J’ai passé deux heures avec le milliardaire Ken Langone, cofondateur de Home Depot. J’ai pu lui poser toutes les questions que je voulais. Puis je lui ai dit que je n’étais jamais rentré dans aucun de ses 2 274 magasins.
« Qu’une malédiction s’abatte sur votre maison ! »
Et il a répété en criant. « Qu’une malédiction s’abatte sur votre maison ! »
Mon producteur riait. Je ne me souviens pas de la tête que je faisais. Je vais devoir regarder la vidéo pour le savoir.
Il a poursuivi : « Que tous vos robinets aient des fuites !
— Non !
— Que toutes vos fenêtres laissent passer le vent ! »
Ken Langone et sa femme, Elaine
J’ai tenté de me justifier. « J’engagerais quelqu’un pour faire les réparations à ma place. »
Il a répondu : « Si vous étiez plus intelligent, vous diriez à l’entrepreneur d’aller tout acheter chez Home Depot. »
« Réfléchissez », a-t-il dit. Il n’arrêtait pas de me dire de réfléchir.
Ken Langone a 84 ans, il est milliardaire. Il travaille tous les jours (encore). Il a réussi son mariage (61 ans). Ses enfants l’adorent. Ils sont heureux. Il est heureux. Alors quand il me dit de « réfléchir », j’écoute.
« Réfléchissez, de temps en temps, les gens ont besoin d’un meneur, vous êtes d’accord ? Vous exercez votre leadership et vous leur dites ce qu’il faut faire. »
J’ai compris pourquoi il a tant de succès.
Voici les cinq leçons que j’ai tirées de mon entretien avec Ken Langone sur la création de richesse, le succès et la valeur, mais aussi sur l’honnêteté, l’intégrité et le fait de « joindre l’acte à la parole ».
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1. INVESTIR DANS LES BONNES PERSONNES
Ken Langone n’arrêtait pas de vanter les mérites de son assistante. « Mon Dieu, on pourrait m’arracher les yeux, mais pas m’enlever Pam. »
Ken avait toujours quelque chose de sympa à dire à tout le monde.
Il racontait qu’avec l’autre cofondateur, Bernie Marcus, ils n’entraient jamais dans un Home Depot sans avoir d’abord pris quelques chariots sur le parking.
Voici ce que Ken disait à propos de Frank Blake, le PDG de Home Depot jusqu’en 2014 : « Ne vous y trompez pas. Je ne vois personne qui puisse rivaliser avec Frank en tant que PDG d’une société quelconque. »
Il avait aussi une règle : ne pas faire semblant.
« Les personnes que je n’aime pas savent que je ne les aime pas et que je ne veux pas les voir. Je ne veux pas être faux. Je suis poli, mais je ne ferai pas d’effort pour aller manger une pizza avec elles. »
Nous nous appuyons tous sur les autres.
« D’après moi, quiconque pense que rien ne vaut un self-made man a tort. Lorsqu’il s’agit de ma vision des choses, de mon opinion, sans envisager qui que ce soit d’autre, je dis que je suis le résultat du travail acharné de beaucoup de personnes. »
« Si vous supprimez les êtres humains de la planète, il ne restera qu’un tas de terre. »
2. ACCOMPLIR CE QUE L’ON VEUT
Il m’a ensuite dévoilé ce qui était au cœur de son travail.
« Il ne devrait jamais être question d’argent, mais toujours de performance. Êtes-vous d’accord ? »
J’ai opiné.
« J’ai 84 ans. Je vais travailler tous les jours. Si je n’avais pas besoin de dormir, je travaillerais 24 heures par jour. Si on ne me payait pas un sou, je travaillerais tout aussi dur parce que j’adore ce que je fais. Je m’amuse comme un fou. »
3. ÊTRE CURIEUX
Les entreprises vivent et meurent du fait de la loyauté des gens envers Amazon.
J’ai demandé à Ken Langone ce qu’il en pensait.
Il m’a répondu : « J’ai déjeuné avec Jeff Bezos en décembre dernier et je dis aux gens : ‘Prenez garde à Bezos !’ Il est intelligent et humble. C’est une combinaison gagnante. Un gars qui, aussi doué soit-il, peut s’identifier à des gens qui ne sont pas aussi brillants est un gagnant. »
Ensuite, il a dit : « Selon moi, ce qui caractérise fondamentalement une personne intelligente, c’est un esprit indubitablement curieux. »
Amazon est en compétition avec tous les autres parce c’est une entreprise qui touche à tous les domaines. Mais ça ne fait pas peur à Ken.
Comme il déclare : « Je pense qu’un grand compétiteur fera de vous un meilleur compétiteur si vous avez le cran de tenir la distance, si vous êtes persévérant, déterminé, si vous êtes viscéralement motivé. »
4. INVESTIR DANS LES BONNES PERSONNES (BIS)
C’est ma leçon préférée. Dès qu’on a quitté le studio, j’ai twitté :
Concentrez-vous sur la sélection, non la formation. Mon enseignement clé du jour. Sélectionnez des personnes géniales, comme ça, vous n’aurez pas à les former.
Ken m’a dit : « L’arme secrète a toujours été et sera toujours ces gamins qui mettent un tablier tous les matins. Ils comprennent que le but n’est pas de vendre quelque chose à quelqu’un, mais de rendre quelqu’un heureux lorsqu’il entre dans le magasin. Et ne pas vendre un objet 40 $ si un autre à 2 $ satisfait cette personne. »
Ils ne se contente pas de former des bonnes personnes. Ils les embauchent. Et puis ces gens évoluent. Tout comme la société.
5. REMETTRE EN QUESTION SON HONNÊTETÉ
J’aimerais me souvenir de l’image que je me faisais auparavant des milliardaires, de qui ils étaient, de ce à quoi ils ressemblaient, comment ils agissaient, etc.
J’aurais peut-être dressé le portrait d’un monstre ou de quelqu’un de gros, d’égoïste et d’affamé.
Je me serais fourvoyé. Tous les milliardaires à qui j’ai parlé sont gentils, ils sourient, ils rient, ils ne sont pas insensibles. Ce sont tous des individus dotés de personnalités différentes, mais ils ont une forte conscience morale, un dévouement sans faille envers leurs engagements et une certaine aisance à les tenir.
Peut-être que l’argent les a aidés à se détendre. Et que le succès les a aidés à être humbles. Je ne sais pas.
Je vais vous montrer à quel point Ken Langone est vraiment resté humain.
Il m’a dit : « Veillez à préserver mon humilité. »
J’ai éclaté de rire.
« Non, je suis sérieux, a-t-il continué. Je me mets même parfois au défi. Suis-je vraiment modeste ou est-ce un rôle que je tiens lorsqu’il y a du monde ? »
Le livre de Ken Langone, I Love Capitalism! An American Story, renferme son histoire personnelle. On le voit grandir, de Roslyn Heights à New York pendant la Seconde Guerre mondiale. Vous apprenez que son père était plombier. Vous le suivez dans ses timides débuts.
Vous comprenez alors pourquoi il a terminé notre entretien en disant : « Tout ce que je peux dire, c’est que nous vivons dans le meilleur pays du monde. Cela ne me serait pas arrivé si je n’avais pas été béni par les Dieux et que je n’avais pas eu la chance de naître en Amérique, et je le pense au plus profond de moi.
— La foi est un élément important dans votre réussite n’est-ce pas ? dis-je.
— C’est toute mon histoire. »