La crainte de la déflation vient hanter ce dernier trimestre de 2014. Pour le moment, tout va bien ; l’économie de la dette fait toujours illusion. Mais si cette menace de chute généralisée des prix se précise… attendez-vous à de la création monétaire sans précédent.
Le référendum suisse a finalement été un vote de confiance quant à la politique monétaire expansive de la Banque nationale suisse. Il semblerait que la confiance du public dans les manipulations des banques centrales soit encore forte : l’hyperinflation et la fuite vers les actifs tangibles n’est pas imminente. 2015 devrait donc être encore une année de krachs larvés, combattus à coup d’injection de liquidités.
Dans le dernier numéro de 2014 de ma lettre La Stratégie de Simone Wapler, j’invite mes lecteurs à faire le point sur les grands dangers qui menacent leur épargne, leur patrimoine et leur niveau de vie.
Mais ayez en tête que malgré tout ce que vous lisez, le déclencheur de la crise sera un événement inattendu : c’est le principe même de ce que l’on appelle un “cygne noir”. Il peut prendre son envol à tout moment.
Je vous propose aujourd’hui de revenir sur ce qu’il s’est passé en Europe en 2014.
- 2014 en Europe : l’Allemagne seule contre tous et pour l’orthodoxie monétaire
Qui l’eut cru ? En Europe, nous avons une situation que le chroniqueur Bruno Bertez (du blog à Lupus) appelle “la revanche des pestiférés”. Après avoir lutté contre plus d’orthodoxie monétaire demandée par l’Allemagne, ce sont finalement les pays en quasi-faillite qui l’emporteraient. Voici où nous en sommes :
- pause dans le rééquilibrage budgétaire (que la France n’a jamais commencé)
- annonce par la BCE de nouvelles mesures non conventionnelles ; après les 2 270 Md d’euros de création monétaire, on attend désormais plus de 3 000 Md d’euros ;
- relance keynésienne de 316 Md d’euros à l’échelle européenne.
L’Allemagne, dernier bastion refusant le keynésianisme et la création monétaire, est prête à céder. La monnaie saine n’est plus défendue nulle part sur la planète. Tout le monde regarde avec effroi l’Europe caler et s’enfoncer dans la dette. Un tiers des pays de la Zone euro emprunte à des taux négatifs. Cela veut dire que ceux qui ont des liquidités (grandes entreprises, investisseurs institutionnels) préfèrent :
- ne pas investir leur cash ;
2. parquer leur cashailleurs que dans les banques. C’est donc un signe qu’ils anticipent une déflation (baisse de valeur des actifs financiers) et/ou se méfient des banques et ce, malgré les résultats des stress tests.
En échos au succès médiatique du livre de Thomas Piketty, Le capital au XXe siècle, l’auteur allemand Daniel Stelter publie Die Schulden im 21. Jahrhundert (“Les dettes au XXIe siècle”).
Un livre simple et clair qui explique que les inégalités ne sont que les fruits de la création monétaire qui permet aux riches d’accéder au crédit (puisqu’on ne prête qu’aux riches) afin de s’enrichir encore plus. Cela fait évidemment monter le prix des actions, des obligations, de l’immobilier, etc. C’est dire la divergence de pensée entre l’Allemagne et le reste du monde.
- Et pour 2015 ?
A ce stade, on pourrait imaginer un scénario politiquement acceptable mettant fin à l’euro : l’Eurozone prie l’Allemagne d’adopter une monnaie parallèle afin de pouvoir se livrer sans entrave à son EQE (european quantitative easing). Un nouveau Deutsche Mark coexisterait avec l’euro en Allemagne. Avantage : la face politique serait sauve des deux côtés et le cas de Deutsche Bank (spécialiste des produits dérivés opérant avec un effet de levier de 32 identique à celui de feu Lehman Brothers) deviendrait moins délicat…