Souvenez-vous, le 12 octobre dernier, je vous encourageais à surveiller le palladium, ce métal gris essentiellement utilisé dans la fabrication des pots d’échappement catalytiques des véhicules à essence et hybrides.
À l’époque, son envol de 28% depuis le mois d’août l’amenait à contester la suprématie de l’or sur le marché des métaux. Il atteignait ainsi les 1 080 $ l’once, soit au niveau de son plus-haut historique de février 2001.
Depuis cet article, le cours du palladium est passé de 1 080 $ l’once à 1 523 $ actuellement, soit une hausse de 41%.
Cette quatrième année de hausse consécutive qui a atteint des sommets historiques ces derniers mois le place désormais 200 $ au-dessus de l’or – lequel s’échange actuellement autour de 1 325 $.
C’est en décembre que le métal gris a pour la première fois détrôné le métal roi et l’écart n’a cessé de se creuser depuis.
Le secteur automobile est en pleine mutation, et le palladium en profite
Nous en parlons beaucoup dans nos différents services : le secteur automobile se réinvente à la faveur d’exigences écologiques de plus en plus strictes.
En Europe, en Chine, aux États-Unis, les normes antipollution en vigueur gagnent en rigueur et bouleversent ce secteur qui concentre 80% de la demande mondiale en palladium.
Dans le sillage du clinquant « Dieselgate », en 2015, les consommateurs se sont peu à peu tournés vers les voitures essence et hybrides, délaissant les voitures diesel qu’ils avaient historiquement plébiscitées. Et l’International Council on Clean Transportation (ICCT), l’ONG qui fut à l’origine de ces révélations, en a rajouté une couche ce mercredi 27 février, achevant de noircir une image déjà bien ternie. Selon sa dernière étude qui fut abondamment relayée par la presse généraliste, les véhicules diesel étaient responsables en 2015 de 47% des 385 000 décès prématurés liés aux émissions polluantes du secteur des transports. En France, en Allemagne, en Italie et en Inde, le ratio monte même à 66%.
Cette nouvelle charge contre les véhicules diesel devrait signer leur arrêt de mort et laisser la voie libre aux véhicules essence et hybrides qui avaient déjà pris une belle avance.
À première vue, le palladium n’a donc aucune raison de s’arrêter en si bon chemin. Car la demande n’est pas près de fléchir : comme je le rappelais en octobre, selon les prévisions de la German Mineral Resources Agency (DERA), elle devrait même quintupler à l’horizon 2035, par rapport à ce qu’elle représentait en 2013.
Risques de pénurie et soupçons de bulle
Pourtant, de nombreux obstacles apparaissent à l’horizon.
Victime de son succès, le métal gris voit son offre se restreindre : en 2017 déjà, la Commission Européenne l’avait classé comme métal « critique ».
En 2018, Norilsk Nickel, le premier producteur mondial de palladium, a concédé que « le marché était en déficit structurel pour la neuvième année consécutive ». Ce déficit devrait s’accroître en 2019, alors que les menaces de grèves dans les mines sud-africaines – qui concentrent 37% de la production – ne cessent de s’intensifier.
Ces données viennent appuyer les discours de certains observateurs qui voient poindre la menace d’une bulle. Le marché du palladium compte parmi les plus petits du secteur des matières premières, ce qui l’expose à une forte volatilité et à la spéculation. La Russie, qui produit 39% du palladium au niveau mondial, n’a pas pu échapper aux soupçons des analystes interrogés ces derniers jours par la presse économique grand public.
De surcroît, le ralentissement attendu de l’économie chinoise et l’essor rapide des véhicules électriques – totalement dénués de palladium – pourraient faire tomber le métal de son piédestal.
Un pari payant… Jusqu’à maintenant
Lorsque j’avais évoqué cette opportunité en octobre dernier, j’avais appelé à la vigilance : c’était un pari.
Un pari réussi jusqu’à aujourd’hui.
Ainsi, si vous aviez décidé de vous positionner à la suite de cet article, je vous félicite pour ce très joli gain de 41%. Mais je vous encourage à retirer les 3/4 de votre position et à conserver seulement le quart restant pour profiter d’une poursuite éventuelle de cette hausse à court terme.
Pour les autres, ne vous positionnez pas maintenant. Comme depuis 10 ans, le palladium pourrait nous offrir à l’avenir une fenêtre de tir bien plus appropriée, une fois que le soufflé sera retombé et que les perspectives à moyen terme seront plus favorables.
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je suis partisan de varier mes placements.