son partenaire de bridge, Bill Gates :
Un domaine comptant neuf bâtiments et valant 150 M$
2) Le pire investissement de sa vie
J’ai posé une question sur Twitter, une fois. J’ai demandé : « Où Warren Buffett a-t-il perdu à la fois son estime de soi et 20% de sa valeur nette, dans cet ordre ? »
Les gens ont tous trouvé des réponses très intelligentes.
Conoco Phillips. Faux.
Avec Conoco Phillips, Buffett a perdu un milliard de dollars. Il n’a même pas perdu 2% de sa valeur nette (et certainement pas son estime de soi).
L’ENTREPRISE Berkshire Hathaway. Faux.
L’entreprise Berkshire Hathaway elle-même, lorsqu’elle faisait encore dans le textile, était une catastrophe. Mais la valeur a grimpé en flèche et Buffett a réalisé le gros de sa fortune grâce à Berkshire Hathaway.
Non, la réponse est une station-service Sinclair qu’il avait achetée en 1951 avec un de ses amis.
Il allait même nettoyer les pare-brise des clients durant les week-ends. Mais la station Texaco qui s’est installée juste en face, de l’autre côté de la rue, l’a détruit.
Il a perdu 2 000 $ alors que son épargne se montait à 9 600 $ environ à l’époque. Il avait investi beaucoup de travail et d’amour dans ce bébé, et tout s’est effondré.
Cette expérience l’a probablement poussé à rechercher un style de gestion plus passif – un style qu’il a ensuite perfectionné chez Berkshire.
3) Il a été refusé par la Harvard Business School
Quand on y réfléchit, Harvard devrait avoir assez mauvaise réputation.
Bill Gates et Mark Zuckerberg l’ont tellement détestée qu’ils ont abandonné leurs études en cours de route. Et la seule fois où l’école aurait pu accueillir le meilleur homme d’affaires de tous les temps, elle l’a recalé.
Comme la plupart des gens intelligents, Buffett ne voulait même pas réellement faire d’études.
Il a commencé à Wharton mais cela ne lui a pas plu ; il est donc revenu à l’université de sa ville natale, Omaha. Ensuite, après avoir été recalé par la meilleure école de commerce des États-Unis, il est allé à Columbia.
La réalité, c’est que pour les vrais génies (Buffett, Einstein, Gates, etc.), les études n’ont aucune utilité – mais dans certains cas (Buffett), ils s’y plient à contrecœur.
4) Il a été victime d’antisémitisme inversé
Lorsqu’à ses débuts Warren Buffett a voulu travailler pour son mentor, Ben Graham, à Wall Street, Graham a refusé.
Buffett, choqué, lui a demandé pourquoi. Graham lui a répondu que c’était parce qu’il n’était pas juif. Graham voulait garder un poste dans l’entreprise pour une personne juive. Pour être juste, Graham s’inquiétait que les juifs ne puissent pas être embauchés ailleurs à Wall Street, qui était principalement non juive. Il voulait donc que sa société soit accueillante pour les juifs.
La clé du succès, c’est la persévérance. Buffett est retourné à Omaha mais a continué à présenter des idées à Graham jusqu’à ce que Graham finisse par l’embaucher.
La persévérance est la seule méthode infaillible pour obtenir le succès.
5) Adam Smith
Il est utile d’étudier l’histoire du domaine que vous voulez maîtriser. Lorsque je faisais du trading pour Victor Niederhoffer, j’ai constaté qu’il avait collectionné quasiment tous les livres sur la finance publiés depuis 1800.
J’ai donc commencé à lire des livres qui avaient de 30 à 100 ans d’existence, juste pour voir ce que les gens pensaient et comment la finance et l’investissement avaient évolué.
Un livre notamment, Supermoney, avait été écrit sous le pseudonyme « Adam Smith ». L’auteur y décrivait diverses aventures qu’il avait vécues en tant que reporter dans la finance à la fin des années 60-début des années 70.
Lors d’une aventure, il avait décidé de rendre visite à un investisseur à la retraite (le livre a été écrit vers 1972) qui essayait de décider quoi faire du reste de sa vie alors qu’il avait 20 millions de dollars après avoir fermé son hedge fund.
Ils ont fait un tour en voiture, discutant de diverses choses. À un moment, ils sont passés devant un magasin de meubles et l’investisseur a pointé la devanture du doigt : « Un jour, j’en serai le propriétaire. »
Évidemment, l’investisseur en question était Warren Buffett. Mais Smith ne savait pas à l’époque qu’il avait affaire à WARREN BUFFETT parce que ce dernier ne méritait pas encore ces majuscules. Et, des années plus tard, Buffett a effectivement acheté ce magasin de meubles.
