Je me considère comme une sorte d’expert en matière de retraite. Pas parce que je l’ai étudiée, mais parce que j’ai pris ma retraite trois fois.
Eh oui, j’ai raté ma retraite, trois fois ! Mais j’ai appris ma leçon.
Alors aujourd’hui, j’aimerais vous parler de la pire erreur que font les retraités. Et que bien entendu j’ai faite…
C’est une erreur fréquente… et pourtant, les experts de la retraite n’en parlent jamais.
N’abandonnez pas tous vos revenus actifs
Lorsque je vous parle de revenus actifs, je me réfère à l’argent que vous gagnez en travaillant ou grâce à une entreprise dont vous êtes propriétaire.
Les revenus passifs en revanche, sont ceux que vous retirez du régime général des retraites et retraites complémentaires (pensions), ou de votre épargne retraite (assurance-vie…).
Vous pouvez augmenter vos revenus actifs en travaillant davantage. Mais la seule manière d’augmenter vos revenus passifs est d’obtenir de meilleurs taux de rendements sur vos investissements.
Abandonner son revenu actif est une mauvaise idée pour deux raisons
D’une part, vous coupez les ponts avec votre réseau, votre savoir-faire. A Chaque mois qui passe, il devient plus difficile de les reconstruire.
D’autre part, votre capacité à prendre des décisions d’investissement intelligentes chute, parce que vous dépendez de vos revenus passifs.
Prendre sa retraite est sur le papier une excellente idée…
Vous mettez une partie de vos revenus sur un compte d’investissement pendant 40 ans, puis vous utilisez la somme obtenue pour vivre le restant de vos jours. Une fois à la retraite, vous n’avez plus à travailler. Au lieu de cela, vous passez votre temps à voyager, à jouer au golf, à aller au cinéma et à rendre visite à vos enfants et petits-enfants. La belle vie.
Mais quand on y réfléchit, un style de vie de retraité tel que celui que je viens de décrire, pour deux personnes, coûterait environ 75 000 euros net par an, disons 100 000 euros avant impôts.
Il faut une somme rondelette pour que vos pensions cumulées + votre épargne retraite génèrent ce flux de revenus.
… à condition que les moyens financiers suivent !
Supposons que vous et votre épouse puissiez compter sur un revenu de 50 000 euros par an grâce à vos différentes pensions (ce qui est déjà énorme en soi). Pour combler le manque de 50 000 euros de la manière la plus sûre possible (c’est-à-dire grâce à votre épargne), il vous faudrait environ 5 millions d’euros : les placements ne rapportant en ce moment qu’un maigre 1%.
Vous auriez besoin d’un capital de seulement 1,25 million d’euros, à supposer que l’on vous verse des intérêts de 4% net. Mais pour trouver ce genre de rendement, vous allez devoir prendre des risques plus élevés, ce que je vous déconseille vivement de faire avec votre capital retraite ! Merci Yellen, merci Draghi pour les taux zéro que vous nous imposez…
Le problème, c’est quand on en arrive au schéma suivant, très répandu. Les couples américains de la classe moyenne qui ont mon âge (la situation est la même pour les couples européens) tentent de prendre leur retraite avec quelque 300 000 euros d’épargne. Là commencent les ennuis…. Car pour obtenir un rendement annuel de 50 000 euros avec 300 000 euros d’épargne, il faut obtenir un rendement de 17% par an. Inutile de vous dire que c’est impossible…
J’ai pris ma retraite pour la première fois lorsque j’ai eu 39 ans
J’ai mis mon argent dans des obligations municipales américaines ultra-sûres. Mais j’ai bien vite réalisé que pour maintenir le style de vie que je souhaitais, il me faudrait obtenir des rendements supérieurs sur mes investissements. Ce qui supposait que je devrais prendre plus de risques avec mon argent et l’investir sur le marché boursier….
