Kamal avait disparu. Une fois encore.
Kamal et moi sommes amis depuis près de dix ans. C’est l’une des plus belles choses que m’ait apporté Internet.
Peu importe les critiques, Internet m’a offert une famille, des amis proches, de supers associés. Kamal est tout cela pour moi.
Mais il avait disparu. Je n’arrivais pas à le joindre. J’avais appelé Brandon. « Est-ce que tu l’as vu ? » Rien.
J’avais appelé Steve. Rien.
J’ai envoyé plusieurs messages. Je ne sais pas comment le retrouver.
C’était déjà arrivé auparavant.
En 2011, j’ai rencontré Kamal Ravikant pour la première fois. C’était à San Francisco.
Je me suis rendu à un événement organisée par son frère, Naval. Kamal était censé être là.
« Je vois qu’il est chez lui, dit Naval. Il a été malade dernièrement, c’est pourquoi on a installé ces applications GPS sur nos téléphones. Je peux voir où il est. Il doit probablement dormir. »
À quatre heures de l’après-midi ? Naval haussa les épaules. Kamal n’est pas venu.
Deux jours plus tard, nous nous sommes rencontrés à mon hôtel juste avant que je ne me rende à l’aéroport. « Je suis si heureux de vous rencontrer », me dit-il en souriant. Nous avons un peu discuté puis je suis parti.
Quelques semaines plus tard, il me raconta qu’il avait été malade. « J’étais très mal. Pendant plusieurs jours je n’ai pas pu bouger. »
« Qu’est-il arrivé ? Comment t’es-tu rétabli ? »
Il me répondit : « Ce que je vais te dire va te sembler incroyable. Un jour, je ne pouvais plus bouger. J’étais malade. J’ai pensé : voilà, c’est fini. Je n’ai plus aucune raison de vivre. Je pouvais à peine me lever de mon lit. Mais je me suis traîné jusque devant le miroir de ma salle de bains et je me suis dit ‘Je t’aime.’Je n’ai cessé de me le répéter, encore et encore. J’ai recommencé le lendemain. Et le jour suivant. Je me suis alors rendu compte de toutes les façons dont je ne m’étais pas aimé. Et je me suis rendu compte combien il est important de se le dire à voix haute. Combien il est important de le penser vraiment. Je devais reprogrammer mon cerveau à m’aimer moi-même. »
« Puis, chaque jour, j’allais de mieux en mieux. Jusqu’au jour où je me suis même senti mieux que le jour où j’ai commencé à le faire. J’étais totalement guéri. J’allais mieux. »
À ce moment-là, une idée égoïste m’est venue à l’esprit : « Est-ce que je peux écrire ce que tu viens de me raconter sur mon blog ? » lui demandai-je.
« Hmm, réfléchit-il. Peut-être que c’est moi qui devrais l’écrire. »
Zut !
C’est ce qu’il fit. Depuis, il ne cesse de me remercier de lui avoir soufflé l’idée d’écrire un livre.
Ce à quoi je lui rétorque toujours : « C’est toi qui l’as fait ! Moi, je voulais juste t’interviewer. » Mais il ne me croit pas et me répond : « Je ne l’aurais jamais fait sans toi. »
Son livre s’intitule Love Yourself Like Your Life Depends on It (ce qui peut se traduire par : « Aimez-vous vous-même comme si votre vie en dépendait »).
Le message est simple.
Si vous vous employez sincèrement à vous aimer vous-même, à aimer tous vos défauts, toutes vos imperfections, tous vos problèmes, votre vie sera meilleure.
Vous pouvez reprogrammer votre cerveau à vous aimer vous-même en pratiquant constamment, comme vous exerceriez n’importe quel muscle.
Il autopublia son livre sur Amazon. Environ un an auparavant, j’avais écrit Choisissez-Vous.
Love Yourself faisait 8 000 mots, soit environ 1/8 de la taille d’un livre papier qu’on peut trouver en librairie. C’est cela qui est super dans l’autoédition. Il n’y a pas de règle, pas de limitation de mots.
