Je pensais que les femmes ne m’aimeraient que si je publiais un roman.
Alors, à partir de 1990, je me suis mis à écrire 3 000 mots par jour. J’allais voir les filles dans les bars et je leur demandais si je pouvais leur faire la lecture. 100% d’entre elles refusaient. Ou me riaient au visage.
J’étais nul.
Vingt-neuf ans plus tard, il ne se passe pas un jour sans que je n’écrive. C’est dommage car j’aurais pu passer tout ce temps avec mes enfants, mes ex-femmes, mes parents, mes amis.
Je me fourvoyais et, surtout, j’étais un loser. J’ai reçu des milliers de lettres de refus, et ça continue. Mais j’ai également publié 21 ouvrages (cela a commencé 13 ans après mes débuts dans l’écriture), des bestsellers.
Aujourd’hui, j’essaie plus que jamais de m’améliorer. Plus vous en savez, plus vous savez que vous ne savez rien.
Je suis plus que jamais nul.
Et, au cours de toutes ces années, beaucoup de gens m’ont prodigué des conseils.
Plus vous en savez, plus vous avez l’air d’un fou
A) NE PUBLIEZ PAS SI VOUS N’AVEZ PAS PEUR
Si vous n’avez pas peur de ce que vous êtes sur le point de proposer au monde entier, il y a de fortes chances que cela ait déjà été dit ou écrit.
Quand vous prenez des risques, même si cela n’aboutit pas, vous commencez à mettre en place votre vraie voix.
B) TOUT EST QUESTION DE CONTENU
En 2001, j’ai perdu tout mon argent. En 2008, j’ai perdu tout mon argent. En 2004. En 2012.
En 1993, j’ai rendu visite à un de mes amis en prison. En 1995, j’ai créé une entreprise et je l’ai détestée. En 1999, j’en ai créé une autre et j’ai perdu l’argent de tout le monde, et j’ai aussi perdu un de mes investisseurs, un homme nommé Yasser Arafat.
En 2005, Bernie Madoff a rejeté une de mes idées d’entreprises.
En 2003, j’ai eu envie de me suicider après que j’ai reçu une lettre du fisc me disant que je n’avais pas payé d’impôts en 17 ans.
Hier, j’ai acheté une valise remplie de dinars irakiens datant de l’année 2000 à l’effigie du visage de Saddam Hussein, qui est sorti clandestinement d’Irak en 2007.
En 1989, je me suis évanoui, ivre mort sur le trottoir au milieu de la nuit, et je me suis réveillé lorsque j’ai senti que quelqu’un me pissait dessus.
En 2008, je me suis évanoui au beau milieu d’un carrefour de New York, avec des véhicules qui arrivaient en sens inverse, en pleine nuit et sous la pluie.
En 2015, j’ai été chahuté alors que je faisais un spectacle comique, les blagues que je proposais sur ma mère, le sexe, mes enfants et Auschwitz étaient bien trop obscènes.
En 2004, mon père a eu une attaque. Cela faisait six mois que je lui avais raccroché au nez et que j’avais refusé de prendre tous ses appels. Il est décédé sans que je ne lui reparle.
Vous devez faire l’expérience de la vie si vous voulez écrire sur elle.
C) RACONTER UNE HISTOIRE
Viktor Frankl a été déporté par les nazis à Auschwitz. Sa femme, ses parents, ses frères et soeurs ont été déportés dans différents camps de concentration et, chaque jour, il se demandait ce qu’il était advenu d’eux.
Il avait l’habitude de regarder fixement la clôture du camp, il s’imaginait voir sa femme de l’autre côté. Avec l’espoir de la revoir un jour. Cela lui permettait de tenir le coup tous les jours.
Il voyait d’autres prisonniers si découragés qu’ils se suicidaient ou se faisaient tuer.
Il leur murmurait quelques mots à l’oreille, il leur donnait des raisons de trouver un sens à la vie pour leur donner espoir en un autre jour.
Il a fini par survivre aux camps de concentration. Il n’a jamais revu sa femme. Ou ses parents. Ils avaient tous été tués par les nazis.
Mais il a écrit sur la nécessité de trouver un sens à la vie.
Il n’a pas écrit de conseils : « Trouvez un sens à votre vie ! »
Dans Découvrir un sens à sa vie, il raconte son histoire, ce qu’il a vécu dans les camps de concentration et comment sa quête personnelle du sens l’a maintenu en vie. Comment cette quête a permis à d’autres prisonniers de rester en vie.
