Sales temps pour les médias. Fustigés de toutes parts, mis en cause pour leur partialité, accusés de complaisance envers le(s) pouvoir(s) en place, pointés du doigt par les mouvements sociaux, ils n’avaient jamais cristallisé telle défiance.
Étrange époque que celle qui se vante d’avoir ces chaînes d’information en horreur mais les laisse soliloquer tous les soirs dans ses foyers en guise de fond sonore. On aurait tôt fait d’y reconnaître du masochisme si la peur du silence et l’insidieuse marche de l’habitude ne justifiaient pas davantage l’infliction de cette souffrance.
Car c’est un fait établi : les écrans se sont invités dans les salons, dans les cuisines, dans les chambres, dans les vies. Ce n’est pas qu’ils ont intégré le décor, c’est qu’ils ont intégré les familles.
Et ils sont là pour longtemps.
Vous trouvez ça triste ? Trouvons plutôt des moyens d’en profiter et jouons à repérer les nouvelles tendances.
Vers une économie de l’abonnement
Les médias traversent une crise sans précédent – parfois économique, plus généralement de crédibilité – et cherchent à se réinventer à travers de nouveaux modèles qui ne trouvent pas toujours racine dans le même terreau.
En première ligne : la presse, dont le vieux modèle économique se meurt. Victime d’Internet qui diffuse et propage l’information gratuitement et plus rapidement, elle doit sa survie à une poignée d’hommes providentiels, qui ont pour eux le pouvoir ou la richesse – souvent les deux. Cette situation de dépendance, à laquelle s’ajoute l’influence des annonceurs, est de plus en plus difficile à masquer.
Si bien qu’une partie d’entre elle trouve son salut dans l’économie de l’abonnement : car l’analyse, l’investigation, voire un certaine forme d’objectivité se paient, et les citoyens sont de plus en plus nombreux à en prendre conscience.
Voyez le succès de Mediapart, qui publie chaque année ses résultats et dont le chiffre d’affaires ne cesse de croître depuis plus de 10 ans.
Source : mediapart.fr
Des chiffres à rendre jalouse la majeure partie de la presse traditionnelle, dont la courbe du nombre d’abonnés suit l’exact chemin inverse.
Un constat qui donne un sens économique aux vertus de l’indépendance, et dont je parlais ici même en août dernier.
La télévision confrontée à l’exigence de qualité
La télévision, elle, ne souffre pas économiquement, mais c’est la baisse de sa cote de popularité qui la pousse à anticiper un prochain désaveu. Pour elle également, la concurrence afflue par les contenus en ligne qui prennent de plus en plus de place. Les modes de consommation changent, les habitudes aussi.
Les consommateurs sont à la recherche de qualité, voire d’exclusivité. Quel meilleur exemple que celui de Netflix (NFLX – US64110L1061) qui eut l’idée de proposer la diffusion de films et séries en s’affranchissant du pouvoir des chaînes de télévision ?
Introduite en Bourse en mai 2002 à 1,08 $ l’action, elle cote aujourd’hui à plus de 364 $. Depuis le 1er janvier 2015, son cours a augmenté de 711%.
Aujourd’hui, la plateforme compte 137 millions d’abonnés.
Nous évoquions plus haut la prévalence de « l’exclusivité ». C’est précisément le mot associé depuis des décennies à la promotion du sport à la télévision. Le football, sport populaire par excellence auquel Canal+ doit une grande partie de ses abonnés depuis 1984, voit ses droits de diffusion vendus chaque année à prix d’or, un or toujours plus cher que lors de la vente précédente.
Et lorsque la nouvelle venue BeIn Sport rafla en 2012 les droits de la Ligue 1 – la première division du championnat de football français – pour 90 millions d’euros, elle vit nombre des abonnés historiques de Canal+ changer de camp.
Vous aussi, jouez au magnat des médias
Le sport à la télévision, voilà donc une valeur sûre pour laquelle les consommateurs sont prêts à payer. C’est surtout l’un des derniers programmes qui continue de vraiment rassembler. En tant qu’investisseurs, il est intéressant de garder un oeil sur ce marché toujours lucratif.
Prenons l’exemple le plus récent : mardi 19 février, il y a trois jours, le comité national olympique et sportif français (CNOSF) devait annoncer le vainqueur de sa consultation pour la production et la diffusion des sports olympiques et non olympiques. C’est Média365 qui a emporté la mise, et qui va créer dans la foulée une chaîne disponible sur toutes les boxes des opérateurs Numericable et Canalsat.
Racheté en mars 2017, Média365 appartient à Reworld Media (ALREW – FR0010820274). Et depuis les premières rumeurs la veille de l’annonce, l’action du groupe a pris 31%.
Ce qui se joue depuis de nombreuses années sur le terrain des retransmissions sportives est en train de s’appliquer aux films, émissions télévisées et autres divertissements. Les grands groupes de médias ont bien compris que les gens réclamaient de plus en plus des programmes qui leur ressemblent – le on demand est définitivement entré dans les mœurs – et qu’ils étaient surtout prêts à payer pour y avoir accès.
C’est ainsi que depuis le début de l’année, les offres de rachat se multiplient dans le secteur des médias : les groupes historiques veulent rester dans le vent.
Face aux efforts produits par les grands de ce monde pour contenir la diversité de l’offre médiatique, nous n’avons que notre pragmatisme à opposer. Aussi, profitons des opportunités du secteur.
Repérons les prochaines OPA du secteur
Il y a quelques jours, AT&T a réalisé l’intégration de la société Time Warner, acquise pour la somme de 85 Mds$. Et Disney a déboursé 71 Mds$ pour acquérir les actifs (studios télé et cinéma) de 21st Century Fox.
Quant à Comcast, à la suite de l’échec de son offre de rachat sur les actifs de la Fox, cet opérateur du câble a pris une participation majoritaire dans Sky, l’opérateur britannique de télévision par satellite.
Car voici la réalité : sans de grands partenaires tels que Comcast ou AT&T, qui permettent de transmettre les contenus aux spectateurs, il est de plus en plus difficile de rester dans la course.
Ainsi, d’autres fusions retentissantes sont sur le point de se produire dans le domaine des « contenus médias ». Restons à l’affût de ces prochains évènements et gardons un œil sur ce secteur en pleine renaissance.
[Repérer les prochaines opérations de rachat et se positionner avant qu’elles n’interviennent, c’est précisément le travail de Zach Scheidt dans son service OPA Business Club. Les abonnés viennent de se positionner sur une société du secteur des médias qui pourrait bien figurer tout en haut de la liste des cibles de rachat. Le service étant actuellement fermé, inscrivez-vous sur notre liste d’attente en cliquant ici.]