Ce livre est magnifique. Ce fut un gros succès de ventes. Il a aidé beaucoup de gens. Kamal m’avoua gagner une coquette somme d’argent chaque mois. J’étais jaloux. Mais il a bien travaillé, son livre a été une vraie réussite.
Aujourd’hui, ce livre fait l’objet d’une nouvelle version.
Lorsque vous autoéditez un livre qui commence à engranger beaucoup de ventes, beaucoup d’éditeurs vous contactent pour vous demander de le publier.
« Mais, me raconta un éditeur qui voulait rééditer Choisissez-Vous, vous devez d’abord dépublier votre version du livre et puis, un an plus tard, nous le publierons. »
« Mais quel est l’intérêt de faire cela ? lui répondis-je. Cela n’a aucun sens. Laissez les gens acheter le livre afin que la demande ne cesse d’augmenter par le bouche-à-oreille. »
Certaines personnes accordent trop d’importance au principe de rareté.
Ces éditeurs se disaient : « Si quelqu’un l’achète aujourd’hui, alors qui voudrait l’acheter plus tard ? » Mais les bons livres continuent toujours à se vendre.
Love Yourself de Kamal fait partie de ce genre de livres. Les éditeurs ne cessaient de le contacter mais il refusait toujours leurs propositions.
Jusqu’à ce qu’une nouvelle fois il disparaisse.
Jusqu’à ce que quelque chose lui arrive et le perturbe.
Les gens ne comprennent pas cela. Tout le monde a des problèmes. Tout le monde éprouve des difficultés. Vous résolvez un problème, et la vie a une manière de vous mettre à l’épreuve, encore et encore. C’est sans fin.
Et les pratiques qui ont fonctionné pour vous avant peuvent commencer à ne plus le faire. Peut-être devez-vous apprendre de nouvelles manières de faire les choses. Peut-être devez-vous simplement revenir aux fondamentaux et réapprendre à faire ce qui a fonctionné.
Kamal a été frappé. Frappé par de nouvelles tragédies, presque dix ans plus tard.
Par conséquent, la fois suivante où un éditeur l’a contacté, il a accepté son offre. Il avait quelque chose de nouveau à écrire.
Il a repris Love Yourself Like You Life Depends on It et a écrit une nouvelle histoire. Il a écrit sur la maladie qui nous frappe tous.
La bataille constante contre le monde qui essaie de nous prendre tout ce que nous possédons, de l’enterrer et de le cacher. Qui essaie de prendre ce que nous avons gagné et qui nous laisse sans rien. Qui a laissé Kamal, sur toute une période, émotionnellement vidé.
Il a dû retrouver sa pratique, cette pratique qui avait fonctionné pendant toutes ces années. Si vous n’exercez pas un muscle, il s’atrophie. Il a dû réapprendre la pratique à l’origine de Love Yourself.
C’est donc ce qu’il a fait. Et il a survécu. Et il a complètement réécrit Love Yourself Like Your Life Depends on It.
Il s’était toujours inquiété que les éditeurs lui demandent d’étoffer son texte. Mais cette fois, il avait quelque chose à dire. Il a ajouté 50 000 mots.
C’est un livre complètement nouveau.
Il a été dépressif, voire suicidaire. Il a dû reconstruire de zéro sa pratique. Il est si important de ne jamais abandonner la pratique qui nous a sauvé et qui donne, chaque jour, l’envie de vivre.
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Lorsque le premier livre de Kamal est paru il y a plusieurs années de ça, j’ai écrit un article dessus le jour même de sa parution. La première phrase était : « Kamal a disparu. »
J’ai appris tellement de choses de mon ami au fil des ans. J’ai lu son livre, j’ai assisté à tous les changements qu’il a opérés, j’ai vu comment il gérait ses propres hauts et bas et les transformait en une nouvelle vie.
J’ai vu comment son contenu s’est amélioré tout en restant pareil. Je me devais alors d’écrire un nouvel article pour la parution de Love Yourself Like Your Life Depends on It.
Love Yourself Like Your Depends on It est paru le 7 janvier 2020. C’est un livre merveilleux, nouveau, frais.
Kamal avait disparu. On l’a retrouvé.