La migraine est un casse-tête aussi bien pour les patients que pour les médecins car elle est inguérissable et entourée de fausses croyances. Cette pathologie neurologique qui touche près de 20% de la population est souvent traitée de manière anarchique, ce qui peut aggraver les crises.
La migraine se caractérise par des crises répétées se manifestant essentiellement par de pénibles maux de tête (céphalées). Elle est due à une excitabilité neuronale anormale, liée à des facteurs génétiques complexes associés à des facteurs environnementaux. Pour un migraineux sur quatre, la sévérité des crises entraîne un retentissement socioprofessionnel important.
Mythes et réalités
« Tes migraines viennent de ton cou », « la migraine est causée par le stress », « ça va passer » : quel migraineux n’a jamais entendu ce genre de remarques ?
Les préjugés ont la peau dure, même au sein du milieu médical : « tout est normal sur le scan », « ce n’est qu’un mal de tête », « la migraine est le résultat de névroses internes chez les femmes hystériques » (théorie psychanalytique des années 70)… Et dans le monde du travail, les migraineux sont de petites natures qui utilisent ce prétexte pour ne rien faire.
Les préjugés ont la peau dure, même au sein du milieu médical : « tout est normal sur le scan », « ce n’est qu’un mal de tête », « la migraine est le résultat de névroses internes chez les femmes hystériques » (théorie psychanalytique des années 70)… Et dans le monde du travail, les migraineux sont de petites natures qui utilisent ce prétexte pour ne rien faire.
La réalité est toute autre : des critères scientifiques définissent cette maladie (car il s’agit bien d’une maladie) : sensation d’écrasement de la face, sensibilité au bruit et à la lumière, parfois aux odeurs, cernes, douleur d’un seul côté de la tête, nausée voire vomissements, douleur pulsative qui peut durer de quelques heures à plusieurs jours.
Tous ces symptômes ne se voient pas sur un scan, c’est certain, mais bien en écoutant le patient. Il faut aussi tenir compte des signes précurseurs : des envies soudaines de s’alimenter, des envies de sucré, des passages aux toilettes plus fréquents, une irritabilité, tout ceci est validé scientifiquement.
Chez une personne sur cinq, des symptômes neurologiques précèdent la crise, généralement durant une bonne vingtaine de minutes. C’est ce que l’on appelle une migraine avec aura. Il s’agit le plus souvent de troubles visuels (vue trouble, tache lumineuse…), mais également de troubles du langage ou de fourmillements qui remontent des doigts jusqu’au visage. Même si ces signes sont réversibles, ils sont impressionnants.
Comme tous les troubles douloureux, la migraine est invisible, ce qui entraîne incertitude, déni et culpabilisation. Cette pathologie est sous-estimée et sous traitée, idem pour la recherche… qui avance malgré tout.
Seul un homme sur cinq est touché : ce n’est pas pour alimenter les théories sexistes de certains qui considèrent encore que c’est une maladie de « bonne femme », mais pour souligner le fait qu’il faut en tenir compte, écouter ces hommes car leur diagnostic n’est pas systématique et même parfois plus difficile.
Les femmes dont le taux d’oestrogènes chute rapidement dans les jours qui précèdent leurs règles auraient plus de risques de souffrir de migraine.
Et les enfants, me direz-vous ? De 5 à 12 ans, avant la puberté, 5 à 10% d’entre eux peuvent en souffrir.
Deux notions clés : le déclencheur et le seuil migraineux
Plutôt que le terme « cause », les neurologues préfèrent parler de « déclencheurs » ou d’éléments déclenchants. Ils sont connus et répertoriés par la communauté scientifique. En voici une liste non exhaustive que vous pourrez compléter en fonction de vos expériences personnelles :
- des horaires de repas ou de sommeil décalés (sauter un repas, faire une grasse matinée…) ;
- l’alimentation (alcool, glace, glutamate, un additif alimentaire très présent dans la nourriture asiatique), fromages fermentés (brie, roquefort, camembert), charcuterie, aspartame ;
- l’activité physique (sport, sexe) ;
- les variations de températures et de pression atmosphérique ;
- le manque d’hydratation ;
- des stimuli sensoriels (luminosité trop forte, sons intenses, parfums entêtants) ;
- le stress et les émotions fortes mais aussi, paradoxalement, une baisse du niveau de stress en weekend ou en vacances par exemple.
Le seuil migraineux désigne le niveau de tolérance aux facteurs déclenchants à partir duquel la crise commence. C’est à ce seuil que les praticiens s’intéressent pour mieux doser non seulement les médicaments mais aussi l’exposition à ces facteurs déclenchants.