J’ai trouvé que Supermoney était passionnant par ses capacités prédictives. Comment Smith pouvait-il savoir que Buffett était un investisseur dont il fallait faire le portrait ?
Juste après le portrait de Buffett, dans le livre, on trouve celui d’un gars qui était dans une prison suisse.
Si vous arnaquez une banque en Suisse, vous allez en prison, sans carte « chance ». Et que faisait ce type pendant qu’il purgeait sa peine ? Il essayait d’écrire de la fiction. C’est là que se termine le portrait.
Paul Erdman a fini par devenir l’un des auteurs de thrillers financiers les plus vendus dans le monde. Je recommande vivement ses romans.
Quoi qu’il en soit, Supermoney est une excellente occasion de voir comment quelqu’un décrivait Buffett avant qu’il ne devienne BUFFETT.
J’ai parlé du livre à Pamela van Giessen, de la maison d’édition Wiley, et elle a fini par rééditer le livre dans la collection des classiques de l’investissement de Wiley.
Je m’attribue tout le mérite dans cette affaire, même si elle n’est pas d’accord avec moi.
6) Warren Buffett a fait l’objet d’une enquête de la SEC en 1974-1976 pour manipulation de cours
C’était une accusation grave, et Buffett prend sa réputation très au sérieux. La réalité, c’est qu’il manipulait effectivement le cours d’une penny stock, et il l’admet plus ou moins.
Mais il avait une bonne raison. Il était en train d’acheter une entreprise et il avait promis à l’un des actionnaires que le prix ne descendrait pas au-dessous d’un certain seuil. Il s’est donc assuré que le prix de la penny stock ne descendrait jamais sous le prix en question. Ou quelque chose comme ça.
Si je me trompe dans les détails, Warren, vous pouvez me mettre un canon sur la tempe et appuyer sur la détente.
Quoi qu’il en soit, la SEC ne savait pas quoi faire de quelqu’un comme Buffett, si bien qu’ils lui ont donné une petite tape sur la main (« sur la figure », selon certaines versions historiques).
Il n’a rien avoué, mais l’une de ses entreprises a payé une amende de 115 000 $.
Je suis sûr qu’il s’inquiétait de voir sa réputation complètement ruinée, mais il a survécu.
7) Zen
Ce pourrait être une bonne idée que de prendre les habitudes de Warren Buffett pendant une semaine et voir ce que ça donne :
- pas d’ordinateur sur son bureau ;
- pas de téléphone portable ;
- il joue au bridge 12 heures par semaine : je suppose qu’il utilise un ordinateur chez lui pour cela, mais Bill Gates est souvent son partenaire.
Essayez pendant une semaine : pas d’ordinateur, pas de téléphone portable, jouez à quelque chose pendant au moins 12 heures sur la semaine.
8) L’amour
Bon, j’avais l’intention de faire un article en 10 parties, mais je fatigue.
Il y a une histoire amusante sur la manière dont Buffett a repris Berkshire Hathaway. Il s’est conduit de manière encore plus impitoyable que JR Ewing. Je ne vais pas parler de ses relations personnelles compliquées : elles sont bien connues – et bien expliquées par d’autres.
Mais je lui reconnais d’être ouvert, anticonformiste et de vivre la vie qui lui convient le mieux avec le minimum de stress. Comme le dit sa fille Susan : « Être anticonformiste n’est pas une mauvaise chose. Il faudrait plus de mariages anticonformistes. »
Une chose m’a semblé intéressante. La réunion annuelle dure environ huit heures : je ne la recommande pas à qui que ce soit.
Je ne me souviens de rien de ce qui s’y est dit, à part une chose. En fait, je me souviens de ce que Charlie Munger (le bras droit de Buffett) a dit – quelque chose du genre « à long terme vous feriez mieux d’enterrer toutes vos armes à feu et vos objets précieux dans votre jardin », suite à quoi Buffett l’a fait taire.
Mais Buffett a dit quelque chose qui m’a marqué. Quelqu’un lui a demandé : « Comment mesurez-vous le succès ? »
Vingt mille personnes (et moi) se sont penchées pour entendre ce que serait le « chiffre magique ». Mais Buffett a répondu ceci : « Je mesure le succès au nombre de personnes qui m’aiment. Et le meilleur moyen d’être aimé, c’est d’être aimable. »
Et ceci, pour moi, est la chose la plus inhabituelle au sujet de Warren Buffett.