Inspirée par l’émission Grand bien vous fasse sur France Inter, qui se consacre un vendredi par mois aux livres qui font du bien, j’ai moi aussi décidé de lancer une chronique spéciale. Découvrez les conseils de Guy, Isabelle, Erard et Françoise.
Guy, enseignant en psychophysiologie
Le bonheur est la chose la plus recherchée et la moins facile à définir. Le livre Du bonheur, un voyage philosophique de Frédéric Lenoir nous retrace l’exploration de grands penseurs comme Aristote, Epictète, Confucius ou encore Bouddha (à la recherche du bonheur). Les uns insistent sur la recherche du plaisir et de la vertu, les autres avancent les idées de vérité, de justice, d’amour, de liberté et d’intériorité… autant d’éléments capables de conduire au bonheur.
Nous pouvons ainsi confronter notre quête du bonheur à la recherche de ces grands philosophes et nous comprenons mieux que le bonheur est un état idéal vers lequel nous tendons et dont nous sommes en grande partie responsables.
Nous parvenons même, après cette lecture, à esquisser une définition du bonheur qui serait « la conscience d’un état global* et durable de bien-ÊTRE ». Et le bon moyen d’y parvenir est de prendre conscience à chaque instant du caractère merveilleux de l’existence.
Si l’individu pouvait trouver en lui la source d’une satisfaction profonde, on pourrait rêver d’un monde en paix.
Ce livre me rend plus optimiste car il renforce ma conviction que l’on peut transmettre une pensée positive pour le mieux être de chacun et pour l’harmonie de l’ensemble. Par exemple, proposer un programme basé sur l’existence de nos trois cerveaux, reptilien-instinctif, limbique-affectif et néocortical- intellectuel :
- être bien quand on est seul, heureux d’être ;
- encore mieux à deux, tout en gardant sa part de liberté ;
- ouvert sur l’ensemble.
Et à ceux qui pensent que cette recherche est une pure utopie, je dirais que rechercher l’impossible accroît, chemin faisant, son possible.
* Global signifie que l’équilibre doit concerner tous les niveaux de notre être, incluant sécurité matérielle, santé physique, stabilité affective, tranquillité intellectuelle et sérénité spirituelle.
Isabelle, professeure de yoga
J’ai un petit faible pour l’ouvrage Vers la sobriété heureuse, de Pierre Rabhi. Le bon sens de cet homme me parle : oui, nous naissons dans une boîte, nous grandissons et nous habitons dans une boîte, nous travaillons dans une boîte, nous sortons dans une boîte, nous voyageons dans une boîte… et on nous enterre dans une boîte !
Son rapport simple et direct à la terre me fait le plus grand bien car c’est une approche pragmatique. Ouvrier, Pierre Rabhi a rencontré avec sa femme la nature, qu’il a enseignée. Cela se rapproche du yoga par le biais du contentement, de l’observation, de la tranquillité d’être et du discernement.
Erard, président et co-fondateur d’une galerie d’art
« Je suis souvent, je dirais même régulièrement, sauvé, tant dans la tourmente des affaires que l’éventuel désespoir affectif, par un vieux livre, L’Esprit français de Stéphane Prince. Cet ouvrage m’a permis de relativiser des situations qui s’avéraient dramatiques et tristes, comme le décès de mes parents durant ma première année de licence de droit, et cela en deux mois de temps. J’ai repris ce livre lorsque la mère de mes enfants est partie avec un ami ou lorsqu’un ancien employeur (une banque) m’a renvoyé du jour au lendemain.
Sans plaintes et même sans reproches, la solution allait vers la reprise en main de ce livre, avec des saillies telles que :
FEU :
« Une vieille coquette avait le front de dire dans un dîner que, le jour arrivant qu’elle sentirait la vieillesse, afin de l’éviter, elle prendrait un revolver… Joignant le geste à la parole, elle pointait vers sa tempe l’index et le majeur.
C’est alors que Forain, placé vis-à-vis d’elle, commanda : Feu, Madame ! »
MÉMOIRE :
» J’ai une mémoire admirable… j’oublie tout », disait Chamfort.
PÈRE :
Napoléon interrogeait Corvisart :
– Peut-on être père à soixante-dix ans ?
– Parfois, Sire…
– Et à quatre-vingts ?
– Toujours, Sire.
J’aime beaucoup ce genre d’esprit et le relire souvent me soutient.
Françoise, éditrice et historienne de l’art
J’ai récemment découvert Ce qui reste de nos vies, de Zeruya Shalev. Lecture éprouvante, parce que, d’une écriture dense, l’auteur récapitule une vie, celle d’Hemda, vieille femme à l’agonie qui laisse remonter le souvenir de ses blessures, de ses doutes, de ses attentes déçues, de ses manquements d’amour. Parce qu’elle raconte aussi ses parents et ses deux enfants, qu’elle a aimés différemment et qui, passée la quarantaine, s’interrogent, quand il en est encore temps, sur ce qu’ils peuvent encore imaginer vivre.
L’auteur rend ainsi aux relations familiales, souvent névrotiques, parfois ambiguës, la place qui leur revient et suit les hésitations et les oscillations des protagonistes qui trouveront le courage de ne pas céder aux frustrations en décidant de ne pas refouler leurs rêves. Un livre juste et finalement plein d’espoir. À lire absolument, mais peut-être plutôt à partir de la quarantaine !
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