Chaque chose sur Terre suit une direction évolutionniste : l’argent n’y échappe pas.
Théisme ➔ Humanisme ➔ « Dataisme »
Prenons un secteur : la médecine, par exemple. Il y a 1 000 ans (ou il y a 5 000 ou 20 000 ans), si vous tombiez malade, vous aviez intérêt à prier Dieu (ou un dieu) pour qu’il vous sauve de la maladie dont vous étiez atteint.
Ou bien vous pensiez que vous aviez péché et que votre souffrance était une punition.
À cette époque, la médecine dépendait du théisme, de cette croyance qu’une puissance supérieure résoudrait nos problèmes. Le théisme a cédé la place à l’humanisme. Nous nous sommes mis à consulter des experts de l’être humain, plutôt que des chamanes ou des prêtres. Ils nous tapotaient dans le dos jusqu’à ce que nous toussions. Parfois, nous recevions un petit coup de marteau sur les genoux. Et le docteur disait : « Prenez deux aspirines et appelez-moi demain matin. »
C’était bien mais il y avait énormément de maladies et de maux que nous n’arrivions pas à résoudre. Et les humains sont faillibles, en fin de compte. George Washington est mort car les docteurs pensaient que les sangsues allaient aspirer la maladie hors de son corps. Et même à l’heure actuelle, 250 000 personnes meurent chaque année à la suite d’erreurs médicales humaines.
Les « données » (data) règlent une bonne partie du problème. Le docteur n’examine plus vos yeux avec une lumière aveuglante, il vous fait désormais passer une IRM, ou un électroencéphalogramme, ou même un test génétique. Dans un proche avenir, le docteur entrera ces données dans une base et celle-ci vous dira ensuite le type de maladie dont vous pourriez souffrir, quel médicament prendre, le type de chirurgie nécessaire, et les robots feront partie du processus chirurgical.
Actuellement, la durée de vie moyenne augmente tous les ans.
La guerre, même si ce n’est pas un secteur, suit également cette tendance évolutionniste.
Il y a 3 000 ans, si deux tribus ou royaumes s’apprêtaient à se faire la guerre, ils priaient leurs dieux. Ils organisaient de grandes cérémonies et des sacrifices, puis partaient à la guerre. On pensait que le pays dont les dieux étaient les plus puissants gagnerait la guerre.
L’un des textes les plus sacrés de l’hindouisme, par exemple, concerne simplement la guerre.
Qui était le gagnant ? Le camp de Krishna, le dieu le plus puissant.
Il y a quelques centaines d’années encore, on observait ces mêmes caractéristiques dans toutes les religions.
Les munitions. Et les gens.
Les humains décidaient de faire la guerre. Le pays qui avait le plus grand nombre de munitions et d’hommes sur le terrain gagnait la guerre.
Mais où est la guerre à présent ? Je vais vous le dire. Elle se livre tous les jours, tout autour de nous. On fait la guerre avec des données.
Chaque jour, un pays tente de faire sauter le réseau électrique des pays d’Europe de l’Est en piratant leurs vieux ordinateurs vulnérables.
Nous avons également eu un aperçu des « données utilisées pour faire la guerre » lors des élections américaines. Les élections ont-elles été manipulées ? Les e-mails ont-ils été piratés ?
Bien entendu. Et cela ne s’arrêtera jamais.
Les guerres des données battent leur plein. Les gens qui les découvrent dans les journaux ne lisent qu’une ébauche de l’Histoire. L’Histoire finira par être écrite par les pirates les plus brillants de ces guerres. Les gagnants.
La monnaie suit cette voie évolutionniste, elle aussi. Je n’ai même pas besoin de la décrire entièrement.
Prenez un billet de dollar américain.
Regardez au dos ce qui est inscrit :
« In God We Trust« . C’est ce qui reste du théisme. Si vous avez foi en dieu, vous pouvez avoir foi en ce billet de banque.
Grâce à ce billet, vous pouvez (devez ?) aussi vous fier au Père Fondateur des Etats-Unis, George Washington, ainsi qu’à la signature du Secrétaire au Trésor.
C’est un contrat ! Ce n’est pas qu’un bout de papier.
Mais il faut avoir foi en l’être humain pour faire fonctionner la forme actuelle de monnaie qui circule. Or l’humain commet des erreurs. Et ces erreurs commises par les quelques êtres humains qui s’en occupent peuvent avoir des conséquences désastreuses, susceptibles de ruiner des pays tout entiers.
Les données.
Les « cryptomonnaies » appartiennent à la nouvelle génération.
Pourquoi est-ce que je place le terme cryptomonnaies entre guillemets ? Parce que ce n’est pas le bon terme.
Inutile de comprendre les fondements les plus profonds des cryptomonnaies pour cerner leur importance et pour réaliser que la demande représente 150 000 Mds $ alors que la capitalisation totale des cryptos actuellement en circulation n’est que de 600 Mds $.
Cette tendance n’en est qu’à ses débuts. Même si vous pensez que vous avez raté le début, détrompez-vous : nous n’en sommes encore qu’aux balbutiements. Et ne paniquez pas devant la volatilité du marché.
Cette trajectoire évolutionniste n’est qu’un aspect parmi d’autres.
Pourtant, on peut résumer l’Histoire de la monnaie en cinq secondes.
La monnaie existe depuis, disons, des centaines de milliers d’années. Mais demandez à dix personnes dans la rue ce qu’est la monnaie : je vous garantis que vous obtiendrez dix réponses différentes. (On peut dire la même chose aussi bien du Bitcoin que de la blockchain.)
Voici une bonne réponse : la monnaie est une bulle qui n’éclate jamais.
Et les cryptomonnaies sont l’évolution normale de la monnaie : leur avènement est inévitable, comme je l’expliquais dans un article précédent. Alors ne vous laissez pas déstabiliser par les effets d’annonce et par les fluctuations des cours.
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James Altucher