La migraine : une maladie qui se traite
Supprimer un terrain migraineux n’est pas impossible. La meilleure connaissance des mécanismes physiopathologiques de la migraine et de ces différentes formes a permis le développement d’un arsenal thérapeutique qui, s’il est bien utilisé, permet de contrôler, au moins 7 crises sur 10 et de soulager globalement au moins 2 migraineux sur 3.
Cet arsenal concerne d’abord la crise qui doit être traitée par des anti-inflammatoires non stéroïdiens et/ou des triptans qui sont des vasoconstricteurs. Cet arsenal concerne également le terrain migraineux et vise, par l’utilisation de médicaments appartenant à diverses classes pharmacologiques (anti-hypertenseurs, antiépileptiques, anti-sérotoninergiques, antidépresseurs…), à augmenter le seuil migraineux du sujet et à le rendre moins vulnérable aux facteurs déclenchants.
Attention au suivi du traitement : vous ne les prenez pas, vous ne les avez pas dans votre sac, vous ne savez pas si c’est vraiment une migraine, on vous a dit de les prendre seulement en cas de crise, ça coûte cher, c’est fort, ça doit être dangereux, vous craignez les effets secondaires… Finies les excuses ! Soyez rigoureux.
Pensez à tenir un journal de bord. C’est un outil précieux où vous allez répertorier vos crises en précisant les fréquences, leur importance qui permettra au médecin de doser le traitement et d’évaluer la consommation de médicaments. Il existe des applications spécifiques, mais vous pouvez vous contenter d’un tableau Excel ou d’un agenda papier. Vous y consignerez date, heure, intensité, facteur déclenchant, durée, nom du médicament et dose.
Des approches non médicamenteuses, de type acupuncture, sophrologie ou bien thérapie cognitivo- comportementale ont aussi leur intérêt.
Il n’existe pas de « zapette » à migraineux, mais de nouvelles pistes.
Le développement des médicaments de la famille des triptans a révolutionné la prise en charge des migraines. Mais les crises n’étant pas toujours identiques, même chez une personne donnée, ce n’est pas le seul traitement possible.
- Le Botox est utilisé pour les migraines chroniques mais très critiqué au regard de son usage premier, l’esthétisme.
- Un traitement réalisé chez le radiologue et déjà testé avec succès sur des adultes migraineux pourrait également soigner les migraines de l’enfant. Ce traitement consiste à administrer un anesthésique à un petit groupe de nerfs qui sont soupçonnés d’être liés à la migraine. Un petit cathéter flexible est inséré dans chaque narine et sert à désactiver le ganglion sphéno-palatin pendant une courte période de temps. La procédure dure environ 10 minutes. Les premiers résultats sont encourageants.
- La photophobie est associée à 80% des crises de migraines. Pourtant, le professeur Rami Burstein de l’école de médecine d’Harvard (états-Unis) a découvert que la lumière pouvait aussi soigner la migraine… à condition qu’elle soit verte. Les médecins placent maintenant leurs espoirs dans la recherche afin que l’on puisse mettre au point une paire de lunettes vendue à un prix accessible pour tous les migraineux, qui laisserait filtrer un rai de lumière verte pour soulager la douleur.
- D’autres recherches s’orientent vers la stimulation électrique du nerf vague.
- Une fois par mois, on injecte quatre anticorps censés agir, de façon préventive, sur le phénomène de dilatation des vaisseaux cérébraux à l’origine de la douleur. Une mise sur le marché de cette thérapie ciblée est envisageable dans les trois à cinq ans. Ce type de traitement préventif supprimerait la prise quotidienne de médicaments dont les effets secondaires ne sont pas anodins. C’est le traitement préventif le plus prometteur qui soit.
En attendant, ne souffrez plus en silence, faute d’un diagnostic précis, d’un manque de reconnaissance de vos proches, de votre employeur ou de votre médecin. Agissez ! Parlez à votre médecin et trouvez les bons interlocuteurs.
Comment s’informer ?
- Pour tout savoir sur les maux de tête : le site http://www.sfemc.fr/, fait par des professionnels de la thématique afin de préparer sa consultation et d’obtenir des informations sur tout type de céphalées.
- Un guide complet s’adressant autant aux migraineux qu’à leurs proches : le livre du Dr Elizabeth Leroux, La méthode anti migraine aux éditions Flammarion.
- Une appli, Migraine Buddy, gratuite et disponible sur iOS et Android, est un outil de suivi qui aide à identifier les facteurs déclenchants des crises et les meilleurs moyens de les soulager.
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