“Les intérêts composés sont la plus grande force dans tout l’univers”
Albert Einstein
Dans notre dernier article, consacré à la magie des intérêts composés, nous avons parlé de la durée de doublement et nous nous étions arrêtés sur le principe suivant :
Si vous avez déjà une stratégie pour obtenir un solide rendement, prendre plus de risques pour obtenir plus de vos investissements n’en vaut probablement pas la peine. La priorité est d’obtenir un rendement solide, toujours positif. Ce sont les fruits des “branches basses” qui améliorent vos rendements à long-terme.
Pour être tout à fait honnête, il existe des contre-exemples.
Un très bon exemple de performance à long terme… malgré une volatilité extrême… est le fonds russe PCM (Prosperity Capital Management) qui est né en 1996, deux ans avant la crise financière russe de 1998. Souvenez-vous que ce pays a fait défaut sur ses dettes et les marchés ont connu un krach.
La volatilité du prix à court terme de ce fonds a été énorme par moments, allant de pair avec celle des actions russes. Mais les résultats à long terme ont été spectaculaires. Le taux de croissance moyen après 15 ans était de 23% par an, contre 11% par an pour l’indice actions russes. A ce rythme, la durée de doublement – quand 100 000 euros se changent en 200 000 euros – n’est que de 3,4 ans.
Comment doubler votre argent en huit ans, même avec des impôts !
Bien sûr, il faut aussi composer avec les impôts et l’inflation des prix. Supposons qu’il nous reste 60% de ce rendement après impôts de 40% (le résidu peut être plus faible)… et que l’inflation annuelle des prix était de 5% (le chiffre pourrait être plus grand)… ce qui nous laisserait 8,8% de rendement net par an (23 x 0,6 – 5).
Vous obtenez alors une durée de doublement de huit ans. Ce qui voudrait dire que, mesuré en monnaie courante et après impôts, un investissement de 100 000 euros en vaudrait 200 000 en seulement huit années. La vie serait belle…
Bien sûr, beaucoup d’investisseurs paient un plus faible taux d’imposition sur les coupons obligataires, les dividendes et gains de capitaux sur actions. Mais dans ce monde de finances publiques en détresse, je pense que ça ne durera pas longtemps. C’est une mauvaise idée de planifier des investissements à long terme sur la base des allègements fiscaux temporaires.
Conclusion : en supposant que mes taux d’imposition et d’inflation soient à peu près justes, vous auriez besoin de 8,33% de rendement brut (avant impôts et inflation, mais après les frais) pour doubler votre capital en huit ans. Un portefeuille équilibré en actions et obligations de pays développés a peu de chance de vous offrir cette performance à long terme.
Etes-vous veinard ?
Supposons que vous avez 50% de vos investissements en obligations d’Etat — par exemple dans une assurance-vie — et les autres 50% sur l’Eurostoxx 500. Votre contrat affiche un rendement de 2% au moment de la rédaction. Supposons que ce rendement reste constant durant 10 ans.
Il vous faut un rendement brut de 8,33% pour atteindre votre objectif. Donc vos actions de l’Eurostoxx 500 vont devoir faire la différence. Cela veut dire que l’Eurostoxx 500 devrait atteindre un rendement de 14,66% sur 10 ans pour vous procurer un rendement net de 8,33% par an.
Pensez-y…
L’économie mondiale est faible. Et il y a un énorme “risque marginal” de défaut de la zone euro qui grandit. La récente hausse des profits des entreprises provient largement de la réduction des coûts et de l’expansion des marges.
Pendant ce temps, les marges bénéficiaires nettes sont maintenant au plus haut niveau depuis des décennies — un niveau dont elles vont sûrement retomber. Les taux d’intérêts sont cloués au sol. De plus, les rendements des dividendes sont faibles par rapport aux normes historiques — environ 2,4% pour l’indice américain S&P 500.
Cela ressemble-t-il à un environnement où les actions pourraient offrir près de 15% par an durant la prochaine décennie ? Etes-vous suffisamment veinard pour ce magistral stock-picking ?
Conclusion : on ne peut pas prédire l’avenir.
Restez concentré sur les sommets lointains et non sur les mouvements de court terme. Les investisseurs qui manquent de patience, de cran et de détermination seront forcés de tenter leur chance, tels des traders à court terme dans une des plus volatiles périodes de l’histoire. Ils ont à peu près autant de chances de construire une richesse à long terme qu’un parieur jouant à pile ou face.