Mais lorsque je me suis penché sur l’historique des performances annuelles du marché boursier, j’en suis venu à la conclusion que je ne pouvais pas en toute confiance m’attendre à obtenir les rendements dont j’avais besoin, année après année. Et pas question pour moi de mettre mon capital à risque.
Qu’est-ce que j’ai fait, alors ? Eh bien je suis retourné au travail
J’ai recommencé à gagner des revenus actifs, parce que je ne voulais pas passer mes journées à étudier les marchés et mes soirées à m’inquiéter pour mes investissements.
Et savez-vous ce qui s’est passé ?
Dès l’instant où j’ai recommencé à gagner de l’argent, je me suis senti mieux.
Votre retraite n’est pas censée être gâchée par des soucis pécuniaires. Et pourtant, c’est exactement ce qui se passe lorsque l’on essaye d’obtenir des rendements plus importants que la moyenne sur ses investissements.
Vous pensez trouver la solution dans les magazines financiers ?
Au moment où j’écris ces lignes, des millions d’Américains, d’Européens, de Japonais… de mon âge abandonnent leur emploi et vendent leur entreprise pour partir à la retraite. Ils lisent des magazines financiers et souscrivent à des lettres d’informations financières. Ils espèrent trouver un système de sélection d’actions qui leur permettra d’obtenir les rendements de 20%, 30 à 40% dont ils ont besoin. Mais ils se rendront vite compte que ce genre de système n’existe pas. Ils connaîtront de bons mois et de mauvaises années, et compenseront les mauvaises années en prenant plus de risques. La situation ne fera alors qu’empirer…
Mais les choses ne sont pas obligées de se dérouler ainsi.
Jouez sur les variables de votre équation retraite
Revenons à l’exemple du couple dont l’épargne est de 300 000 euros, mais dont la retraite de rêve coûterait 100 000 euros par an. Pour générer les 50 000 euros manquants (le reste provenant des pensions de retraite), ils doivent obtenir des bénéfices d’environ 17% par an grâce à leurs actions. Comme je l’ai dit, c’est hautement improbable. Mais s’ils gagnent chacun ne serait-ce que 15 000 euros de revenus actifs par an, ils n’auront besoin que d’un rendement de 7% sur leur compte épargne, ce qui est déjà nettement plus réaliste.
Il existe de nombreuses manières pour un(e) retraité(e) d’obtenir des revenus actifs à temps partiel. Vous pouvez lancer une activité de conseil, commencer votre propre entreprise en ligne, monter un petit auto-entrepreneur, ou gagner de l’argent en faisant n’importe quel type de travail productif.
Je ne suis pas en train de vous dire d’abandonner l’idée de prendre votre retraite. Au contraire, je vous dis que la retraite est peut-être une idée plus réaliste encore que vous ne pensez. N’oubliez pas qu’à 60 ans, il vous reste tout de même 25-30 ans de retraite à vivre !
Faites un effort d’imagination…
Mais il faut commencer par oublier l’idée vieillotte selon laquelle la retraite est synonyme d’une vie qui ne dépend que de vos revenus passifs. Faites un effort d’imagination, et ayez une nouvelle image mentale d’une retraite libre de tout souci financier, avec beaucoup de voyages, du bon temps et des loisirs, financée (en partie) par des revenus actifs tirés d’une activité.
L’un des avantages d’inclure une petite dose de revenus actifs dans le système, c’est que si vous planifiez correctement votre retraite et que vous êtes en mesure, de surcroît (alors que ce n’est pas nécessaire), de générer un peu de revenus complémentaires, vous vivrez beaucoup mieux.
En outre, vous gardez une activité, votre réseau et votre savoir-faire (au passage, maintenir des relations sociales et une activité est bon pour votre santé et prévient les maladies telles qu’Alzheimer…)
Le dernier avantage — celui dont personne ne parle — c’est votre capacité à prendre des décisions d’investissement justes et sages, car vous ne serez plus esclave desdits investissements.