Nanotechnologies, nanoparticules, nanoscience, nanomatériaux : tous ces termes vous paraissent obscurs, tout droit sortis d’un film de science-fiction… eh non, ce n’est pas de la fiction ! Nous vivons, sans le savoir, dans un « nanomonde ».
Depuis les années 80, les industriels inondent les marchés de nanoparticules, sans véritable contrôle ni traçabilité. A ce jour, à l’échelle internationale, il n’existe pas de définition figée et reconnue des nanomatériaux. Une chose est sûre : de par leur très petite dimension, ils sont doués de particularités chimiques et physiques inédites, conférant aux produits des qualités de résistance, de conservation, de légèreté, de souplesse, de texture, de finesse…
Comme un homme averti en vaut deux, penchons-nous sur le sujet
Les nanoparticules existent dans la nature, dans les éruptions volcaniques. Elles peuvent aussi naître de l’activité humaine, comme les particules fines par exemple, issues de la combustion dans les moteurs diesel. Enfin, il y a les nanoparticules manufacturées, intentionnellement créées par l’homme et dont il est question ici.
Elles se définissent par leur taille : nano, comme nanomètre (nm), soit un milliardième de mètre. Pour vous donner un ordre de grandeur, l’ADN fait 2,5 nanomètres de largeur, un cheveu humain environ 80 000 nanomètres d’épaisseur. Une nanoparticule et une orange sont aussi différentes l’une de l’autre qu’une orange et la Terre.
Les nanotechnologies désignent les technologies qui exploitent les propriétés uniques des nanoparticules.
Les connaissances actuelles en nanoscience proviennent des avancées en chimie, en physique, dans les sciences de la vie, en médecine et en ingénierie. Tous les secteurs industriels utilisent cette technique aujourd’hui : l’agroalimentaire, les cosmétiques, les textiles, les produits d’entretien, les médicaments, les pesticides, la métallurgie, la plasturgie, l’informatique…
En science des matériaux, les nanoparticules permettent de fabriquer des produits ayant de nouvelles propriétés mécaniques.
En biologie et en médecine, les nanomatériaux sont utilisés pour améliorer la conception et le ciblage des médicaments. D’autres sont développés en vue d’être utilisés pour les analyses et les instruments.
En ingénierie électronique, les nanotechnologies servent à élaborer des appareils de stockage de données plus petits, plus rapides et moins énergivores.
Des produits de consommation, tels que les cosmétiques, les écrans solaires, les fibres, les textiles, les teintures et les peintures, contiennent déjà des nanoparticules.
Des appareils optiques, comme les microscopes, ont également bénéficié des nanotechnologies.
Les applications sont vastes et la dissémination de ces particules dans notre environnement est de plus en plus importante, mais il n’y a pas de véritables contrôles.
Le point de vue des politiques
En 2013, la France a été le seul pays en Europe à mettre en place une obligation de déclaration pour les entreprises qui produisent et/ou importent des « nanos » dans une base appelée R-Nano. Mais, pour qu’un produit soit soumis à la déclaration obligatoire, il doit contenir au moins 50% de nanoparticules (ce qui exclut donc de nombreux produits) et mesurer entre 1 et 100 nm, alors que les Etats-Unis ont fixé la limite à 1 000 nm.
Il n’en reste pas moins que leur utilisation est opaque. L’absence d’étiquetage pour le consommateur accentue la désinformation. La traçabilité des nanos est proche de zéro. Pour en savoir plus, je vous conseille de lire cet article de 60 Millions de consommateurs.
Les gouvernements se positionnent en tant que défenseurs des nanos à coups d’investissement dans la recherche (l’UE a investi 3,5 milliards d’euros entre 2007 et 2013 pour les nanotechnologies) et de subventions aux grands groupes industriels.
Aucun investissement dans la recherche de toxicité de ces particules disséminées partout dans notre environnement. Et puis, les fabricants n’ont toujours pas l’obligation de mener des tests de toxicité…
Le point de vue des industriels
Les lobbys industriels surfent sur la vague de la désinformation, ou plutôt sur celle de l’information biaisée : les « nanos » sont présentées comme un progrès scientifique incontournable doublé d’un enjeu financier considérable. Leurs arguments sont sans appel : création d’emplois, compétitivité internationale.
En « bricolant » les molécules, les industriels jouent aux apprentis sorciers : créés pour moins cher, les nanomatériaux appartiennent à l’entreprise et sont protégés par le secret industriel. C’est une course qui fait fi de tout principe de précaution et de toute prévention des effets indésirables.
Le point de vue scientifique
Au même titre que pour les perturbateurs endocriniens, la question de la définition de la nanoparticule se trouve actuellement au coeur de l’imbroglio règlementaire européen empêchant leur contrôle.
La deuxième difficulté vient du fait même de la petitesse des nanos : certains des dogmes de la toxicologie conventionnelle, tels que « la dose fait le poison », ne s’appliquent pas directement. D’un point de vue scientifique, une nanoparticule se situe sur une échelle de 0 à 1 000 nm. Hélas, la définition officielle ne retient que les particules entre 0 et 100 nm. Au-delà, elles ne sont plus reconnues comme des nanoparticules, à l’image des fibres d’amiante ou des particules de diesel, pourtant très toxiques.
Ces problématiques de tests des nanoparticules et de compréhension des effets biologiques produits sont d’autant plus importantes que des premières études sur des cohortes de travailleurs exposés sans aucune protection montrent des résultats cliniques inquiétants (ANSES, Agence de sécurité sanitaire). Malgré le nombre croissant de publications scientifiques, le CRSEM (Comité scientifique des risques sanitaires émergents et nouveaux) de la commission européenne ne bouge pas, estimant que les éléments pour évaluer la toxicité ne sont pas suffisants !
Les risques sanitaires sont réels
Les nanoparticules sont si petites qu’elles pénètrent les organismes vivants. Chez l’homme, elles franchissent les barrières naturelles (peau, système digestif, nerf olfactif, placenta, barrière hémato-encéphalique qui protège le cerveau). Pire, elles restent dans les cellules, s’agglomèrent entre elles ou avec d’autres toxines, ce qui les rend encore plus agressives pour l’organisme.
Depuis les années 2000, de nombreuses études ont mis en avant leur implication dans certains cancers, dans les maladies neurodégénératives (Alzheimer, Parkinson), dans les maladies auto-immunes, cardiaques, respiratoires ou inflammatoires…
Vous pouvez vous rendre sur le site de l’ANSES, qui répertorie les études menées sur la toxicité des nanoparticules.
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