Anne Harald
La semaine dernière, j’ai eu besoin de déposer rapidement un chèque sur mon compte. Plutôt que de le mettre dans la boîte aux lettres de la banque, j’ai décidé de pénétrer dans une agence. Là, une machine ressemblant vaguement à un photocopieur permet d’enregistrer directement les chèques. Formidable. Quel gain de temps, me dis-je !
Le chèque est scanné, le montant précisé. Mais là les problèmes commencent. Il se trouve que j’ai à la fois un compte joint et un compte personnel dans cette banque. La machine m’indique les deux comptes, sous la forme d’une longue succession de chiffres. A moi de choisir.
Mais qui connaît son numéro de compte par coeur ? Qu’à cela ne tienne, j’abandonne la machine, récupère mon chèque et m’adresse à la personne au guichet.
« Ah non Madame, nous n’encaissons plus les chèques. »
Voilà la réponse qui m’a été faite. Et qui a été suivie d’un complément d’information : « Nous ne distribuons plus d’argent non plus. Tout se fait aux machines derrière vous. »
Les machines en question sont ce fameux « mur d’argent » désormais si cher aux banques. Moins de personnel dans les agences, à nous de nous débrouiller.
Cela m’interpelle. Je ne pense pas être la seule à m’être heurtée à ce fameux mur.
Vous voulez du cash ? Il faut le commander
D’ailleurs, il suffit d’en parler autour de soi, les témoignages se multiplient. Il est par exemple difficile — pour ne pas dire impossible — de retirer au distributeur automatique un montant d’argent important.
Mais il est tout aussi impossible d’obtenir du cash au guichet de sa banque de quartier !
Réponse de la banque : il faut commander l’argent et prendre rendez-vous. Quid des besoins urgents, des imprévus ou des coups de tête ?
Et la série noire ne s’arrête pas là…
N’ayant pas pu retirer autant de cash qu’elle le souhaitait, une de mes amies part en Allemagne, carte bancaire en portefeuille. Restaurants, courses et visites s’enchaînent. Puis vient la fin du séjour et l’heure de payer son hôtel. Sa carte bleue est refusée. Pourtant, son compte est largement approvisionné. Le paiement est bloqué par sa banque, qui impose des plafonds ridiculement bas de dépenses à l’étranger. Une mesure de précaution qui vire à la catastrophe. Lorsque mon amie, furieuse, a contacté sa banque, celle-ci a répondu qu’elle aurait dû la prévenir de son séjour à l’étranger.
Pour résumer : les banques traditionnelles nous offrent aujourd’hui moins de services, tout en contrôlant l’utilisation de notre argent.
Etant donné la situation, nous pourrions alors nous attendre à payer moins de frais bancaires ! Pensez-vous… Ce n’est pas ainsi que ça fonctionne.
Pourtant, les banques font bel et bien des coupes de budget dans leurs agences. Ce sont leurs employés eux-mêmes qui le disent. Le 24 mars dernier, 500 salariés du réseau BPCE manifestaient contre leurs conditions de travail. La cause de leur colère, comme le résumait à l’époque un article de Libération : « érosion des effectifs, multiplication des tâches, perte du contact humain, objectifs commerciaux toujours plus ambitieux et déconnectés des besoins des clients. »
Se passer des agences bancaires ?
La solution est sans doute entre nos mains. Puisque les agences bancaires ne sont plus capables de satisfaire nos besoins, puisque nous payons trop cher pour des services qui s’amenuisent, l’heure est peut-être venue de nous passer des agences !
Ce qui signifie se tourner vers les banques en ligne
Oui, cela demande quelques ajustements dans son mode de consommation de la banque. Mais, finalement, en cas de besoin, on peut joindre un conseiller en ligne. On dispose de tous les moyens de paiement nécessaires. Et les services bancaires, comme un compte épargne ou même un crédit, ne cessent de se développer au sein des banques en ligne. Et, surtout, il y a une vraie différence de tarifs, en tous cas pour le compte courant (coût de la carte bleue, des incidents sur le compte…).
De toute façon, même si l’on est réfractaire au tout en ligne, mieux vaudrait s’y mettre. Les agences bancaires ont débuté une lente agonie qui pourrait bien se terminer par leur disparition. C’est en tous cas ce que prévoit l’Australien Brett King. Businessman et auteur à succès, il a créé une application bancaire pour smartphones (Moven). Il dresse un parallèle entre les agences bancaires et les librairies aux Etats-Unis. A l’arrivée d’Amazon sur le marché, les librairies ne se sont pas inquiétées, de nouvelles ont même vu le jour. Puis les ventes de livres par les canaux de distribution traditionnels se sont effondrées. Ce qui a signé l’arrêt de mort de bon nombre de librairies américaines. Un scénario similaire pourrait bien attendre les agences bancaires.