L’année 2010 a été un millésime fantastique pour les vins de Bourgogne qu’ils soient blancs ou rouges. Malheureusement, quand la nature donne d’une main, elle reprend habituellement de l’autre. Donc si la qualité est exceptionnelle, les rendements eux sont vraiment très faibles (en baisse entre 30% et 60% par rapport à 2009, selon les vignobles).
Ce qui signifie que les cavistes ou collectionneurs vont se battre pour en avoir en stock. Si vous désirez vous aussi profiter de ce nectar, vous risquez de voir vos relations avec vos marchands préférés mises à rude épreuve.
Une année heureusement catastrophique…
Après une récolte abondante en 2009, les vignes ont dû survivre à un hiver difficile — les conditions étaient les pires depuis 1985/1986, avec des températures tombant à un niveau record de -21˚C à la mi-décembre. Les vignobles à basse altitude de la côte de Nuits ont été les plus durement touchés.
La floraison qui s’en est suivie avec un mois de juin froid et humide fut pour le moins poussive.
Cela a conduit à une nouaison (lieu où se forment les baies de raisin) inégale, avec de petites baies à peau épaisse, qui sont certes bonne pour la qualité, mais pas, malheureusement, pour le volume.
La fin des mois de juin et juillet a été ensoleillée, mais le mois d’août en revanche a été froid et humide. Si début septembre la chaleur et le soleil étaient de retour, ce fut de courte durée car dès la fin du mois les catastrophes se sont enchaînées : d’abord des orages dans le sud de la côte de Beaune, puis un orage a frappé Santenay et mis en pièce une partie de Chassagne-Montrachet.
Certains producteurs ont paniqué et ont ramassé leurs récoltes, d’autres ont attendu sagement une semaine ou plus pour laisser le temps aux raisins de sécher et de voir leur concentration de sucres augmenter.
Les patients ont été récompensés avec des sucres intenses combinés à une acidité et une minéralité très spécifique. C’est exactement ce qui explique ma prédilection pour les vins de Bourgogne – élégant, ferme, mais aromatique et souple.
Ce millésime a donc produit quelques blancs spectaculaires qui réunissent la robustesse d’un 2008 avec plus de verve, et des rouges incroyables, — dont certains disent déjà qu’ils ont plus de finesse qu’un 2009. De toute façon, 2008, 2009 et 2010 est le plus beau trio de crus de Bourgogne auxquels j’ai assisté en 25 années dans du vin.
Roy Richards — de la société Richards Walford –, un éminent importateur bourguignon, a noté que “les rouges ont une concentration, une fraîcheur et une régionalité qui les différencient des plus grands et des plus musclés 2009… Les blancs sont sur un pied d’égalité avec les plus grand 2008, mais avec plus d’acidité, et ils sont également moins austères que les meilleurs 2007″.
Je n’aurais pas mieux décrit les saveurs de ces vins. Pour moi, si un vin me plaît : peu importe le prix ou le cépage.
Mon conseil est donc simple : achetez de manière le plus large possible, du vin de village au plus grand crus et gagnez en expérience, apprenez à déterminer votre meilleur rapport qualité/prix.
Top 10 des vins blancs 2010 | Top 10 des vins rouges 2010 |
Chablis, 1er Cru Les Lys, Daniel Dampt | Bourgogne Rouge, La Croix Blanche, Cécile Tremblay |
Bourgogne Blanc, Cuvée Oligocéne, Patrick Javillier | Savigny-lès-Beaune, 1er Cru Les Lavières, Seguin-Manuel |
Saint-Aubin, La Princée, Hubert Lamy | Marsannay, Les Longeroies, Bruno Clair |
Maranges Blanc, 1er Cru La Fussière, Bachelet-Monnot | Volnay, du Comte Armand |
Chassagne-Montrachet, Marc-Antonin Blain | Gevrey-Chambertin, Drouhin-Laroze |
Pernand-Vergelesses, 1er Cru Sous Frétille, Remi Rollin | Nuits-St.-Georges, Vieilles Vignes, Robert Chevillon |
Chablis, Grand Cru Clos, Christian Moreau | Morey-St.-Denis, Domaine des Lambrays |
Meursault, Les Tillets, Patrick Javillier | Pommard, 1er Cru Combe Dessus, Marquis d’Angerville |
Puligny-Montrachet, Etienne Sauzet | Gevrey-Chambertin, En Champs, Denis Mortet |
Meursault, Dominique Lafon | Clos de Vougeot, Grand Cru, de la Vougeraie |