Ce livre est fascinant. Je devrais plutôt dire la première moitié du livre, car c’est dans cette partie qu’il raconte son histoire. La deuxième partie, sa théorie de la logothérapie, est si ennuyeuse que je n’ai pas terminé l’ouvrage.
Il a raconté son histoire et c’est ainsi qu’il a pu se faire entendre.
Lorsque vous voulez râler ou vous vanter, réfléchissez d’abord à une histoire à raconter. Plus c’est personnel, mieux c’est.
« Ceux qui ont un « pourquoi » dans leur vie peuvent supporter presque tous les « comment ». »
D) L’EFFET JÉSUS
Jésus a prêché dans toute la région d’Israël et a gagné des disciples. Mais quand il est allé dans sa ville natale de Nazareth, tout le monde s’est moqué de lui. « Tu n’es que le fils du charpentier ! »
Il a dû quitter la ville.
Ne prenez pas les choses personnellement.
Quand vous commencez à faire quelque chose, vous n’êtes pas au top et ceux qui sont autour de vous le savent bien. Tout le monde se moque de vous.
Dans la vie moderne, si vous développez vos compétences professionnelles, vous devez souvent changer d’emploi afin d’obtenir le salaire que vous méritez. Tout le monde vous connaît comme « le gars de la salle du courrier » ou tel que vous étiez lorsque vous avez commencé.
Ne vous embêtez pas avec les gens qui rient. Même si vous n’avez passé qu’UN AN à vous améliorer à quoi que ce soit, vous êtes 99% meilleur que le reste du monde pour cette activité.
Continuez à vous améliorer, mais remplacez ceux qui vous rejettent.
E) SUCCÈS = COMPÉTENCE + PERSISTANCE + SUCCÈS ANTÉRIEUR
Suite à la non-publication de son premier livre, Anne Rice a développé des idées suicidaires. Puis sa fille de cinq ans est morte d’une leucémie et sa déprime s’est accentuée.
Mais la leucémie l’a amené à réfléchir aux maladies du sang (« tout est dans le contenu »). En cinq semaines, elle a écrit Entretien avec un vampire.
De nombreux éditeurs ont rejeté l’ouvrage.
Ses compétences en tant qu’auteur ne faisaient aucun doute, mais elle a acquis une compétence supplémentaire : la persistance (qui n’est pas une compétence facile à acquérir).
Une fois que son ouvrage s’est transformé en bestseller, ce ne sont pas ses compétences qui lui ont permis de signer de super contrats pour des livres ou des films, mais le succès de son premier livre.
La compétence à elle seule ne suffira pas à vous faire réussir.
Développer ses compétences, travailler la persévérance, noter les petits accomplissements qui mèneront à de plus grands succès… Tout cela vous permettra d’atteindre de plus grandes réussites.
Si vous vous concentrez sur les résultats, vous échouerez. Anne Rice a échoué uniquement parce qu’elle s’est trop concentrée sur son premier échec.
Se concentrer UNIQUEMENT sur le processus.
F) SUPPRIMER LE PREMIER ET LE DERNIER PARAGRAPHE
Même en connaissant cette règle, ça marchera. Rédigez votre article. Puis supprimez le premier et le dernier paragraphe. Je vous garantis que l’article sera bien meilleur.
G) LIRE TOUS LES JOURS ET ÉCRIRE TOUS LES JOURS
Je trichais. Je faisais semblant de travailler toute la journée, mais j’avais choisi un travail facile et il me suffisait de travailler 15 minutes par semaine.
Ensuite, je fermais la porte à clé et je lisais toute la journée.
Ne lisez que les choses que vous AIMEZ. Ensuite, vous commencerez à imiter ces écrivains. Ils seront vos mentors virtuels.
À l’époque, je lisais des livres de Denis Johnson, Charles Bukowski, Hemingway, Lorrie Moore, Mary Gaitskill, Tama Janowitz, Margaret Atwood et des centaines d’autres.
Et j’écrivais 3 000 mots par jour.
Vous devez apprendre à associer deux mots. C’est difficile et vous ne pouvez le faire qu’avec de la pratique.
C’est comme un sport. Tous les jours, avant 9 heures le matin, Michael Jordan faisait 1 000 paniers. Si vous êtes débutant, pratiquez. Si vous êtes le meilleur au monde, pratiquez.
H) L’ARCHE DU HÉROS
J’ai quitté l’université sans argent ni perspective d’emploi. On rejetait tout ce que j’écrivais.
