J’ai beau chercher, difficile de trouver des secteurs qui n’échappent pas complètement à la réfrigération ambiante…
Aux Etats-Unis, la menace d’un arrêt du QE et surtout d’une remontée des taux me laisse sceptique quant à la marge de progression des bénéfices des entreprises et surtout des marchés actions. Les premiers résultats trimestriels publiés sont mi-figue mi-raisin. La force du dollar face à l’euro et aux autres grandes monnaies va commencer à peser sur les résultats des entreprises américaines exportatrices.
- La France, un petit problème de budget
Et du côté européen… Hum… là aussi nous avons matière à nous faire quelques cheveux blancs. En fin de semaine dernière, la France a vu ses perspectives dégradées par l’agence Standard & Poor’s. Cette décision, attendue, n’a pas créé de remous incontrôlable mais rappelle une nouvelle fois que la dette française est un cheval qui a pris les mors et que la question du budget pèse lourdement.
La Commission européenne a d’ailleurs laissé entendre qu’elle pourrait refuser notre budget 2015. Pour rappel, celui-ci prévoit une minuscule réduction du déficit public à 4,3% du PIB, contre 4,4% cette année. L’objectif des 3% ne serait respecté qu’en… 2017, alors que la France s’était engagée à se remettre dans les rails budgétaires dès l’année 2015.
- L’Allemagne dans la tourmente
Que la France ne respecte pas ses engagements, je suppose que la Commission européenne et les marchés s’y attendaient. Par contre, les mauvais chiffres en provenance d’Allemagne ont beaucoup plus inquiété. Le gouvernement allemand devrait délivrer dans les heures qui viennent ses prévisions de croissance pour 2014 et 2015 et chacun sait déjà qu’elles seront fortement révisées à la baisse.
Cette semaine, le gouvernement allemand a revu à la baisse ses anticipations, n’attendant plus que 1,2% de croissance cette année et 1,3% l’année prochaine alors que les précédentes estimations tablaient sur une progression de 1,8% et 2% respectivement.
Des estimations qui sont encore plus pessimistes que celle livrées récemment par le FMI : 1,4% cette année et 1,5% en 2015.
Que s’est-il passé pour que la croissance allemande calle ainsi ? Parmi les principaux responsables, le ralentissement économique mondial et européen. L’économie allemande repose en grande partie sur les exportations. Or – et malgré la faiblesse de l’euro qui devrait donner un coup de pouce à ces fameuses exportations – les principaux marchés de l’Allemagne (le reste de la Zone euro et l’Asie) sont aujourd’hui fragilisés économiquement. Ils achètent donc moins. Les chiffres prouvent que ce qui fut le moteur de la croissance allemande calle. En août dernier, les exportations ont ainsi enregistrées leur plus importante chute mensuelle.
La consommation intérieure aurait pu prendre le relai. Mais, comme le soulignent les principaux observateurs, l’Allemagne, bien décidée à ne pas suivre le mauvais exemple des pays du Sud ou de la France, n’a que peu investi pour maintenir son budget sous contrôle. A cela il faut ajouter le « modèle social allemand », bien moins social justement que ce que nous pouvons connaître en France.
- Problème compliqué, solution simple ?
La solution semble donc toute simple : relancer l’investissement allemand, et tout particulièrement de l’Etat. Simple comme bonjour, n’est-ce pas ?
C’est ce que lui a fortement suggéré aussi bien la BCE mais aussi le FMI ou encore la France. La semaine dernière, François Hollande déclarait ainsi : Si tout le monde fait de l’austérité, ce qui n’est pas le cas de la France, alors il y aura un ralentissement encore plus ample de la croissance ».
Au cas où le message ne serait pas passé, le président français a précisé sa pensée : « les pays qui sont en excédent, c’est le cas de l’Allemagne, doivent soutenir encore davantage leur demande ».
Sous-texte 1 : avec vos histoires de rigueur vous allez nous plomber encore plus la croissance européenne.
Sous-texte 2 : Dites-donc, les gars, puisque vous aussi vous avez quelques petits problèmes de croissance, vous ne pourriez pas être un peu plus souple sur cette histoire de déficit à 3% et nous laisser un peu de temps pour (faire semblant d’) y parvenir ?
La solution tiendrait donc à une politique de relance et d’investissement.
Hum… Personnellement, je me méfie toujours des solutions trop simples à des problèmes fort compliqués. Et dieu sait que peut l’être la santé économique d’un Etat, à l’heure de la mondialisation.
Nous l’avons dit, l’Allemagne est une économie essentiellement exportatrice. Or les conflits autour de l’Ukraine et de la Crimée, ou la nouvelle flambée de violence au Proche-Orient et Moyen-Orient, ont ponctuellement pesé sur ses exportations. On peut espérer qu’ils ne seront que passagers. Reste les questions épineuses : l’avenir de la Chine et de la Zone euro… Si épineuses d’ailleurs que je ne saurais les trancher ici et maintenant.
Quoi qu’il en soit, l’Allemagne semble pour l’instant bien décidée à faire la sourde oreille aux incitations venues du reste de l’Europe. La politique de rigueur menée par les différents gouvernements Merkel ont dans l’ensemble recueilli le soutien de la population allemande.
Le taux de chômage, autour de 4,7% (en août dernier), est très modéré dans une Zone euro où il atteint en moyenne 11,5%. Certes un tel chiffre ne dit pas grand-chose de la réalité du marché de l’emploi puisqu’il dissimule les temps partiels, les emplois sous-payés, ou encore les chômeurs découragés, etc.
Avec le soutien de sa population et un marché de l’emploi plutôt sous contrôle, l’Allemagne n’a aucune véritable raison d’effectuer un virage à 180° dans sa politique.
- Qu’est-ce que cela signifie pour vous ?
Beaucoup d’incertitudes pèsent sur la réponse que j’aimerais faire à cette question. Difficile d’évaluer l’impact de la crise ukrainienne par exemple sur l’économie allemande. Ou alors de prédire l’évolution de la demande chinoise…
La croissance allemande recule, ça c’est certain. Pour combien de temps encore ? Je pencherai pour encore plusieurs trimestres difficiles. Pour se reprendre, elle aura besoin d’une reprise de ses principaux clients, qu’ils soient européens ou asiatiques. Peut-être le gouvernement allemand cèdera-t-il aux sirènes d’une politique de relance… Peut-être… Mais pour quels effets ? On ne peut dire que ce genre de politique a réellement réussi aux pays qui y ont récemment succombé (de la France, aux Etats-Unis en passant par le Japon…).
En attendant, je ne ferais pas une croix définitive sur les valeurs allemandes, et tout particulièrement les entreprises exportatrices. Dans Croissance & Opportunités, j’ai mis en portefeuille une valeur dont le métier n’est peut-être pas des plus sexys – les robots industriels – mais qui est un des leaders mondiaux, avec des marchés en forte explosion en Asie et tout particulièrement en Chine.
Une valeur qui a su s’adapter aux évolutions de l’économie mondiale et de l’industrie et que vous pouvez retrouver dans Croissance & Opportunités. Preuve s’il en est encore besoin que l’Europe est très loin d’être morte !