La bourse ou la vie ? Jérôme Kerviel n’eut pas à choisir et profita des deux ce 7 juillet 2005, lorsqu’une bombe explosa dans un bus londonien – pour ce qui fut la pire attaque terroriste contre la Grande-Bretagne.
Quelques jours auparavant, il avait pris des positions à la baisse sur Allianz, le géant de l’assurance. Et alors que la capitale anglaise pleurait ses 56 morts, lui jubilait dans son confortable bureau parisien. « J’avais gagné 500 000 € en quelques minutes ».
L’obscénité n’a pas de limites.
« J’ai compris que je m’amusais pendant que des gens étaient la cible des attentats. Cela m’a rendu malade, j’ai couru aux toilettes. Mais ce moment de faiblesse n’a pas duré. Je suis retourné dans la salle des marchés et j’ai repris mon travail. »
Une décennie plus tard, les traders américains n’ont pas semblé faire preuve de davantage d’humanité lors des attentats du 13 novembre 2015. Les actions des principales entreprises de l’armement s’étant envolées dans la foulée de ces drames, certains ont trinqué au rythme des marches funèbres.
Wall Street adore la guerre et le cynisme.
Mais la bourse de Paris n’est pas en reste : ainsi, Thalès, société d’électronique spécialisée dans la défense, a-t-elle gagné 3,3 % au soir de ces mêmes évènements. Tout comme les fabricants d’armes français. Les discours guerriers de François Hollande avaient fait leur effet.
Lors d’une interview au Parisien en 2016, Jérome Kerviel avait expliqué : « Les meilleures affaires de l’histoire de la Société Générale ont été réalisées le 11 septembre 2001 ».
Le domaine de la sécurité est en plein essor
Si les exemples ci-dessus témoignent des dérives du trading frénétique et de la recherche du profit à n’importe quel prix, un constat s’impose cependant, qu’on aurait tort de nier : les attentats terroristes et leur menace constante ont un impact direct sur la croissance à long terme de certains secteurs.
Celui de la sécurité est particulièrement concerné.
En France, le marché mise sur la création de 50 000 emplois d’ici 2020. Dans la foulée des tragédies de novembre 2015, l’Insee a mesuré une hausse de 3,5% sur l’année pour un montant global de 8,3 milliards d’euros du chiffre d’affaires de la profession.
Quant au chiffre d’affaires de la télésurveillance et de la vidéosurveillance, il progresse de 8 % à 10 % par an (1,5 milliard d’euros en 2016) et le contrôle d’accès de 5 % à 6 % (1,6 milliard d’euros), comme les systèmes d’alarme (1,3 milliard). La sécurité électronique représente un peu plus de la moitié du chiffre d’affaires du secteur. Parmi les activités les plus prometteuses, la surveillance par drone est en hausse de 50 % en 2016.
Selon IDC, le marché de la sécurité dans son ensemble devrait connaître une croissance de 10,2 % en 2018.
Vous ne voulez pas d’un Big Brother ? Les autres, si
La tendance est en effet au tout-sécuritaire. Le sentiment de menace permanente a donné aux Etats toute latitude pour la combattre. Les dispositifs de surveillance sont rendus légitimes par la population, qui s’équipe à son tour : selon un sondage IFOP de décembre 2015, 84 % des Français étaient prêts à restreindre leurs libertés pour plus de sécurité.
Et le sentiment général ne va pas en s’affaiblissant.
En 2017, selon l’INSEE, la menace terroriste (61%) et les agressions physiques (61%) sont, de loin, les principales sources d’inquiétude des Français. C’est la première fois depuis 2006 que le chômage est devancé.
Les Américains ne sont pas en reste, qui sont 75 % à considérer que la menace terroriste est élevée, selon un sondage Ifop réalisé pour Ouest-France.
Enfin, selon l’Eurobaromètre de la Commission européenne, le terrorisme est la principale préoccupation des Européens.
Investissez dans les entreprises qui offrent des solutions
Nous ne sommes pas des adeptes du day trading. D’autant moins lorsqu’il engendre les griseries macabres citées plus haut.
Ce que nous faisons, c’est investir dans les tendances à moyen et long terme, et accompagner les développements qui peuvent changer le monde. Le secteur de la sécurité est en pleine croissance, mais aussi en pleine mutation. Ce sont deux raisons suffisantes pour investir dessus sans s’imposer de cas de conscience.
Voilà qui est intéressant : les entreprises qui inventent de nouvelles solutions pour lutter contre la violence et le terrorisme se multiplient. En plus d’investir dans un secteur en croissance, vous investissez sur une promesse.
Si je n’avais pas les formules toutes faites en horreur, je dirais que vous investissez sur la promesse d’un monde meilleur. Et malgré la fadeur du poncif, il y aurait un fond de vérité.
Il ne s’agit pas d’investir dans un monde régi par les caméras de surveillance, les armes, les milices privées – et où la vie privée n’aurait plus sa place. Si vous me lisez régulièrement, vous savez déjà ce que j’en pense.
Il s’agit d’investir sur la prochaine technologie qui va réduire la menace, celle qui va prévenir le danger plus en amont ou celle qui va permettre de réagir plus rapidement.
Fin mars, dans son service sur les Microcaps , James a recommandé à l’achat une société qui aide les forces de l’ordre à intervenir extrêmement vite sur les lieux d’une fusillade grâce à une toute nouvelle technologie. Le titre a depuis pris plus de 60 %.
Alors soyons très attentifs aux valeurs de ce secteur passionnant, dont les innovations pourraient être salutaires dans les années à venir. Et ne soyons pas de ceux qui vendent leur âme pour que l’on vende des armes.