J’ai reçu des milliers de refus, mais j’ai rencontré de plus en plus d’écrivains.
Au départ, j’écrivais des articles, puis des livres. Puis des bestsellers.
À chaque pas, plus j’ai pris de risques, plus les gens m’ont détesté. Les articles et les critiques me dénigraient constamment. Parfois, cela me blessait vraiment. Je ne peux pas m’en empêcher.
Puis j’ai trouvé d’autres pistes pour mes écrits. Mes podcasts m’ont fourni du contenu. Parler en public était un moyen d’améliorer mon écriture. Même le spectacle comique m’a permis d’améliorer mon écriture.
Je ne sais pas si je prodigue de bons conseils en matière d’écriture, mais c’est ce que j’ai vécu au cours des 30 dernières années.
Je me demande toujours : suis-je le héros de mon histoire ?
Ou ai-je abandonné ? Ai-je démissionné ? Ne suis-je qu’un personnage mineur dans l’histoire de quelqu’un d’autre ?
C’est l’arche du héros, le voyage du héros :
- Passez du monde ordinaire au monde extraordinaire. Je ne voulais pas de quelque chose d’ordinaire, comme l’université, donc j’ai tenté de faire quelque chose d’extraordinaire.
- Trouvez vos mentors et les collègues qui évolueront avec vous. J’ai déménagé à NYC pour travailler chez HBO et j’ai rencontré un tout nouveau monde de créateurs.
- Évoluez. D’abord, j’ai fait publier de petits articles chez HBO. Puis j’ai été payé pour écrire des articles. Puis on m’a payé pour écrire des livres. Puis j’ai changé de catégorie et j’ai eu encore plus de succès.
- Menez la plus grande bataille qui soit. Selon moi, les gens semblent me détester sans raison. C’est une bataille difficile. Il y a aussi les gardiens, les gens qui me diront non. J’essaie toujours de m’y retrouver (m’auto-publier, publier pour d’autres revues, publier une newsletter pour les abonnés, écrire un scénario pour me faire connaître, etc.).
- Rentrez chez vous avec les connaissances nécessaires.
Et puis… RÉPÉTEZ… parce que le voyage du héros ne doit jamais arriver à son terme.
Chaque livre, chaque article, même chaque paragraphe doit contenir le squelette de l’arche du héros.
I) SURPRISE, VULNÉRABILITÉ
Je combine ces deux éléments sans réelle raison.
Dans le roman graphique de Neil Gaiman, Black Orchid, l’héroïne est piégée par le méchant dès la première page. Il pointe une arme sur elle.
À ce moment-là, TOUS LES LECTEURS s’attendent à ce qu’elle s’échappe.
Après tout, le livre porte son nom ! Elle doit s’échapper. N’est-ce pas ?
Le méchant tire et la tue. Dans les deux premières pages.
J’ai été sidéré. Cela m’a permis de continuer à lire. Faites toujours quelque chose pour que la personne lise la phrase suivante.
N’ayez pas peur de vous ridiculiser. Mes articles les plus connus traitaient de la façon dont j’ai perdu tout mon argent et celui de tous les autres en 2000.
Ou comment j’ai perdu des relations en étant un crétin. Ou comment j’ai été chahuté pour avoir raconté des blagues obscènes un soir de stand-up.
J) N’UTILISEZ JAMAIS UN MOT EN PLUS
Après avoir écrit un article ou un chapitre, je m’assure de le réduire d’au moins 30%.
4 commentaires
Bonjour, j’aime beaucoup les articles de James Altucher. Je voulais juste signaler que ce n’est pas D) L’ARCHE DU HÉRO mais bien H) L’ARCHE DU HÉRO dans cet article. MERCI pour ce que vous faîtes. Cela change ma vie.
Bonjour monsieur,
Merci pour votre commentaire !
C’est effectivement corrigé, merci de nous l’avoir signalé !
Cordialement,
La Rédaction
Super, merci pour votre réponse. j’attendais un mail, mais je viens de trouver et retrouver mon message grâce à une recherche bing.
Il y a deux numéros 2 ou 3, sur l’article de Robert Kyiosaki sur les erreurs, juillet 2021, il me semble.
Bonnes corrections.
Et encore merci pour ces travaux géniaux qui permettent de nous transformer peu à peu !
Merci de nous l’avoir signalé, cela a été corrigé !
Nous espérons que nos articles continueront de vous inspirer !
Cordialement,
La Rédaction