Le recyclage, excellente idée sur le papier n’est-ce pas ?
« Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme », la maxime attribuée à Lavoisier (1743 – 1794) vous vient peut-être à l’esprit… lorsque, remplis de bonnes intentions, nous répartissons entre les trois poubelles nos charmantes ordures ménagères.
Nos efforts en termes de recyclage en valent-ils la peine ?
Eh bien, pour le verre, on peut répondre par l’affirmative : 7 bouteilles sur 10 en moyenne seraient recyclées en France. Le résultat est moins probant en ce qui concerne les poubelles jaunes et vertes. En effet, nos ordures finissent très souvent incinérées, ou dans des décharges.
Selon l’Agence européenne de l’environnement, notre taux de recyclage en 2013 serait de moins de 40%. L’Insee retient un chiffre de 60% en 2010.
Bien loin de la Suède, championne en la matière.
D’après l’Eurostat, 1% seulement des ordures ménagères finirait dans des décharges, à tel point que le pays en importerait de ses voisins. La moitié des déchets ménagers vont alimenter des incinérateurs de pointe. La combustion assure 20% du chauffage urbain. (source).
Une manière d’utiliser intelligemment vos ordures ménagères : faites votre compost !
Le compost est utilisé depuis la nuit des temps. Ce système naturel a été remis au goût du jour, et même de plus en plus de citadins l’adoptent.
Cet été, pendant que certains ont pris la belle initiative de créer leur potager sur leur balcon, j’ai pris celle d’installer un composteur dans mon jardin.
Epluchures de légumes, de fruits, restes de repas (éviter tout de même le gras, la viande et le poisson), feuilles mortes, mouchoirs en papier, carton, sachets de thé, herbe tondue, et bien d’autres éléments décomposables sont venus l’alimenter.
Objectif final : obtenir un bon terreau pour le potager familial.
Sans jardin, en ville, comment faire ?
De retour de vacances, je me suis demandé comment reproduire un système semblable en ville, en disposant seulement d’un petit balcon d’appartement.
Je me suis alors souvenu d’un voyage à San Francisco, où j’avais été reçu par un couchsurfer très au point sur la question du recyclage. Une louable préoccupation que beaucoup de citadins ont là-bas, tant la municipalité est exigeante sur la question. La ville a en effet pour ambition d’atteindre les « 100% de déchets recyclés » d’ici à 2020.
Une boîte dans sa cuisine suscita ma curiosité : « C’est un lombricomposteur » (vermicomposteur en anglais) me dit-il. « Lombricompo…quoi ? » me posant des questions sur mon niveau d’anglais.
Source : preval.fr
C’est en fait un ensemble de boîtes empilées (en bois ou plastique), contenant des vers. Dans le noir, les invertébrés dévorent vos restes sans relâche : un peu moins d’une fois leur propre poids de matière par jour !
En mettant tous ses déchets verts, mais aussi les coquilles d’oeufs bien écrasées, par exemple, mon hôte avoua qu’il réalisait de réelles économies, en plus d’alléger sa corvée de poubelle.
Les vers qu’il contient se nourrissent de la matière organique : pour 1 kilo, on obtient environs 250 grammes de bon terreau.
Pas très appétissant, je vous l’accorde. Il y a mieux comme animal de compagnie !
Néanmoins, contrairement à ce que l’on pourrait croire, malgré l’orgie digestive qui s’y opère, très peu d’odeurs se dégagent du bac, en raison de son étanchéité. Pour les sceptiques, on choisira un emplacement sur le balcon ou dans sa cave.
Au bout d’un mois, on récolte un précieux terreau. Son odeur se confondrait presque à celle de l’humus, que l’on pourrait sentir lors d’une balade en forêt, après un temps pluvieux.
Mais surtout, vous n’imaginez pas à quel point ce compost est riche pour vos plantes.
Créer un cercle vertueux autonome
En alliant lombricompost et potager de maison, vous obtiendrez un mini-écosystème qui fonctionne très bien.
Vous verrez le résultat de vos propres efforts :
- économie de sacs poubelles ;
- une corvée de poubelle moins fréquente et plus légère : d’après l’Ademe (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie) un Français produit en moyenne 354 kilos d’ordures par an. Vous pourrez réduire ce chiffre de près d’un tiers avec un composteur adapté.
- obtention d’un riche terreau qui pourra alimenter vos plantes, votre potager. Pour info, un sac de 50 l de fertilisant coûte en moyenne une dizaine d’euros.
Si vous n’avez pas la main verte, il fera la joie de vos voisins.
- Si vous êtes un minimum bricoleur, vous pourrez fabriquer vous-même votre vermicompost, des tutoriels foisonnent sur le Net. Il faudra tout de même acheter les fameux lombrics.
- Si entretenir un potager demande du temps, pour ce qui est du compost, les vers travaillent à votre place. Il suffit d’enlever régulièrement le « jus » recueilli dans le bac inférieur, qui viendra abreuver vos plantes.
Un nouveau réflexe à acquérir : penser à mettre de côté quotidiennement le type de déchet recommandé pour nourrir les vers.
Beaucoup de pays sont encore laxistes quant au traitement des déchets. La réglementation se durcira, c’est une certitude. Certaines mairies de France offrent des composteurs ou des lombricomposteurs, alors n’hésitez pas à vous renseigner.
Amateurs de vers de terre, n’hésitez pas à nous faire part de vos expériences !